Dans une étude conjointe intitulée : «Une bouée de sauvetage, pas un luxe : accélérer la 4G pour l’Afrique sub-saharienne», le groupe Vodacom, Vodafone, Safaricom – en collaboration avec Caribou Digital – ont communiqué plusieurs statistiques sur la couverture et le taux de pénétration de l’Internet mobile en Afrique subsaharienne, la 4G en particulier. Ils se sont attardés sur les principaux obstacles à l’accès au numérique en Afrique subsaharienne ainsi que les solutions pour susceptibles d’améliorer l’inclusion numérique sur le continent.
À en croire les tendances actuelles, 300 millions de personnes supplémentaires deviendront connectées en Afrique d’ici 2025. Néanmoins, celles-ci, à moins que les parties prenantes ne travaillent ensemble pour faire de l’internet à haut débit via la 4G une réalité, ne tireront pas pleinement profit des nouveaux services numériques, lit-on dans l’étude.
Notant que seulement 10% de la population africaine utilise la 4G alors que la moitié est couverte par ce type de signal. L’étude indique que de nombreux obstacles freinent la migration vers ce type de réseau, en particulier le prix des smartphones qui supportent la technologie LTE. Ceux-ci restent, en effet, inabordables pour la population du continent.
En Afrique subsaharienne, la couverture 3G a atteint 75 % en 2019, contre 63 % en 2017. La 4G elle, a doublé pour atteindre près de 50 %. À en croire l’association Global System for Mobile Communications (GSMA), 2019 a été la première année où il y a eu plus de connexions mobiles à haut débit (dans ce cas, définies comme 3G et 4G) que de 2G en Afrique subsaharienne.
Pour autant, à travers toute l’Afrique, nombreux sont ceux qui utilisent toujours des téléphones compatibles avec la 2G et des millions de nouveaux utilisateurs de la 2G s’ajoutent chaque année. La croissance continue de la 2G est en contradiction avec celle d’autres pays plus développés, où les opérateurs sont en mesure de fermer les réseaux 2G (étant donné que les gens n’en dépendent plus) et de faire passer les utilisateurs aux réseaux 4G et 5G.
En comparaison avec les technologies 2G et 3G, la 4G offre des vitesses d’accès aux données plus élevées, des temps de réponse plus courts pour l’envoi et la réception de données, une plus grande fonctionnalité et une meilleure sécurité. Ainsi, les utilisateurs bénéficient de l’étendue des possibilités offertes par l’internet.
Pour réduire la fracture et faciliter l’accès aux appareils qui supportent la technologie 4G et par conséquent l’accès au haut débit sur mobile pour profiter de services innovants, l’étude affirme qu’il est essentiel de réduire le coût des appareils. L’Alliance for Affordable Internet (Alliance pour un Internet abordable) estime qu’un smartphone d’un prix de 62 dollars américains revient à près de 63 % du revenu mensuel moyen en Afrique, tandis qu’un smartphone du même prix ne coûte qu’environ 12 % du revenu mensuel moyen sur le continent américain.
L’étude mentionne également la nécessité d’investir dans la demande de services 4G, de fournir des financements ciblés afin de réduire les coûts de connectivité pour les groupes vulnérables et de stimuler l’adoption de la 4G à travers le réaménagement du spectre 2G.
Les gouvernements, les opérateurs de réseaux mobiles (ORM) et tous les acteurs de la chaîne de valeur (y compris les fabricants d’appareils, les détenteurs de DPI et les entités supranationales) devraient, également, collaborer en vue de faire baisser les prix des smartphones compatibles avec la 4G.
Une étude de la Banque mondiale a, en effet, conclu que la couverture 4G peut réduire la pauvreté jusqu’à 4,3 points de pourcentage. IFC, La Société financière internationale (SFI, membre du Groupe de la Banque mondiale) a avancé, elle, qu’une augmentation de 10 % de la pénétration du haut débit mobile en Afrique entraînerait une hausse du PIB par habitant de 2,5 %.
Une autre étude menée par la Banque mondiale au Nigéria a comparé les enquêtes sur le niveau de vie des ménages entre 2010 et 2016 avec les données des opérateurs mobiles sur le déploiement de la couverture haut débit (3G et 4G). Il en ressort que la 3G et la 4G sont susceptibles de réduire la pauvreté des ménages et aussi de favoriser la prospérité économique en augmentant la participation à la vie active. L’étude a également estimé que la couverture 4G réduisait la proportion de ménages vivant sous le seuil de pauvreté d’environ 4,3 points de pourcentage pour l’extrême pauvreté et de 2,6 points de pourcentage pour la pauvreté modérée (un an après avoir obtenu une couverture 3G ou 4G).
Il ressort, aussi, d’une étude de l’UIT (Union internationale des télécommunications) que l’augmentation de 10 % de la pénétration du haut débit mobile en Afrique permettrait d’accroître le PIB par habitant de 2,5%.
La 5G, qui promet des vitesses jusqu’à 100 fois supérieures à la 4G, a été amorcée dans quelques pays africains, dont le Lesotho, le Kenya et l’Afrique du Sud. Néanmoins, elle ne semble pas viable à court terme pour les besoins du marché de masse, car le coût des appareils 5G reste élevé. En conséquence, passer de la 2G et de la 3G à la 4G est un objectif significatif et réalisable, conclut l’étude.
L’étude au complet est disponible ici.
Walid Naffati