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«A ce rythme là, Tunisie Telecom n’y sera plus l’année prochaine ou celle d’après» (1/2)

«A ce rythme là, Tunisie Telecom n’y sera plus l’année prochaine ou celle d’après» (1/2)

La Banque mondiale et le gouvernement tunisien sont-ils en train de pousser le bouchon trop loin dans les réformes du secteur des TIC en Tunisie ? C’est la question qu’on peut se poser après la table-ronde qu’a organisée le bureau de la Banque mondiale en Tunisie, jeudi 13 juin, dans son nouveau siège au lac.

«A ce rythme là, Tunisie Telecom n’y sera plus l’année prochaine ou celle d’après» (1/2)La Banque mondiale et le gouvernement tunisien sont-ils en train de pousser le bouchon trop loin dans les réformes du secteur des TIC en Tunisie ? C’est la question qu’on peut se poser après la table-ronde qu’a organisée le bureau de la Banque mondiale en Tunisie, jeudi 13 juin, dans son nouveau siège au lac.

Sous le thème «Réformes du secteur des Télécommunications en Tunisie», cette table-ronde a dressé un état des lieux du secteur IT en Tunisie, une année pile-poil après le premier workshop qu’avait organisé la Banque mondiale à Tunis. En juin 2012, cette dernière avait alors adressé une liste de recommandations (ou conditions imposées ?) au gouvernement pour réformer le secteur.

L’année dernière, les différents panélistes ont mis en exergue la cherté du prix des communications, surtout celles depuis et vers l’international. Cette année… pratiquement rien n’a changé.

L’année dernière, on a pointé du doigt le prix du mégabit qui restait relativement cher par rapport à d’autres pays similaires à la Tunisie, comme en Europe de l’Est ou en Turquie. Cette année… pratiquement rien n’a changé.

L’année dernière, on a épinglé le peu d’engagement du gouvernement pour encourager la concurrence en faveur d’Orange et Tunisiana. But non annoncé ? Pousser vers une libéralisation totale du secteur où la qualité primera. Après tout, la loi du marché obligera des «boulets» comme Tunisie Telecom à suivre le pas et à améliorer ses services. Cette année… c’est pratiquement fait !

Du «très très pessimiste» de l’année dernière, Claude De Jacquelot (expert en IT auprès de la Banque mondiale), s’est montré plutôt optimiste et positif pour l’avenir du pays. Et il y a de quoi ! Entre la mise à jour du code des télécoms, l’avenant signé entre l’Etat et les deux opérateurs privés -qui leur donne le droit d’accès à l’international sans le passage obligatoire par l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI)- et la libéralisation de la VoIP, c’est une bouffée d’oxygène à une économie nationale souffrante que les télécommunications ont pu apporter. 

Claude de Jacquelot

Claude de Jacquelot 

Et les résultats sont déjà là. D’après le rapport 2012 du ministère des Technologies de l’information et de la communication, la Tunisie a enregistré un taux de croissance dans les TIC de l’ordre de 14,6%. Sa part dans le PIB a été de 7,6%. Un taux plus qu’honorable par rapport à la moyenne internationale. Il est carrément extraordinaire pour un pays plombé par la crise. Les adeptes de la libéralisation totale (où l’intervention de l’Etat se réduit au strict minimum) jubilent. 

Mais ce n’est pas assez. «En Tunisie, l’accès référence reste toujours la 3G malgré un redressement dans le nombre des lignes ADSL. Aujourd’hui, presque 50% des lignes fixes actuellement actives, sont raccordées à Internet. Mais il ne faut pas s’arrêter jusque là. Il faut penser dès maintenant à l’ultra large bande», insiste M. De Jacquelot. Après tout, plus on a de débit, plus on crée d’emploi et on améliore, donc, le PIB. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a entamé une étude sur le déploiement de la fibre optique ou toute autre technologie capable d’atteindre des débits vertigineux. Cette étude est financée par la Banque mondiale et la Banque islamique de développement. 

Et pourtant, on aura beau développer le très haut débit en Tunisie, il y a de fortes chances que le PIB ne décolle guère tant qu’on ne propose pas de services derrière.

«A ce rythme là, Tunisie Telecom n’y sera plus l’année prochaine ou celle d’après» (1/2)

«Malgré l’ouverture de la VoIP à tous les acteurs, je ne vois toujours pas d’opérateur ou de FAI le proposer avec l’accès. Il n’y a que Orange qui le propose sous forme de Box», remarque Claude de Jacquelot. Tout en se montrant compréhensif sur le fait que les différents acteurs des télécoms aient besoin de plus de temps pour lancer de tels services, cet expert en TIC s’est quand même plaint du manque d’innovation commerciale des FAI/opérateurs. Leur imagination semble s’être sclérosée depuis la dernière décennie. 

Et pourtant, ce ne sont pas les efforts de l’ATI qui manquent dans ce domaine. En œuvrant pour une meilleure gouvernance d’Internet (les TunIXP, les serveurs de caching, la nouvelle liaison de peering entre la Tunisie et l’Algérie, etc.), notre pays manque cruellement d’initiative pour rendre le Net plus utile.

«Bravo à l’ATI quand même pour tous ces efforts. Surtout dans son combat contre la censure !», conclut-il en précisant, par la suite, que la liaison interrégionale avec notre voisin de l’Ouest pourra poser des difficultés pour négocier le prix des appels internationaux. La solution ? Eviter le chacun pour soi. M. De Jacquelot préconise, ainsi, que chaque opérateur ait le droit de négocier des minutes en internationale pour ses clients et les clients de ses concurrents. Mieux : les MVNO devrait avoir le droit de tout vendre, de l’ADSL à la VoIP en passant par la 3G Data. Une libéralisation poussée à l’extrême, donc.

«On propose qu’on révise le prix du méga bit et qu’on devienne plus compétitifs. Je l’entends bien. Mais le vrai problème ici, c’est Tunisie Telecom», fait remarquer pour sa part Naceur Hidoussi, PDG du FAI Hexabyte. «TT a un excédent de 6 mille salariés. Ses coûts impactent, forcément, son prix de vente». A suivre

Welid Naffati

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