Sa feuille de route adoptée en 2019 puis officiellement présenté au public en février 2020, le projet du Cloud national a pour but d’amorcer la transformation digitale en Tunisie en assurant, notamment, la digitalisation de l’administration tunisienne. Bien que public, ce projet ne peut être mis en oeuvre sans la contribution des acteurs privés du secteur. Pour en parler, nous avons invité pour ce deuxième épisode de Cloud Talk powered by Focus Multicloud, Hamza Gallaoui, chargé de projet au ministère des Technologies de la communication et de la Transformation digitale ainsi que Amel Magouri, chef projet Cloud chez Focus Group.
Au sujet des débuts du projet du Cloud national, Hamza Gallaoui a indiqué que le ministère avait réalisé, pendant deux ans, une étude en analysant plusieurs modèles, en particulier britannique, français, omanais et coréen soulignant que ce projet ne consiste pas en la construction d’un data center.
“Contrairement à ce qu’on pense, il ne s’agit pas de tout raser pour reconstruire. L’idée est de s’ouvrir au privé qui travaille beaucoup et dispose de data centers, ce qui veut dire qu’ il peut donc pomper des compétences et apporter sa brique dans cet édifice”, a-t-il affirmé.
“Les contraintes que nous avons en Tunisie, nous ont poussé à aller dans un modèle hybride dans lequel l’Etat met en place un système permettant au client d’avoir un cheminement complet et régit par des lois de l’idée d’achat jusqu’à la fourniture du service par le fournisseur” a-t-il ajouté précisant que ceci permet de faciliter l’opération d’achat.
Hamza Gallaoui a noté, également, que cette étude avait, d’ailleurs, permis de mettre en évidence la nécessité de travailler sur plusieurs autres paramètres en plus du cadre réglementaire et du processus et de la culture d’achat. Pour lui, la conduite du changement est un élément clé car l’administration doit percevoir ce projet du Cloud national comme un projet de transformation sur le plan humain, réglementaire et technique.
Il a aussi évoqué, dans ce sens, la consommation énergétique des data centers qui contribue largement à la hausse des coûts des services cloud.
“Maintenant il faut qu’on ait un plan d’action qui prend en compte tous ces éléments et reprioriser afin de pouvoir avancer”, a-t-il précisé assurant que le ministère des Tic compte reconvoquer, en septembre, toutes les parties prenantes, entre autres les opérateurs, experts du cloud et fournisseurs locaux.
Pour ce qui est du rôle des providers locaux dans cette stratégie, il a souligné que les acteurs du secteur privé pourraient apporter leur expertise et aider à comprendre mieux les problématiques du marché ainsi que les besoins de l’administration.
Il a avancé, dans ce même contexte, que les providers locaux pourraient également tirer profit de ce projet de par le label qu’ils pourraient obtenir. Un label qui selon Hamza Gallaoui leur ouvrirait les portes du marché international.
Notre deuxième invitée, Amel Magouri, chef projet Cloud chez Focus Group, est, elle, revenue sur le niveau de maturité de l’offre cloud en Tunisie et l’importance pour les entreprises de s’approvisionner auprès de providers locaux.
Elle a indiqué, d’abord, que l’offre Iaas avait atteint un bon niveau de maturité sur le marché. “Chaque type de Cloud a son niveau de maturité en Tunisie. Les sociétés qui veulent, par exemple, aller vers le Saas doivent, nécessairement, chercher l’offre qui leur convient auprès de fournisseurs étrangers en dehors du territoire tunisien. Cela dit, sur l’Iaas, nous avons plusieurs acteurs en Tunisie qui proposent des offres et nos data centers sont conformes aux normes internationales”, a-t-elle assuré.
Elle a souligné, dans ce sens, que certaines offres avaient été faites sur mesure pour répondre aux besoins des entreprises tunisiennes et spécificités du marché local et ce en termes de capacité de computing, de sécurité ou encore de localisation de data centers.
“Il y a également la possibilité de faire migrer seule une partie de la production vers le Cloud ou de la reprise après un sinistre ou de la sauvegarde sur le Cloud”, a-t-elle indiqué. Notant que la sécurité est la première préoccupation pour les entreprises tunisiennes, elle a avancé que ce facteur avait justement pousser vers la création d’un Cloud local souverain de qualité.
“Certes ce Cloud local n’offre par le même catalogue de services qu’Amazon, par exemple, mais il garantit la même qualité de service des grands acteurs. D’ailleurs en situation de conflit ou de problème technique, il serait plus facile de communiquer avec un fournisseur local que d’ouvrir un ticket et traiter avec un call center”, a-t-elle soutenu.
L’interview au complet est disponible sur SoundCloud.
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