« Au niveau du modèle productif tunisien, nous avons un grave problème, a affirmé, Adlen Kamoun, co-fondateur de Full Remote Factory et créateur de la Fondation d’économie social et solidaire Intilaq2050, invité du 158e épisode de DigiClub powered by Huawei Technologies, Topnet, Pristini School of AI et TotalEnergies.
Alors que dans d’autres pays, les grandes entreprises font travailler les intermédiaires et celles-ci les PME, en Tunisie on se retrouve avec un tissu économique largement dominé par les entreprises unipersonnelles.
Selon M. Kammoun, les chiffres de 2019 indique qu’il existait alors en Tunisie 875.000 entreprises dont 86% sont unipersonnelles. Le nombre d’entreprises de plus de 200 personnes n’était que de 900 environ, y compris les entreprises publiques et les filiales des grandes entreprises étrangères.
« Même avec un taux de croissance de 10% appliqué à 900 entreprises, jamais nous ne deviendrons la Suisse s’il n’y a pas un réel changement volontaire de ce modèle économique », a-t-il indiqué.
Dénonçant les grands discours des officiels sur la planche de salut que serait l’économie digitale, M. Kamoun a souligné que cela était « faux ». « L’économie digitale n’existe pas! », a-t-il assuré précisant qu’on entend par économie digitale la numérisation de l’économie réelle, qui elle, in fine souffre de problèmes structurels en Tunisie. « Si l’on veut avoir x% de croissance sur le digital, cela n’est pas possible sans une économie réelle », a-t-il ajouté.
Il a poursuivi, dans ce sens, que les entreprises du numérique administraient une économie réelle, citant comme exemple Airbnb ou encore Google et Facebook qui n’existeraient pas sans les recettes publicitaires des annonceurs.
M. Kamoun a noté la nécessité de moderniser l’économie tunisienne pour qu’elle puisse porter des entreprises qui seraient des startups dans les domaines de l’agriculture, le phosphate, la culture et le savoir etc.
Evoquant la question de l’évolution de l’écosystème des startups en Tunisie, notre invité a signalé que les officiels ont décliné le même discours qu’ils ont adopté au sujet de l’économie numérique. Il a laissé entendre que 40% des startups qui existent actuellement en Tunisie n’étaient que des escroqueries. « Il suffit de voir les chiffres d’affaires des startups tunisiennes », a-t-il indiqué dénonçant un vrai problème d’accompagnement. « Nous n’avons ni le modèle économique, ni les bons experts, ni la bonne loi. Je dis donc aux jeunes attention au mirage! ».
L’épisode au complet est disponible en version audio sur notre canal SoundCloud et en vidéo sur notre chaîne Youtube.
Nadya Jennene