Le gouvernement Tunisien a lancé sur le journal la Presse, un appel d’offres international pour l’attribution d’une licence de télécommunications fixes et Mobiles 2G/3G. Une licence deux en un !
C’est la formule magique qu’a trouvé notre cher Ministère des Télécommunications pour bien faire concurrencer le marché des télécommunications en Tunisie. |
Faut-il encore rappeler que le fixe est monopolisé par l’opérateur historique Tunisie Telecom ? Avoir un concurrent dans le fixe va certainement avoir des retombées positives dans la mesure où TT et son futur concurrent devront se livrer à des batailles technico-commerciales pour avoir la plus grande part de marché.
Quant au mobile, beaucoup de personnes ont tendance à penser que Tunisiana a largement fait bousculer le marché, qui, je vous le rappelle, était jusqu’à 2002 monopolisé par… Tunisie Telecom (oui, encore eux !). Cette concurrence nous a permis de diminuer les frais d’acquisition d’une ligne GSM (150 DT à l’époque contre les 5 DT d’aujourd’hui), d’avoir pleins de bonus à droites et à gauche, qui ont réduit d’une façon indirecte le prix de la minute, que l’Instance Nationale des Télécommunications Tunisienne (INTT) ne veut pas y intervenir pour le faire baisser.
Mais dans la réalité des choses, TT et Tunisiana n’ont fait que former un bipole. Donc, une sorte de « monopolisation déguisée » du marché mobile. Preuve en est, les déçus de Tunisie Telecom et de Tunisiana n’ont, malheureusement, pas le choix pour aller vers un troisième opérateur qui peut combler les défaillances de nos deux opérateurs mobiles actuels.
En d’autres termes, avoir un troisième opérateur dans la téléphonie mobile, même pour une petite population comme celle de la Tunisie, est une nécessité pour améliorer la concurrence sur le long et moyen terme. Le bénéficiaire est, cela va de soit, le consommateur final, c’est-à-dire, nous ! De ce fait, on aura tout à gagner en ayant ce troisième opérateur pour bousculer ce bipôle qui commence à s’endormir sur ses lauriers.
Mais la spécificité de cet appel d’offre est que cette licence du mobile est couplée au fixe. Donc, ce futur acteur devra payer une double licence. Ce qui signifie une double entrée d’argent dans les caisses de l’état, pour notre bénéfice à nous les Tunisiens, bien sûr !
Autre point très important à relever de cet appel d’offre : ce futur opérateur aura à mettre en place sa propre infrastructure pour l’installation et l’exploitation d’un réseau public de télécommunications en vue de fournir des services de télécom fixes et mobiles 2G/3G. Si nos interprétations sont correctes, ce futur opérateur devra installer son propre réseau de câblage pour la téléphonie fixe terrestre, ce qui engendrera bien sûr, des travaux de génie civil. Or ces travaux nécessiteront des frais supplémentaires à l’opérateur, qu’iront directement dans les caisses de l’état et des intervenants annexes. Le point positif qu’on peut relever est que ceci dynamisera davantage le marché de l’emploi (télécommunication et génie civile à la fois).
Question : Est-ce un avantage que ledit futur opérateur fasse son propre réseau au lieu de mutualiser avec Tunisie Telecom ? Réponse : absolument oui ! Le réseau télécom terrestre de TT est basé sur les fibres de cuivre. Or, dans les pays développés, on essaye de délaisser cette matière pour de la fibre optique qui donne des possibilités d’exploitations beaucoup plus importantes qu’une simple fibre de cuivre. Cette même fibre aura tendance à se dégrader au fil du temps (effet de vétusté oblige !). De ce fait, le nouvel opérateur aura pour son avantage à installer un réseau télécom terrestre de dernière génération, basé sur la technologie fibre optique (GPON ou P2P) comme c’est le cas au Japon.
Pour les esprits les plus éveillés, une question commencera à leur titiller les méninges : pourquoi, soudainement, ils ont fait cet appel d’offre, avant celle pour la vente des 16% du capital de Tunisie Telecom (dans le but de la rendre majoritairement privée) ?
La réponse est simple : dans la conjoncture économique actuelle, le secteur de l’immobilier est l’un des secteurs les plus touchés par la crise financière. Les spécialistes de l’économie vous le confirmeront, les Emirats-Unis est l’un des pays les touchés par cette crise mondiale, surtout dans le secteur du bâtiment. Ceci peut mettre en doute la pérennité du projet Sama Dubai sur lequel quelques rumeurs (insensées?) prédisent qu’il peut être annulé.
Mais cette crise mondiale n’a pas touché tous les secteurs et toutes les entreprises. En effet, le domaine des télécommunications (et des TIC en général) connait plutôt, et à la surprise générale de tout le monde, une prospérité inattendue. Preuve en est, et comme exemple, les résultats semestriels de France Telecom pour l’année 2008, qui affiche dans le vert tous les indicatifs du groupe, notamment dans le cash flow organique (pouvoir d’autofinancement de la société sans avoir recours à un prêt).
En d’autres termes et pour les allergiques à tout ce qui est comptabilité et finance, le cash flow organique c’est un peu l’argent espèce qui existe dans les caisses de la société (ce n’est qu’une explication très approximative à ne pas prendre au pied de la lettre !).
Donc, revenons à l’exemple de France Telecom : ils ont une augmentation +12% du cash-flow organique, qui passe de 3,260 milliards d’euros à 3,645 milliards d’euros pour le premier semestre 2008, ce qui confirme (avec les autres résultats affichés dans le communiqué de presse) les objectifs fixés pour l’année 2008 par le groupe France Telecom.
Etes-vous prêt à parier que France Telecom va participer à cet appel d’offre ? Moi je dirais que oui !
Pour terminer sur une note plus personnelle (et au risque qu’on me taxe de régionalisme), quelques soient les conditions, espérons que le prochain opérateur ne soit pas originaire du moyen orient.
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