En 2016, l’ancien Chef du gouvernement Habib Essid a annoncé l’introduction progressive de la carte d’identité et du passeport biométriques en Tunisie. A la lumière de cette annonce et quelques mois plus tard le ministère de l’Intérieur a présenté à l’ARP un projet de loi sur la carte d’identité biométrique. Jugeant le texte de ce projet de loi comme une atteinte à la sécurité des données personnelles, plusieurs ONG nationales et internationales s’y sont opposées en dénonçant les lacunes et abus qu’elles ont pu relever.
Invité du 52ème épisode de Digclub Powered by Topnet, Chawki Gaddes, Président de l’Instance Nationale de Protection des Données Privées (INPDP), a confirmé l’existence d’une menace sur la vie privée de par l’absence de conformité entre le texte du projet de loi sur la carte d’identité biométrique et la loi sur la protection des données personnelles.
Selon Chawki Gaddes, la plus grande lacune dans ce projet de loi concerne la base de données. “Pour créer les cartes d’identités biométriques, il faut collecter et numériser les empreintes et les photos de près de 8 millions de citoyens. Or, aucun Etat dans le monde n’a la capacité de protéger une base de données pareille. Conserver ces données dans une seule base fera de l’Etat une cible de choix des hackers. Il va donc falloir supprimer ces données dès leur intégration à la puce de la carte d’identité biométrique”, a indiqué le Président de l’INPDP avant de préciser que “le projet de loi sur la carte d’identité biométrique ne contient aucun article sur la base de données dont il est question”.
“Disposer d’une base de données contenant les photos numérisées des citoyens rend l’identification faciale possible. En d’autres termes, quand on aura des caméras de surveillance sur la voie publique, il sera possible à l’ordinateur de reconnaitre les passants. C’est là où réside le danger”, a ajouté Chawki Gaddes.
Concernant le passeport biométrique, le Président de l’INPDP a rappelé que la Tunisie est très en retard sur ce volet. “Le Maroc et l’Algérie ont déjà le passeport et la carte d’identité biométriques. En Tunisie, nous avons un train de retard”, a-t-il avancé avant de souligner que l’Etat et ses institutions seront soumis au respect des règles de la protection des données personnelles puisque chargés de livrer ce document à caractère administratif.
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Nadya Jennene