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Affaire Slim Riahi – Mokhtar Yahyaoui : «On dirait que nous sommes encore sous Ben Ali»

Affaire Slim Riahi - Mokhtar Yahyaoui : «On dirait que nous sommes encore sous Ben Ali»

Après la publication des enregistrements téléphoniques sur ce qui serait une affaire de corruption entre deux équipes de foot, le Club Athlétique Bizertin (CAB) et la Jeunesse Sportive Kairouanaise (JSK), publiés dimanche dernier sur la page officielle de Slim Riah -président du Club Africain et du parti politique UPL-, plusieurs voix se sont élevées s’interrogeant sur la façon par laquelle M. Riahi a pu se procurer de telles révélations ?

Affaire Slim Riahi - Mokhtar Yahyaoui : «On dirait que nous sommes encore sous Ben Ali» Après la publication des enregistrements téléphoniques sur ce qui serait une affaire de corruption entre deux équipes de foot, le Club Athlétique Bizertin (CAB) et la Jeunesse Sportive Kairouanaise (JSK), publiés dimanche dernier sur la page officielle de Slim Riah -président du Club Africain et du parti politique UPL-, plusieurs voix se sont élevées s’interrogeant sur la façon par laquelle M. Riahi a pu se procurer de telles révélations ? 

«Est-ce que Slim Riahi a un accès VIP à la cellule d’écoute téléphonique au ministère de l’Intérieur ? Comment a-t-il pu récupérer ces enregistrements sans réquisition du tribunal ? Slim Riahi a-t-il corrompu les opérateurs téléphoniques pour avoir accès à ces enregistrements ?», ce sont là quelques questions que se sont posés les Internautes après ces révélations fracassantes.

Dans sa publication d’hier 24 avril, Shems FM a affirmé l’ouverture d’une enquête par le ministère des Technologies de l’information et de la communication pour connaître la source de ces enregistrements. «Le ministère des TIC demandera officiellement aux opérateurs téléphoniques de vérifier si des dépassements ont été commis, a ajouté Mongi Marzouk, rappelant au passage que la confidentialité des conversations téléphoniques, courriers et e-mails est protégée par la loi», lit-on sur le site de la radio.

Et pourtant, les médias n’ont pas fait d’écho sur la méthode employée par le président de l’UPL pour enregistrer ces conversations téléphoniques. Il est, en effet, possible que la JSK ait tendu un piège au CAB en mettant le haut-parleur pendant l’appel et en enregistrant l’échange téléphonique sur un magnétophone. Ou carrément en utilisant une application d’enregistrement audio, si un Smartphone était utilisé.

Nous avons contacté Mongi Marzoug, ministre des TIC, pour avoir plus de précisions sur cette enquête. Voilà sa réponse : «Lors des Techdays, et suite à une question d’un journaliste, j’ai précisé que l’enregistrement de la communication avait pu se faire au niveau du téléphone. Mais si jamais le secret des communications n’a pas été respecté au niveau réseau nous ouvrirons une enquête comme l’exige la loi».

Mais n’est-il pas, plutôt, du rôle du ministère de l’Intérieur, d’ouvrir un tel type d’enquête en coordination avec le ministère des TIC ? «L’inspection générale du ministère des TIC peut enquêter sur le respect du secret des communications par l’opérateur, comme cela est stipulé par la loi et ses engagements dans la licence». 

Joint par téléphone le jeudi 25 avril matin, le juge Mokhtar Yahyaoui, président de l’Instance Nationale de Protection des Données Personnelles (INPDP), a qualifié la diffusion de ces enregistrements de grave et de vraie atteinte à la vie privée. «S’ils (ces enregistrements, ndlr) étaient faits à l’insu des deux parties, ça serait une preuve que les écoutes téléphoniques (illégales, ndlr) n’ont jamais disparu», déclare-t-il. «Que la source soit l’opérateur téléphonique ou le ministère de l’Intérieur, on ne peut se taire sur une telle affaire. C’est très très grave ce qui s’est passé. Cela prouverait qu’il y a encore des écoutes téléphoniques à grande échelle et que n’importe qui peut mettre la main dessus. C’est exactement ce que faisait Ben Ali. Sa famille récupérait les conversations téléphoniques pour intimider ses victimes».  

M. Yahyaoui nous a également informé que son instance va se réunir aujourd’hui même pour étudier les actions à suivre et mettre un terme à de tels dépassements. «C’est notre crédibilité et la crédibilité de l’Etat qui est en jeu», fait-il remarquer. 

La crise de confiance qui règne aujourd’hui entre les Tunisiens et la classe politique gouvernante est un fait incontestable. Surtout avec le ministère de l’Intérieur. Mais ce qui peut avoir des répercussions très néfastes, c’est que cette crise touche aussi les opérateurs téléphoniques. Surtout avec le silence radio de ces derniers sur le respect de la vie privée de leurs clients.

Welid Naffati

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