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Débat sur le e-tourisme : Pourquoi le tourisme tunisien tient-il à rester déconnecté d’Internet ?

Débat sur le e-tourisme : Pourquoi le tourisme tunisien tient-il à rester déconnecté d’Internet ?

La position géographique de notre pays, son climat méditerranéen, son patrimoine très riche et surtout le coût bas du séjour touristique, font de la Tunisie l’une des principales destinations privilégiées. Sinistré par les affres de la «révolution», le tourisme ne montre pas vraiment des signes de reprise. Sinon comment expliquer cette panne de croissance, alors que l’e-commerce poursuit son essor ?

Débat sur le e-tourisme : Pourquoi le tourisme tunisien tient-il à rester déconnecté d’Internet ?La position géographique de notre pays, son climat méditerranéen, son patrimoine très riche et surtout le coût bas du séjour touristique, font de la Tunisie l’une des principales destinations privilégiées. Sinistré par les affres de la «révolution», le tourisme ne montre pas vraiment des signes de reprise. Sinon comment expliquer cette panne de croissance, alors que l’e-commerce poursuit son essor ?

En tout état de cause, le tourisme tunisien reste toujours l’un des secteurs les plus dynamiques de notre économie et la principale source de devises du pays. Mais hélas, la Tunisie a bien du mal à rejoindre le giron des décideurs touristiques mondiaux qui, plus que jamais sont au centre des challenges et de défis technologiques.

A ce titre, une conférence a été proposée par la FTAV (Fédération Tunisienne des Agences de voyages et de Tourisme), lundi 29 septembre 2014 à l’hôtel Africa à Tunis, dans le cadre d’un programme baptisé «journée e-tourisme», présentée par l’expert international d’e-tourisme, Maneesh Vengala.

L’expert, en brillant conférencier, s’est efforcé de mettre les professionnels tunisiens de marketing au cœur des activités du secteur du tourisme sur Internet et des innovations incontournables du monde du tourisme connecté, autrement nommé le «e-tourisme».

D’aucun ne peut contester que cette manifestation est de taille pour notre petit pays aux faibles ressources. De ce fait, la Tunisie devait tirer profit de cet outil redoutable qu’est le Web. Maneesh Vengala a fait de cette conférence un vrai cas d’école. 

Graphe montrant l'évolution négative du e-tourisme en Tunisie

Graphe montrant l’évolution négative du e-tourisme en Tunisie

Quelle place pour la Tunisie dans la dynamique e-tourisme ?

Répondant à notre question sur la place de la Tunisie dans la dynamique e-tourisme qui poursuit son essor dans le monde, Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV, a répondu : «En Tunisie, l’e-tourisme fait face à plusieurs obstacles dus essentiellement aux réticences des Tunisiens. Ils ne sont pas très adeptes de l’Internet et encore moins familiarisés avec le paiement en ligne». Réponse pertinente ou subterfuge inventée pour contourner notre question ?

En tout cas pour Maneesh Vengala -qui semble bien connaître les potentialités de la Tunisie- recourir au TIC est indispensable pour le secteur du tourisme. Car «le potentiel du tourisme tunisien doit être renforcé par une présence numérique plus déployée sur la Toile», a-t-il fortement recommandé.

Il a aussi vivement conseillé pour que les sites Web des tours opérateurs et hôteliers soient dynamiques afin de vendre plus services. En effet, ces acteurs du tourismes peuvent réduire les intermédiaires en offrant la logistiques en plus des nuits d’hébergement (le transport, le changement de la devise, etc.). Ainsi, les clients font des économies sur les coûts du transport et des communications téléphoniques et sont donc encore plus satisfait par la destination.

Face à ces recommandation, Mohamed Ali Toumi a trouvé opportun d’apporter des éclaircissements au conférencier : «Nous sommes conscients de la nécessité de cette migration vers le e-tourisme. Et c’est dans ce sens que nous avons organisé ces journées pour appeler, justement, les agences de voyages à numériser leurs activités et à se lancer dans le e-tourisme. Mais il faut penser à sécuriser davantage les opérations de paiement en ligne pour assurer les transactions électroniques».

Débat sur le e-tourisme : Pourquoi le tourisme tunisien tient-il à rester déconnecté d’Internet ?

Prenant le contre-pied de ces arguments, Maneesh Vengala a maintenu sa conviction sur la capacité des opérateurs tunisiens à attirer de nouvelles gammes de touristes comme les Indiens, les Chinois, les Américains et les Brésiliens ou encore la Nouvelle-Zélande. «Rares sont les gens qui connaissent la Tunisie dans ces zones. Pourquoi ne pas les cibler ?», s’est-il demandé.

60% des sites marchands en Tunisie sont ceux du e-tourisme

Mais combien pèse actuellement le e-tourisme dans la balance économique virtuelle tunisienne ? La réponse a été donnée par M. Toumi. «Le chiffre d’affaires des agences de voyages sur les sites marchands est estimé à 2% du chiffre d’affaires total de l’e-Commerce en Tunisie», a-t-il affirmé.

Maneesh Vengala a alors pointé du doigt la faible présence du pays du Jasmin sur la Toile en faisant remarquer au passage que les sites tunisiens dédiés aux agences de voyages ne sont pas assez dynamiques. Pire : ils sont très rarement mis à jour.

Par ailleurs, d’après des statistiques dévoilées à THD par le directeur général de la Société Monétique Tunisie (SMT), Khaled Bettaieb, la Tunisie compte 600 sites marchands dont 60% sont orientés vers le tourisme. «Les transactions effectuées par carte bancaire étrangère représentent 88% du chiffre d’affaires en billetterie, 4% pour l’hôtellerie et 2% pour les agences de voyages».

Les Français, a-t-il indiqué, sont en tête de liste, suivis par les Italiens et les helvètes. La Grande-Bretagne, le Canada et l’Allemagne arrivent respectivement après dans le classement.

En attendant que notre tourisme reprenne des couleurs avec le digital, il convient de reconnaître que, pour le moment, les cieux de tout le secteur font grise mine à l’image de cette conférence. On a constaté en effet une très maigre participation des acteurs du secteur. Quant aux entreprises touristiques (agence de voyage, prestataire hôteliers, compagnie aérienne, ferroviaire ou de navigation) et aux institutions de l’Etat (Ministère du Tourisme, les spécialistes nationaux du secteur) ont brillé par leur absence. 

Pourtant, ce sont eux qui devaient débattre des nouveaux enjeux pour le tourisme imposés par l’apparition des nouvelles technologies. Mais tout ce beau monde semble être effectivement déconnecté des TIC en comparaison avec ce qui se passe dans le reste du monde.

En dépit de tout cela, le débat sur le e-tourisme continuera à Sousse le 30 septembre et à Sfax le 1er octobre. Reste à savoir si les experts nationaux, les hôteliers, les agents de voyage et les fonctionnaires du ministère du Tourisme s’ils vont s’y impliquer cette fois-ci. 

Abdelhamid Ferchichi

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