Pour que les charges d’entretien du réseau fixe de Tunisie Telecom soient totalement amorties, il faut que l’opérateur historique facture une redevance mensuelle de plus de 10 dinars, au minimum. C’est le résultat qu’a obtenu l’Instance Nationale des Télécommunication (INT) après analyse de l’audit des états de synthèse du fixe de Tunisie Telecom pour l’année 2011.
Cet audit vient confirmer les chiffres du tout premier état de synthèse de 2010, où un trou de 100 millions de dinars avait été constaté. Un montant qui a été confirmé par le rapport de 2011. L’augmentation de la redevance de juillet dernier (4 dinars pour le grand public et 6 pour les professionnels), n’a pu en récupérer que 20%. Même avec le boom du nombre des abonnés ADSL entre 2010 et 2011. Et c’est là la principale mauvaise nouvelle dans l’audit de 2011.
Et pour cause : le régulateur et le ministère ont préféré attendre les résultats du rapport d’audit de 2011 avant d’affirmer la perte de 100 millions de dinars que nous avons révélée en primauté sur notre portail. Vu la grande marge entre le montant actuel de la redevance facturée par TT et son prix réel, ils ont, en effet, préféré attendre de voir si la redevance ADSL pouvait estomper, même modestement, le trou béant de la branche fixe de TT. Ce qui n’a pas été le cas. Surtout pour le débit entrée-de-gamme qui est facturé à 15 dinars/mois.
Or, c’est ce détail qui est le plus inquiétant. D’après les statistiques, le nombre des abonnés à l’ADSL avec un débit plancher est de loin le plus important par rapport aux débits supérieurs.
Pire encore : depuis avril 2012, on observe une chute du nombre des lignes fixes de Tunisie Telecom suite à des vagues de résiliation, essentiellement de clients ADSL, au profit de la 3G. Ce qui laisse présager une accentuation de la perte avec le rapport de 2012. Rappelons que l’ADSL a connu un boom en Tunisie entre 2010 et 2011, soit quelques mois avant la chute de Ben Ali et jusqu’aux élections de l’Assemblée Nationale Constituante.
Avec cet état des lieux chaotique, le régulateur et le ministère des TIC tentent de trouver une issue de secours pour remédier à ce gros problème dont dépend la santé financière de l’opérateur historique ainsi que la pérennité de tout le secteur des TIC en Tunisie.
Mais augmenter la redevance mensuelle du fixe de 4 dinars pour le grand public -6 dinars pour les professionnels- à 10 dinars en un seul coup, aura des conséquences très négatives sur TT et sur l’économie nationale en général (inflation, fuite des investisseurs, etc.).
La solution ? Tunisie Telecom n’a pas d’autre choix que de mettre le paquet sur son fixe en améliorant la qualité de la connexion, en multipliant les services à valeur ajoutée comme la téléphonie illimitée et de promouvoir davantage ses offres combinées entre le mobile et le fixe. C’est ainsi que TT pourra regonfler le nombre des abonnés du fixe. Les entrées d’argent générées via ces services pourront réduire, sur un long terme, la perte de sa branche fixe.
Parallèlement, un plan d’augmentation échelonné de la redevance doit être bien étudié par les pouvoirs publics afin de remédier à cet imbroglio hérité de l’ère Ben Ali.
Welid Naffati
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