Comme chaque année, le réseau «Open Knowledge» a publié le 9 décembre dernier son rapport annuel sur l’indice global de données ouvertes (Open Data Index) et ce, à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la corruption. Open Knowledge est un réseau mondial à but non lucratif qui œuvre pour instaurer l’accès à l’information aux gens par le biais des plaidoyers et de la technologie. Ce réseau a une forte conviction que ceci aidera indubitablement à relever plusieurs défis tels que la pauvreté et le changement climatique.
Comme chaque année, le réseau «Open Knowledge» a publié le 9 décembre dernier son rapport annuel sur l’indice global de données ouvertes (Open Data Index) et ce, à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre la corruption. Open Knowledge est un réseau mondial à but non lucratif qui œuvre pour instaurer l’accès à l’information aux gens par le biais des plaidoyers et de la technologie. Ce réseau a une forte conviction que ceci aidera indubitablement à relever plusieurs défis tels que la pauvreté et le changement climatique.
L’indice global de données ouvertes veut dire quoi au juste ?
C’est la première question qui nous vient à l’esprit en regardant tous ces taux et ces cartographies. Les gouvernements ont de plus en plus la tendance à garantir la disponibilité des données et à les mettre sous un format ouvert à tout le monde. Ainsi cet indice vise à s’assurer de l’accessibilité de celles-ci par les citoyens, les médias et la société civile. De nombreux examens ont été effectués par des experts afin de mettre au point ce classement. C’est donc un rapport qui tient à vérifier la véracité des propos des gouvernements sur l’accès aux données, et par conséquent, il reflète plus l’expérience de la société civile ou les médias dans un pays donné. C’est un outil fort qu’on pourrait éventuellement utiliser lors des plaidoyers puisqu’il est à la fois facile et illustratif.
Nul ne peut ignorer la forte explosion des activités qui tournent autour des données ouvertes. Des initiatives comme data.gov ou bien data.gov.uk ont suscité l’intérêt de plusieurs organismes locaux, régionaux et mêmes internationaux qui se sont lancés dans leurs propres aventures et ont crée des portails (400 actuellement) à travers le monde entier. On doit également mentionner que la prolifération des sites et des applications mobiles a rendu le suivi du processus encore plus difficile. Ainsi cet indice se veut un outil sûr et soutenu pour assurer la fiabilité des résultats obtenus. Notons aussi qu’il s’étend de plus en plus et arrive à couvrir 97 pays en 2014 contre 60 seulement en 2013. L’enquête se base donc sur des facteurs clés tels que les résultats des élections à l’échelle nationale (voire même par circonscription), les dépenses du gouvernement (les dépenses publiques), budget de l’état (données détaillées au niveau transactionnel), la législation (la disponibilité des lois en ligne) et bien d’autres facteurs.
Classement de la Tunisie par secteur selon l’Open Data Index
La Tunisie dégringole malgré un indicateur fort encourageant sur les dépenses publiques ?
Dans ce classement, la Tunisie est malheureusement à la traine. Nous occupons, en effet, la 63ème position du classement avec un score de 34%. On est bien loin de la Grande Bretagne qui se trouve en tête de liste. A première vue, notre pays semble être le premier pays arabe dans ce classement : l’Egypte et le Maroc se trouvent après nous à la 79ème position. Devancés par l’Arabie Saoudite qui elle se trouve la 74ème. Doit-on alors célébrer ces résultats surtout que la Tunisie est considérée comme étant la lueur d’espoir des pays de ce qui est appelé le «printemps arabe» ? Pas vraiment, pour ne pas dire que c’est plutôt un mauvais signe. Et pour cause…
La Tunisie a enregistré un recul par rapport à 2013, où nous y avons occupé la 47ème position. Comment peut-on expliquer alors cette chute remarquable ? En analysant les résultats de plus près, on s’aperçoit que notre pays a beaucoup de travail à faire si on veut obtenir de meilleurs indicateurs. Par exemple, en matière des élections nous occupons la 53ème position avec un score de 45%. En ce qui concerne les législations, nous sommes en 72ème place avec un taux de 35% seulement. Qu’en-est-il des dépenses publiques ? Notre score s’élève à 10% seulement cette fois-ci. En gros, on peut dire que la Tunisie possède des résultats passables et qui sont loin des espérances des citoyens. Surtout en tenant compte du fait que des pays comme l’Argentine ou encore la Jamaïque sont bien avant nous.
Que peut-on conclure ?
Ces résultats semblent tomber à pique. Comme on l’a déjà expliqué, l’indice global de données ouvertes constitue un moyen pour mesurer le taux de libération d’informations dans un pays donné. Chose qui peut refléter indubitablement le taux de transparence dans le pays ainsi que la volonté du gouvernement à instaurer un vrai canal de communication avec la société civile ou les médias qui sont à la quête des informations. Rappelons qu’il y a quelques semaines, le nouvel indice de perception de corruption (élaboré par Transparency International) a marqué également un recul de la Tunisie par rapport à l’année précédente puisque nous nous sommes trouvé à la 79ème position avec un score de 40/100.
Ces deux résultats viennent consolider le fait que la Tunisie après la chute de Ben Ali souffre encore du manque d’accès à l’information et d’une vraie stratégie pour la lutte contre la corruption pour instauration la transparence. De vraies pathologies qui nous laissent perplexes et anxieux. Nos politiciens sont-ils vraiment conscients de la gravité de la situation ? Ou ceci ne constitue qu’un souci secondaire pour eux ? Serions-nous capables de relever les défis futurs en l’absence d’une politique claire sur des questions épineuses comme la libération de l’information ?
Aroua Jouini