Mise à jour du 23/03/2018 à 17h30
Nizar Guizani, le vice-président de la chambre syndicale nationale des commerçants de téléphonie mobile et de la technologie numérique est revenu vers la rédaction de THD avec cette précision : “la procédure judiciaire que la chambre compte engager ne concernera, finalement, que Jumia”.
Première édition de l’article :
Le nouveau bijou de Samsung, le Galaxy S9, est actuellement en vente, en avant première, sur le site de Jumia à seulement 2199DT. Une SIM data de chez Orange Tunisie est proposée avec ce téléphone. Cette opération de marketing cobrandée (Jumia et Orange) a fait le tour des radios et chaînes de télévision tunisiennes privées. Le succès fut tel que le site Jumia a affiché un stock épuisé au bout de quelques heures. Seul petit bémol, la provenance des téléphones. Les produits commercialisés à travers Jumia viendraient du circuit informel.
Une source auprès de l’un des revendeurs officiels de la marque Samsung en Tunisie, nous a contacté pour dénoncer la supercherie. Assurant que les téléphones vendus sur le site de Jumia proviennent du marché parallèle, notre source a pointé du doigt la prolifération de la contrebande en Tunisie et l’implication de certaines vitrines en ligne et quelques supports médiatiques dans ce dangereux phénomène. “Cette opération risque d’ébranler la confiance des utilisateurs dans la marque et ses revendeurs”, a-t-elle fait savoir.
Pour vérifier ces accusations, la rédaction de THD a contacté Jumia. “Nous ne sommes pas la police des mœurs”, a déclaré Owen Capbon, directeur marketing de l’enseigne. Interrogé sur la possibilité, pour le site, de vérifier la provenance des produits mis en vente, il a affirmé que Jumia “ne traite qu’avec des vendeurs en règle”.
Owen Capbon a tenu à souligner que tous les produits vendus à travers Jumia sont “des produits originaux” précisant que “la plateforme n’est qu’un simple intermédiaire entre les vendeurs et les acheteurs. Il a assuré, dans ce même sens, que les consommateurs ont la possibilité de retourner le produit sous une dizaine de jours et d’être remboursés en cas d’insatisfaction”.
Nous avons également contacté le bureau de Samsung en Tunisie. Les représentants du bureau ont signalé que “les téléphones de la marque ayant suivi le circuit légal portent le drapeau tunisien sur l’emballage contrairement à ceux qui proviennent du marché parallèle”. Une campagne de sensibilisation a d’ailleurs été lancée par la marque pour dénoncer les produits de contrebande.
“Samsung veut avertir ses fans que les Galaxy S9 et S9+ ne sont pas encore commercialisés. Avant tout achat en ligne ou en boutique, nous vous encourageons fortement à vérifier la présence du logo officiel en haut et à gauche de l’emballage. Ces produits ne sont pas officiels, il n’y a pas la certification tunisienne”, lit-on sur la page Facebook de Samsung Tunisie.
Dans un communiqué de presse dont une copie nous est parvenue alors que nous étions en train de mener notre enquête, Samsung Tunisie a rappelé qu’elle “dégage toute responsabilité de défaut de fabrication pour tout article acheté en ligne ou ailleurs que chez un dépositaire agréé et acquis sans la boîte portant le sceau de qualité de Samsung”.
Afin de creuser davantage, la rédaction de THD a aussi pris contact avec la chambre syndicale nationale des commerçants de téléphonie mobile et de la technologie numérique. Son vice-président, Nizar Guizani a déploré la gravité de la situation. “Que des chaînes de radios et de télévisions fassent de la publicité pour les produits de contrebande rend la situation encore plus dangereuse”, a-t-il dénoncé.
Il a par ailleurs expliqué qu’un huissier de justice a procédé aux vérifications nécessaires pour les téléphones mis en vente sur Jumia et que l’affaire va être portée devant la justice tunisienne. Une plainte sera en effet “déposée contre Jumia et Orange Tunisie”, selon notre interlocuteur.
Les consommateurs sont appelés à faire preuve de vigilance avant d’effectuer des achats en ligne. Les produits de contrebande sont, rappelons-le, dépourvus de certification d’homologation et sont de ce fait inconformes aux critères appliqués par le Centre d’études et de recherches de télécommunications (CERT), seule entité chargée par le Ministère des Technologies de l’information et de la Communication d’effectuer les missions relatives à l’homologation des équipements terminaux de télécommunications et les équipements terminaux radioélectriques en Tunisie.
Nadya Jennene