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Dans sa stratégie TIC, la Tunisie brasse du vent et sa diplomatie aux abonnés absents

Dans sa stratégie TIC, la Tunisie brasse du vent et sa diplomatie aux abonnés absents

A l’occasion de la sortie des résultats de son étude internationale sur les tendances 2014 du secteur des Technologies, Médias et Télécommunication (TMT) en Afrique francophone, le cabinet de consulting «Deloitte» a organisé, mardi 18 mars, une conférence de presse à Tunis. La première partie de cette conférence a été dédiée à l’exposition des différents résultats illustratifs du secteur en Afrique francophone.

Dans sa stratégie TIC, la Tunisie brasse du vent et sa diplomatie aux abonnés absents A l’occasion de la sortie des résultats de son étude internationale sur les tendances 2014 du secteur des Technologies, Médias et Télécommunication (TMT) en Afrique francophone, le cabinet de consulting «Deloitte» a organisé, mardi 18 mars, une conférence de presse à Tunis. La première partie de cette conférence a été dédiée à l’exposition des différents résultats illustratifs du secteur en Afrique francophone. Après son mot de bienvenu, Karim Koundi, Directeur Associé chez Deloitte TMT Industry, a présenté ces chiffres devant un parterre de professionnels du secteur en Tunisie venus assister à cette première édition des TMT en Tunisie. 

Les grandes tendances qui marqueront l’année 2014 en Afrique francophone 

Suite à une croissance du PIB du continent africain et à l’émergence d’une classe moyenne estimée à 100 millions de personnes d’ici 2020, le secteur des TIC constitue en effet un catalyseur de croissance et ce, grâce à l’évolution rapide des usages et des services. Actuellement, on remarque une évolution importante du marché des composants et des gadgets électroniques avec une croissance de l’ordre de 12% à 13% comparée à celui des semi-conducteurs (téléviseurs, ordinateurs portables, etc.) qui lui n’a fait que 2% à 3%. On note également la stratification du marché des tablettes. Deloitte prévoit à cet effet qu’au cours du premier trimestre 2014, la base installée de tablettes compactes dépassera pour la première fois la base de tablettes classiques. La hausse des ventes de ces gadgets est accompagnée, donc, d’une superposition de sa base qui sera similaire ou même plus importante que celle qu’a connue le marché des Smartphones au cours des deux dernières années. 

Toujours selon cette étude, on prévoit une réelle expansion du nombre des utilisateurs de vidéo à la demande (VOD) en Afrique subsaharienne qui est de l’ordre d’environ un million d’utilisateurs et ce, malgré le manque d’infrastructure à haut débit dans la région. Les accessoires connectés ne seront pas à l’abri de cette marée et on présume que 10 millions d’exemplaires devraient se vendre en 2014 en générant presque 3 milliards de dollars comme chiffre d’affaires. 

L’année 2014 sera également l’année de la guerre pour les droits de retransmissions sportives. Le montant concernant les grands évènements sportifs est estimé à 24,2 milliards de dollars soit une hausse de 14% par rapport à 2013. On estime aussi que 100 millions de consultations virtuelles auront lieu partout au monde affichant ainsi une progression de +400% comparé à 2012.

Positionnement et opportunités pour le secteur TMT Tunisien sur le marché Africain 

La seconde partie de cette conférence était constituée d’un panel de discussion pour mieux débattre et échanger les visions concernant les opportunités et le positionnement de la Tunisie sur le continent africain. «La présence tunisienne est timide et occasionnelle», a affirmé Kais Sellami, Président de la Fédération des TICs chez la centrale patronale UTICA, avant d’enchaîner et préciser que ceci est du à l’absence marquante des projets tunisiens depuis l’an 2000. Pour M. Sellami, ceci est dû à un manque de cohérence stratégique, à un manque de la diplomatie économique engendré par la faible représentativité contrairement à l’approche suivie par nos voisins marocains. «On ne fait que parler !», a-t-il conclu par cette phrase assassine pour dire clairement que la Tunisie ne brasse que du vent en matière de TIC, sans actions réelles pour promouvoir le secteur.

Dans sa stratégie TIC, la Tunisie brasse du vent et sa diplomatie aux abonnés absents

Jawher Ferjaoui, représentant du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des TIC, a insisté, pour sa part, sur le rôle stimulateur du ministère. Un ministère qui, selon lui, soutient toute initiative à ce propos tout en précisant qu’il faudra bien améliorer ces différents indicateurs pour savoir mieux se positionner en développant, tout d’abord, le marché local. «Il faut essayer de se rattraper. Le ministère n’a cessé d’investir là-dessus et le ICT Forum est bien la preuve de tous ces efforts», s’est-il défendu. 

«On a raté pas mal d’opportunités pour se positionner sur le continent africain fautes de vision, de stratégie et de moyens», a rebondit pour sa part Fadhel Kraiem, Directeur Général Adjoint chez Tunisie Telecom. «Mais la proximité demeure un facteur primordial afin de pouvoir exporter l’expertise et le savoir-faire tunisien. Notre diplomatie doit être plus dynamique et renforcer sa présence un peu partout dans le monde».

Quel plan d’action faut-il adopter pour y remédier ? 

Après avoir fait le tour du sujet, la question pertinente est « Que peut-on faire pour s’en sortir ? ». Les avis étaient convergents et il y a une sorte d’accord sur le fait que des mesures tranchantes doivent être prises en toute urgence telles que la libéralisation du payement électronique et la convertibilité du dinar tunisien car il n’est guère acceptable de voir cet handicap majeur empêcher les jeunes ainsi que les entreprises à aller de l’avant pour investir encore plus. 

Le deuxième problème qui doit être traité est le faible accompagnement ainsi que la complexité des procédures bancaires actuelles, chose qui pousse les investisseurs à privilégier le Maroc comme destination. Il faut aussi mentionner que les entreprises doivent aujourd’hui implémenter leurs propres stratégies de développement à l’échelle internationale. «Nous sommes capables d’exporter notre expertise mais y a-t-il une vraie stratégie en Tunisie pour encourager ce type d’investissement ?», s’est demandé à juste titre Ken Campbell, Directeur Général de l’opérateur Tunisiana (ooredoo).

Face à toutes ses contraintes logistiques et administratives, faut-il déclarer forfait ? Absolument pas. La situation peut changer en adoptant les bonnes solutions qui seront en mesure de résoudre tous ces handicaps freinant l’investissement et la prise d’initiative. Plusieurs pays africains ont réussi à trouver le modèle de travail qui leur a permis de se trouver en une position favorable et de consolider leur développement économique. Pour la Tunisie, faudra juste mettre en place une stratégie claire et de mutualiser les efforts entre le secteur public et le secteur privé pour bien canaliser la synergie entre les différents acteurs. Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté politique pour réussir.

Arwa Jouini

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