L'actuTHD

Au lieu de promouvoir la Tunisie sur le Net, le ministre du Tourisme fait sa propre pub sur Facebook

Au lieu de promouvoir la Tunisie sur le Net, le ministre du Tourisme fait sa propre pub sur FacebookDepuis quelques jours, une publicité faisant la promotion de la page fan officielle de l’actuel ministre du Tourisme, Elyes FackFack, s’affiche sur les comptes facebook des Internautes tunisiens. Chose qui commence à susciter l’indignation des professionnels du tourisme et même du Webmarketing.

Et pour cause, «ce système de publicité appelé ‘Facebook Ads’, ne peut être payé qu’en Euro ou en Dollars», nous explique Sami, un Webmarketteur dans une agence de communication. «Il se base sur le principe d’achat d’un volume de clics. C’est à dire qu’on ne te facture la prestation que lorsqu’un facebookeur clique sur la publicité. De ce fait, plus le budget réservé à cette campagne est grand, plus l’affichage de la campagne sera important».

Or, ce message publicitaire s’est déjà affiché chez la quasi-totalité des Tunisiens connectés sur le réseau social de Mark Zuckerberg. «Ceci laisse à penser qu’un budget minimal de 1500 euros a été payé par le propriétaire de cette Facebook Ad pour avoir une telle fréquence», rajoute Sami. «La question qu’on doit se poser maintenant est comment le ministre a pu payer cette somme en devise ? A-t-il quelqu’un à l’étranger qui s’est acquitté du montant ? Où est-ce plutôt son ministère qui a effectué le virement depuis la Tunisie ?».

«Mais pour qui se prend-il ?»

«Ca me paraît un peu douteux tout ça», répond pour sa part Cyrine, responsable dans un tour opérateur. «Un ministère dans une période de fin de transition n’a pas à faire sa promotion comme un paquet de lessive ou une boisson alcoolisée. Elyes FackFack ne fait que répéter l’erreur de ses prédécesseurs. Depuis plusieurs années, il y a eu toujours une confusion entre ‘mettre en avant le produit’ et ‘promouvoir sa propre personne’».

La publicité de promotion de la page officielle du ministre du Tourisme tunisien Elyes FachFack, telle qu'elle apparait quand se connecte sur facebook

D’après cette responsable, c’est l’énorme égo de chaque ministre du Tourisme qui fait perdre à la Tunisie son rayonnement. «C’est l’un des plus gros problèmes de toutes les personnes qui ont occupé ce poste. Et si Elyes FackFack compte propulser le tourisme en faisant sa propre promotion, il se leurre ! Il n’est pas une icône médiatique pour se mettre en avant au nom de tout un secteur. Il n’en a surtout pas la légitimité. Mais pour qui il se prend ? Faut-il rappeler qu’il est au service d’une administration et non l’inverse ?».

Le ministre s’isole et fait cavalier seul

«Si les simples déclarations parvenaient à hisser une destination au top, la Tunisie pourrait devenir le meilleur pays touristique au monde», poursuit Mme Cyrine visiblement très remontée contre les dérives de tout un gouvernement qui ne cesse de faire plonger tout le secteur dans une crise interminable. «Avant de promouvoir son image, il faut, tout d’abord, construire celle de la Tunisie avant. Que ce soit en interne ou à l’extérieur».

En effectuant une recherche sur Google avec le mot clé «Tunisie», les 3 premières pages renvoient vers des liens d’articles faisant référence aux attaques salafistes ou les déboires de la Troïka. Le dernier en date : l’affaire de la fille violée par 2 policiers dans laquelle le ministère de l’Intérieur tente d’étouffer le scandale en renvoyant la victime devant le tribunal pour atteinte aux mœurs. Or, 10% seulement des Internautes passent au delà de la 3ème page. Cela en dit long sur la réputation de la Tunisie sur la Toile et l’image qu’elle renvoie aux étrangers.

«Ce ministre refuse toute concertation avec les professionnels du secteur. Il fait cavalier seul. Il y a même des personnes de son ministère qui cherchent depuis des mois à s’entretenir avec lui. Il refuse tout dialogue. Tant que Elyes FackFack fera cavalier seul, ni lui, ni le tourisme n’arriveront à décoller».

Que du mépris

«Le ministre ne cesse de susciter le mépris envers lui», fait remarquer pour sa part Imed, responsable dans un grand hôtel. «Avoir recours à la publicité sur Facebook est une preuve que M. FackFack n’a pas compris grand chose, ni à son secteur ni à l’urgence d’un discours apaisant, conciliateur, constructeur et fédérateur. Nous avons besoin de ça. C’est tout le pays qui en a besoin maintenant et plus que jamais. Si les facebook Ads pouvaient sauver un pays, Rached Ghannouchi serait le premier à en donner l’exemple».

Rappelons à cet effet qu’il y a une année, le chef du mouvement islamiste Ennahdha a mené une campagne de publicité sur Facebook pour des fins électorales. «Malgré tout son historique de militant contre la dictature de Ben Ali, c’est aujourd’hui le personnage politique qui divise le plus le pays», rajoute-t-il. «Quand nos ministres vont-ils enfin comprendre qu’on ne gère pas son ministère, et encore moins son pays, via une page facebook ou un compte twitter ?».

Welid Naffati

A lire également :

Pour séduire Google, les sites tunisiens devront fournir plus de qualité

Facebook Comments

Plus Populaires

To Top