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A quand une politique de protection des données perso sur le Web en Tunisie ?

A quand une loi de protection des données privées sur le Web en Tunisie ?

L’école supérieure des Communications de Tunis, Sup’Com, a organisé mercredi 1er avril dernier une journée de sensibilisation sur les droits numériques, sous le thème «Stand for your rights». La journée a été organisée en partenariat avec l’ONG internationale Access Now, qui œuvre pour la promotion des droits numérique dans le monde. Cette dernière définit sa mission dans le combat pour que les droits de l’homme -qui a été historiquement mené en ‘hors ligne’- ne soit pas perdu dans l’ère nouvelle des transformations numériques ‘en ligne’.

A quand une loi de protection des données privées sur le Web en Tunisie ?L’école supérieure des Communications de Tunis, Sup’Com, a organisé mercredi 1er avril dernier une journée de sensibilisation sur les droits numériques, sous le thème «Stand for your rights». La journée a été organisée en partenariat avec l’ONG internationale Access Now, qui œuvre pour la promotion des droits numérique dans le monde. Cette dernière définit sa mission dans le combat pour que les droits de l’homme -qui a été historiquement mené en ‘hors ligne’- ne soit pas perdu dans l’ère nouvelle des transformations numériques ‘en ligne’.

Walid Chennoufi, le président d’access now Tunisia, a insisté en adressant la parole aux futurs ingénieurs présents dans le séminaire, que ce combat doit être la responsabilité de toute cette génération de «Digital Natives», notamment cette nouvelle génération qui a grandi avec le numérique, le smartphone, la tablette et Internet. «Peu de gens sont conscients de leurs droits numériques», a-t-il affirmé. «Et c’est à travers la multiplication de ce genre de manifestations qu’on arrivera à vulgariser les notions qui semblent parfois très techniques pour éclaircir le grand public sur la vitalité de connaitre ses droits et ses obligations sur internet».

Aymen Jerbi, expert en sécurité informatique a fait de la protection des données personnelles et du droit à la vie privée le sujet de son intervention. Selon lui, même si l’achèvement de la «révolution en Tunisie» a permis de libérer le Net de la surveillance publique, d’autres challenges de protection de vie privée persistent : «Nous sommes en train d’aller de plus en plus vers un nouveau type de surveillance participative. Les réseaux sociaux, par exemple sont par excellence l’univers du dévoilement volontaire et agonistique de données personnelles. C’est vous-même qui avez partagé hier sur instagram ce que vous avez mangé au déjeuner, sur Facebook ce comment vous vous sentez après une journée fatigante, C’est encore vous-même qui partagez votre localisation quand vous avez pris un café avec un ami la semaine dernière», a-t-il martelé.

Le conférencier a par la suite rappelé que les gens oublient parfois qu’ils ont un droit à protéger leur vie privée sur le Net. Avec la croissance de la connectivité, nous sommes, en effet, toujours sur Internet, nous nous envoyons des messages avec même notre position géographique sur une carte. Pire : Il suffit de mettre un de vos amis sur Facebook dans la liste «Amis proches» pour devenir capable de retracer toute son activité sur la plateforme et vous saurez tout sur lui (les liens, les photos qui l’a aimé, les commentaires qui a écrit, la musique qui a écouté, etc.)

De ce fait, si vous dites que vous prenez vos vacances et que vous avez voyagé, il sera facile donc aux voleurs de s’attaquer à votre maison en étant sûr que vous n’êtes pas sur les lieux. 

Ce sont en effet les règles du jeu sur les réseaux sociaux et Mark Zuckerberg n’a pas surpris personne dans sa déclaration en 2010 en affirmant que «La nouvelle norme sociale c’est la transparence, c’est la vie en public». Ce dernier n’est plus un entrepreneur technologique qui s’amuse à tourner des algorithmes, mais plutôt un entrepreneur de morale qui cherche à influencer les abonnés de son réseau dans le but de lui faire adopter ces nouvelles normes dont il parle.

Ce qui nous met devant une question confuse : Est-ce la fin de la vie privée ? 

Il en ressort alors que seule la mobilisation du public et des communautés virtuelles peut être garante de la protection de ces droits. Des démarches de négociation avec les grands acteurs d’Internet peuvent être entreprises pour trouver les compromis qui arrangent toutes les parties prenantes. 

Dans un autre contexte, Aymen Jerbi a avancé le chiffre de 60% des clients des grandes surfaces et des marques possèdent des cartes de fidélité (source l’institut national des Statistiques). Ce chiffre ne pose aucun problème pour la protection des données personnelles, mais qu’il y’ait plus de 80% de ces porteurs de ces cartes de fidélité qui n’ont jamais lu et qui ne savent pas les termes du formulaire qu’ils ont signé, «cela est vraiment inquiétant». a-t-il rétorqué.

En effet, il est souvent indiqué dans ce type de formulaires que le client accepte que ses données peuvent être communiquées à des parties tierces. Et sans oublier qu’on vit l’ère où le commerce des données personnelles est à son apogée. Ceci nous ouvre sur d’autres questions très controverses. 

Est-ce que cela explique la présence de plusieurs noms et signatures falsifiés dans la signature des candidats pour les présidentielles d’Octobre dernier ?

Finalement, les intervenants sont revenus sur l’importance d’un cadre juridique légale pour la protection des données personnelles. Où tous les éléments de la chaine de valeur, les opérateurs, les fournisseurs d’accès, les entreprises IT et le gouvernement se définissent leurs responsabilités et leurs obligations vis-à-vis de leurs utilisateurs.

Il est ainsi judicieux de rappeler qu’aucun cadre légal ne régit l’espace cybernétique tunisien. Mais rappelons aussi que l’instance nationale de protection des données personnelles présidées par le juge Mokhtar Yahyaoui n’a toujours pas une équipe technique pour l’assister dans sa mission de réguler ce champ très sensible. Une affaire à suivre.

Marwen Dhemaied

 

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