L’arrivée du géant de restauration rapide Quick n’est pas passée inaperçue. Après une campagne de teasing qui a duré plus d’un mois suivie par un reveal pour annoncer l’ouverture officielle, on se propose d’analyser la communication digitale de ce nouvel arrivant en Tunisie.
L’arrivée du géant de restauration rapide Quick n’est pas passée inaperçue. Après une campagne de teasing qui a duré plus d’un mois suivie par un reveal pour annoncer l’ouverture officielle, on se propose d’analyser la communication digitale de ce nouvel arrivant en Tunisie.
Pour le teasing, il y a eu plusieurs affichages urbains dans différents endroits avec seulement la phrase «Qui suis-je ?» et le logo de Facebook. Un Teasing simple et efficace. D’autant plus qu’il était facile de deviner qu’il s’agissait bien de la chaîne de fast food belge Quick et ce, grâce à la typographie de la lettre «Q» qui respecte la charte graphique de l’enseigne. Côté web et digital, des photos où on y voit des agents distribuer aux passants des bracelets en plastiques avec la mention «Qui suis-je», ont été publiés sur le page Facebook du teasing. Donc avec du street marketing, la marque s’attendait à avoir du UGC (User Generated Content) par sa communauté qui lui permettra d’avoir du contenu plus personnalisé pour sa page FB.
Paradoxalement, au lieu d’exploiter à fond cette matière, la marque semble avoir choisi une politique du moindre effort. Les photos ont été, en effet, postées en vrac sur la page et sur le compte Instagram sans qu’elles soient accompagnées d’un texte. Juste un simple hashtag pas vraiment attrayant ou efficace : #quisuisjetn. Preuve en est : Ce hashtag n’a pas été beaucoup repris.
Capture d’écran des photos publiés sur la page facebook “Qui Suis je ?”
Il est vrai que l’image domine le Net. D’où le succès fulgurant de Instagram partout dans le monde. Mais il faut aussi accompagner cette image avec une petite histoire. Le fameux «story telling». De plus, l’idéal est de distinguer le contenu des différents réseaux sociaux étant donné que chaque réseau social a sa particularité et sa cible.
Sur le site Web de Quick Tunisie et à la veille de l’ouverture officielle, la marque a dévoilé son menu, sans toutefois mentionner le prix. Le site rappelle également l’historique de la marque pour ceux qui ne la connaissent pas. Et c’est justement ce point particulier qui aurait dû être mis en exergue sur les réseaux sociaux. Or, les moyens n’y manquent pas. Quick Tunisie a choisi, en effet, Facebook, Twitter, Instagram et YouTube comme supports de communication digitale. On notera toutefois que le logo de Twitter sur le site est un lien mort.
Sur YouTube, une vidéo a été publiée pendant le weekend intitulée «Un max de Goût. Un plaisir Géant». Cette dernière est sans fond sonore et est constituée de plusieurs photos comme celle du menu. On s’étonnera, par ailleurs, de l’utilité d’une telle vidéo sur Youtube puisqu’elle a l’air d’être destinée à être projetée sur une télé au restau afin de guider le consommateur à choisir son menu. Et non pour faire connaître la marque au grand public, surtout dans une période d’avant-lancement.
Pire encore : La chaîne YouTube n’est pas personnalisée. Juste le nom de Quick Tunisie, sans logo ni photo de profil ou photo de couverture ou encore moins un descriptif. Si le lien de la chaîne ne figurait pas sur le site de la marque, on pourrait facilement penser que ce n’est pas la chaîne officielle de Quick Tunisie tellement son travail est amateur.
Capture d’écran de la page Youtube de Quick Tunisie
A J-1 avant l’ouverture officielle de la chaîne de fastfood Quick, une invitation semble avoir été envoyée à certains Internautes. C’était une occasion pour ces personnes de tester en avant-première les différents burgers et donner leurs feedbacks. Parmi les personnes invitées… une bloggeuse de maquillage qui parle de son expérience sur son blog.
Car faut bien le reconnaître, ce sont les fashionistas qui mangent le plus les plats gras des Fast Food… Et si les bloggeuses de mode sont très influentes, ce sont, justement, pour leurs publications culinaires… Stupide dites-vous ?
Mais cette opération semble avoir était un flop. Puisqu’il n’y a pas eu beaucoup de partages des photos de cette ouverture en avant-première pour les «influents» du Web. Pourtant, il suffisait de choisir les Tunisiens les plus actifs sur Instagram pour s’assurer un buzz digne de ce nom.
Du côté de la concurrence, notamment chez la chaîne Baguette & Baguette (B&B), les choses commencent à bouger en termes de communication. Menacée par l’arrivée de Quick, B&B a choisi une stratégie aussi usée que stupide avec le lancement de la campagne «Je suis Baguette» pour essayer de marquer son territoire. Cette chaine de Fast Food a, en effet, essayé de réclamer sa tunisianité en postant plusieurs messages comme «Je suis Tunisien, je suis Baguette», «Je suis 400 Employés, je suis Baguette» ou encore «Je suis 27 points de vente, je suis Baguette».
Un très mauvais choix et ce, pour plusieurs raisons :
– Dire je suis Baguette après que Quick a basé toute sa campagne (teasing et reveal) sur cette phrase, c’est tout simplement donner l’image d’être une marque «Follower» et non «Leader».
– Rappelons que la vague des hashtags avec «je suis X» a commencé avec l’attentat terroriste de Charlie Hebdo. Ca été par la suite repris avec l’attentat du Bardo et puis l’attaque dans une université au Kenya perpétré par des extrémistes islamistes tuant plusieurs jeunes étudiants. Donc essayer de surfer sur une tendance de hashtag qui a été linkée dans les esprits avec le terrorisme et l’atrocité des islamistes c’est tout simplement bête et stupide.
– Quand B&B réclame sa tunisianité alors que ses menus n’intègrent même pas des produits phares tunisiens tels que le pain Tabouna, ou encore moins la Harissa tunisienne (pour pimenter leurs sandiwich), ça relève de la schizophrénie.
– Jouer la casquette de l’emploi de 400 Tunisiens est également un argument qui n’est pas du tout solide. Faut-il aller demander à tous ceux qui ont travaillé chez B&B sur leur salaire et les horaires de travail ? Et puis, Quick va employer des Tunisiens et donc cet argument n’est pas un «avantage» en soi pour B&B. Et ce n’est pas l’ouverture de Quick qui va menacer ces emplois. Et même si c’est le cas, Quick Tunisie les récupérera sans faute pour mieux se déployer sur le territoire tunisien.
Donc au lieu de bien riposter à la concurrence, B&B s’est tirée une balle dans le pied. Elle a, toutefois, essayé de se rattraper en lançant «Se3a Solde» : Une remise de 50% sur certains menus et produits, courant la semaine entre 15h à 16h. Les cafés, les jus d’orange et les crèmes desserts ne sont pas inclus dans cette remise. Et cet horaire n’est pas connu pour être le Pic Time chez B&B. Mais plutôt l’horaire où les jeunes s’y mettent pour boire, justement, un café, un jus ou prendre un dessert. Mauvaise foi vous dites ?
La réponse de Simple à l’ouverture de Quick en Tunisie
Baguette & Baguette aurait dû s’influencer par le petit Coffee Shop à la Marsa «Simple» qui a souhaité la bienvenue à Quick et a demandé à tous ceux qui y vont, de garder leur ticket de caisse pour bénéficier chez Simple de 30% de remise.
Malheureusement, cette campagne de Quick et la riposte de B&B, n’étaient pas à la hauteur de ces deux marques qui auraient pu faire preuve de plus d’ingéniosité, de créativité et d’audace.
Bahia Nar
Consultante en communication & réseaux sociaux
Présidente du SMCT
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