Quel intérêt à un pays de créer un point d’échange Internet ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre plusieurs conférenciers lors du Workshop qu’organise l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) sur les IXP à Gammarth. Dans son intervention, Bill Woodcock de Packet Clearing House (PCH), a présenté schématiquement comment les gérants des réseaux gagnent de l’argent. Essentiellement grâce à la revente de la bande passante.
Quel intérêt à un pays de créer un point d’échange Internet ? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre plusieurs conférenciers lors du Workshop qu’organise l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) sur les IXP à Gammarth.
Dans son intervention, Bill Woodcock de Packet Clearing House (PCH), a présenté schématiquement comment les gérants des réseaux gagnent de l’argent. Essentiellement grâce à la revente de la bande passante. Nationale au départ, cette dernière devient rapidement plus chère une fois qu’elle part à l’international. Mais plus la requête suit des chemins complexes pour arriver à destination, plus cher sera le prix de cette connexion.
Prenons un exemple : un Tunisien souhaite se connecter à son compte facebook et consulter les vidéos qui y sont uploadées. Sa demande passera par plusieurs relais qui feront transiter les données entre le serveur situé aux Etats Unis et son ordinateur. Si dans la vraie vie on doit payer les stations de péage sur les autoroutes pour pouvoir se déplacer, il en va de même pour Internet. Par analogie, plus notre destination sera éloignée, plus on passera par des stations de péage et donc le coût final du voyage augmentera. C’est exactement pareil pour Internet.
Au lieu de chercher lui-même le chemin de connexion le plus proche du serveur demandé par son client, chaque opérateur cherchera plutôt à charger un intermédiaire de faire ce boulot. Cet intermédiaire n’est autre que le point d’échange Internet, ou IXP. La raison ? L’IXP est une sorte de carrefour où on peut interconnecter plusieurs réseaux.
«Parmi les points qui poussent un opérateur à se baser sur un IXP pour son peering, c’est que ce dernier est un carrefour neutre et équidistant par rapport à tous les FAI», explique Bill Woodcock. «Et plus il y a de IXP, moins on risque les coupures. De plus, la requête peut être renvoyée au serveur cible par le chemin le plus court».
Sur la question de comment peut-on construire un IXP, M. Woodcock ne se fait pas d’illusion. Il faut que tous les acteurs d’Internet mettent les mains dans le cambouis. «Mais tout l’intérêt de ce point d’échange, c’est d’avoir une source de contenu numérique locale», insiste-t-il. En d’autres termes, si on a plusieurs serveurs hébergés en Tunisie, les FAI étrangers auront plus de facilité à renvoyer les requêtes vers le réseau tunisien puisque cet IXP se chargera du transit.
Mais si on n’a peu, ou carrément pas de contenu numérique local, y a-t-il toujours un intérêt à installer un IXP ? «Oui», répond sans hésitation M. Woodcock. «Car les startups étrangères seront tentées de sécuriser l’accès à leurs services en installant des serveurs miroir. Ils pourront même décliner leur contenu pour le pays ou la région hébergeant un IXP». Que du bénéf, donc.
C’est d’ailleurs la raison principale qui a poussé l’ATI à multiplier les efforts en installant un deuxième IXP à Enfidha chez Meninx Technologies (lire notre article). Mais la surprise de la journée, était incontestablement la création d’un board de gestion du premier IXP qui est à la charge de l’ATI et qui sera exclusif aux FAI, opérateurs télécoms et fournisseurs de services qui possèdent un AS Number.
Sur les 80 Gbs de bande passante internationale dont dispose actuellement la Tunisie, 95% de cette capacité part vers l’Europe, notamment la France. Faut-il rappeler que Tunisie Telecom a un POP (Point Of Presence) à Paris et sur lequel est véhiculé tout notre trafic, même celui qui transite par l’Italie ? Quant à Orange Tunisie, il exploite la fibre de sa maison-mère France Telecom et qui relie Bizerte à Marseille.
En l’absence de vraie stratégie nationale pour améliorer la qualité de services des opérateurs et FAI, les Tunisiens continueront à préférer l’Europe et les Etats-Unis pour héberger leur contenu et/ou en consulter. Ce n’est pas, d’ailleurs, un hasard que le vieux continent ait la plus grande concentration de IXP dans le monde, suivi par le pays de l’oncle Sam.
Le travail de l’ATI comme IXP depuis sa création en 1996, et ses tentatives d’améliorer la connexion en retenant le maximum de trafic depuis 2011, a permis de développer, peu à peu, le contenu numérique local, grâce notamment à ses multiples collaborations (lire notre article).
Mais sans le soutien de la société civile, de l’Etat et des opérateurs télécoms/FAI, les Tunisiens continueront à enrichir la France au lieu de soutenir leur propre économie nationale.
Welid Naffati
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