Tunisie Telecom ouvrira, dès début février, sa boucle locale au dégroupage. Sous la pression de l’Instance Nationale des Télécommunications (INT), l’opérateur historique a, donc, fini par céder. Mais ce ne sont pas seulement les risques de se voir infliger une amende sur son chiffre d’affaires qui ont poussé l’opérateur historique à accepter l’idée du dégroupage, c’est surtout pour avoir la liberté de lancer ses offres commerciales comme bon lui semble.
Tunisie Telecom ouvrira, dès début février, sa boucle locale au dégroupage. Sous la pression de l’Instance Nationale des Télécommunications (INT), l’opérateur historique a, donc, fini par céder. Mais ce ne sont pas seulement les risques de se voir infliger une amende sur son chiffre d’affaires qui ont poussé l’opérateur historique à accepter l’idée du dégroupage, c’est surtout pour avoir la liberté de lancer ses offres commerciales comme bon lui semble.
Jusqu’à maintenant, l’opérateur historique s’est vu refuser à plusieurs reprises, des offres et promos agressives sur le fixe ou qui rallient le fixe au mobile. C’est ce qu’on appelle les offres Bundle ou les offres packagées. A chaque fois, l’INT refusait à TT le lancement d’abonnements combinant des appels sur le mobile et le fixe, voire même l’accès ADSL avec. Le motif du refus du régulateur ? Tunisiana et Orange n’auront pas la possibilité de rétorquer car ils ne disposent pas d’un réseau fixe filaire qui fait le poids.
C’est donc ce monopole de TT sur son réseau fixe qui a fini par causer le plus grand tort à l’entreprise. La solution ? Ouvrir sa boucle locale à la concurrence grâce au dégroupage. TT pourra lancer des offres commercialement agressives. C’est d’ailleurs là un des arguments qui ont fini par convaincre l’opérateur historique de lâcher du lest sur son fixe.
Du côté de l’INT, on estime que ce dégroupage sera très bénéfique pour Tunisie Telecom. Sur une capacité totale d’environ 2 millions de lignes disponibles, 1 seul million est exploité pour les communications sur le fixe et/ou pour l’ADSL. Or, avec le dégroupage, Tunisiana et Orange vont créer de nouveaux besoins sur l’ADSL (l’IPTV, la VoIP en haut définition, etc.). On s’attend, alors, à avoir beaucoup plus de lignes fixes activées. Or, même si la ligne ne passera plus par Tunisie Telecom, cette dernière touchera de ses concurrents des frais de location sur la fibre de cuivre et de l’espace d’hébergement des équipements au central téléphonique.
De leur côté, Orange et Tunisiana continuent encore à contester les tarifs élevés de TT pour dégrouper une ligne de cuivre. Mais l’INT voit plutôt une priorité dans le lancement du dégroupage pour que les procédures et le réseau arrivent rapidement à la maturité requise. Après tout, c’est avec le terrain et la pratique que le régulateur pourra mieux réguler le dégroupage. De plus, si Tunisiana et Orange gagnent un bon nombre de clients dégroupés, il est fort possible que ces tarifs soient rapidement amortis.
Mais si TT perd ses clients à cause de ce dégroupage ? Pour les spécialistes, ceci permettra à Tunisie Telecom de mieux défendre sa position en lançant des offres commerciales plus attirantes que la concurrence. Surtout que TT a la main sur son réseau fixe de bout en bout. Elle a, donc, la possibilité de proposer une meilleure maîtrise de la qualité de service.
Avec ce dégroupage, ce sont surtout Tunisie Telecom et Orange qui pourront améliorer leur situation financière grâce à de nouveaux services à valeur ajoutée. Ces deux entreprises souffrent, en effet, de plusieurs problèmes qui pèsent sur leur efficacité. Chez TT, la tension sociale (notamment entre la direction et le syndicat), les lourdeurs administratives et la grande masse salariale plombent les performances. Pour Orange, son statut de nouvel entrant sur un marché mobile en pleine maturité, sans le droit au dégroupage, a causé beaucoup de tort à la filiale du groupe Orange (ex-France Telecom) en Tunisie. L’entreprise milite, aujourd’hui, pour sa survie.
Un opérateur historique et un nouvel entrant qui se trouvent dans une situation peu confortable face au mastodonte appelé Tunisiana (ooredoo). Voilà à quoi ressemble le secteur des télécoms en Tunisie. Et pour remédier à ce déséquilibre, tout peut être envisageable. La chute de Tunisie Telecom aura, en effet, des répercussions très graves sur l’économie du pays. La faillite d’Orange aura, quant à elle, un impact très négatif sur les investisseurs étrangers.
Dans un récent article publié sur THD, nous avons exposé les conditions qu’a dictées l’Etat tunisien pour le rachat des parts de EIT dans le capital de Tunisie Telecom. Et parmi les points évoqués : «le poids de ce partenaire sur le marché arabo-méditerranéen comme opérateur universel (et non seulement sur le mobile)». Cette condition ouvre la porte à plusieurs interprétations. Devrions-nous nous attendre dans les prochaines semaines à un rapprochement stratégique entre Orange et Tunisie Telecom et qui pourrait aboutir à une fusion entre les deux boites ?
Welid Naffati
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