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Deloitte : La Tunisie est-elle en retard par rapport à l’Afrique Francophone ?

La Tunisie est-elle en retard par rapport à l’Afrique Francophone ?
Quelle est la position de la Tunisie par rapport à son environnement régional, c’est-à-dire l’Afrique ? Quelles sont les évolutions de la technologie, de la cybersécurité ou encore de l’intelligence artificielle pour 2017/2018 que les entreprises tunisiennes doivent considérer pour faire du business à l’international ? Ce sont les principaux axes qui ont été discutés avec Karim Koundi, associé chargé des opérations Deloitte pour la partie Télécom sur l’Afrique Francophone.

C’était lors du 33ème épisode de DigiClub que M. Koundi a parlé d’une étude annuelle réalisée par Deloitte. Cette étude, appelée «TNT Predictions», consiste en des tendances et des projections relatives à une année dans le domaine des TIC. Ce rapport, qui est réalisée par Deloitte International, est repris par Deloitte Tunisie pour sa partie Afrique Francophone, à la fois pour marquer les tendances africaines mais aussi pour comparer avec les tendances mondiales, et étudier les écarts et les différences entre ces 2 régions. Le rapport relatif à 2017 a fait sortir plusieurs grands thèmes. Le premier s’agit de la cybersécurité. En effet, l’enjeu principal des utilisateurs IT du monde entier est de réfléchir sur le degré de protection des systèmes et des données, en partie les données personnelles.

En 2017, plus d’un milliard de Smartphones avec empreinte digitale

Parmi les axes de réflexion tirée de ce thème, M. Koundi a évoqué la Biométrie, qui est en grande évolution partout dans le monde. «Aujourd’hui, l’identification par les technologies biométriques est devenue une technologie mainstream qui affecte plusieurs machines. A titre d’exemple, il y’aurait, en 2017, plus d’un milliard de smartphones qui sont équipé par une technologies biométriques, notamment par empreinte digitale». Pratique, mais d’un point de vue sécurité, ce n’est pas très poussé, notamment avec la fréquence de leurs utilisations. D’autres part, M. Koundi a également évoqué le fait que ces technologies sont en évolution majeure dans les pays d’Afrique, avec notamment les identifications par Carte d’Identité ou passeport biométriques qui sont devenus en vogue partout. Le deuxième point relatif à la cybersécurité traité par notre invité s’agit des cyberattaques. En effet, la tendance de 2017 a révélé que les attaques sont de plus grande envergure et plus sophistiquées, avec des volumes dépassant le 1 Térabyte, ce qui pourrait paralyser tout un pays, comme cela a été le cas pour le Libéria en 2016.

Autre tendance majeure détectée par le rapport TNT Prediction, l’intelligence artificielle, notamment le Machine Learning. Ces technologies commencent à se démocratiser progressivement dans plusieurs domaines, même le juridique, ou certaines machines arrivent à analyser des textes et des lois : «Il ne s’agit pas de science-fiction, c’est devenu une réalité qui pose l’édifice de la future réflexion sur la morale algorithmique et son impact sur l’humanité et l’intelligence humaine».

Karim Koundi (à droite) avec Ahlem Hchicha Chaker (à gauche)

L’IoT, cette opportunité qu’on doit saisir son potentiel

L’IoT a également été au rendez-vous de la discussion lors de cet épisode de DigiClub powered by Topnet. En effet, avec la démocratisation à grande masse de cette technologie, son effet sur la quasi-totalité des machines à utilisation quotidienne, comme les voitures, les réfrigérateurs, les montres ou autres, et surtout son coût réduit, M. Koundi a confirmé qu’avec la création des réseaux alternatifs supportant cette technologie, il serait très bénéfique à la Tunisie de surfer sur cette vague et d’intégrer ce modèle économique très rentable. En effet, «l’IoT est la première technologie qui a été mise en place avant les standards le régissant, notamment la 5G». De ce fait, il s’agit plus de rattraper un retard, mais plutôt d’anticiper.

Enfin, M. Koundi a évoqué le paradoxe Aricain. Malgré le fait que ce continent soit considéré comme étant un Eldorado, notamment à cause de la grande marge de manœuvre et des coûts réduits, plusieurs critères, notamment les inégalités sociales, la pauvreté et la manque de gouvernance pénalisent fortement la montée du digital dans ce continent. Les développements se concentrent essentiellement en Afrique de l’Ouest, avec la Côte d’Ivoire en ligne de mire, avec, à titre d’exemple, une monétique très développée, et même un projet de suppression du roaming, tel que réalisé en Union Européenne. Malgré cela, du travail reste à faire pour que l’Afrique élimine ce gap qui existe entre ce continent et les autres plus développé. Notamment intégrer le Digital pour améliorer les économies nationales, les contenus locaux, et l’efficacité opérationnelle des sociétés africaines prometteuses. «Le vrai changement en Digital en Afrique viendra surtout par les startups, qui sont les vrai game changers», a ajouté M. Koundi, pour souligner l’importance du rôle des startup dans l’Afrique Digitale de demain.

La Tunisie technologique ? C’est une question de branding

Et quid de la position de la Tunisie dans cet environnement ? Certes, la Tunisie reste loin, derrière l’Afrique du Sud, le Nigéria et le Kenya, qui s’accaparent à eux seuls plus de 95% des financements technologiques. Néanmoins, la position du pays reste dans les 5 premiers en termes de Digital sur le plan africain. Néanmoins, la Tunisie dispose d’un potentiel intéressant, capable de la rendre parmi les producteurs majeurs. En effet, tout est là, les compétences, la maîtrise d’œuvre, les atouts. Il suffit d’un travail commun entre les acteurs, surtout du secteur privé, pour créer le Branding Tunisie qui sera capable d’attirer les financements et produire de la valeur ajoutée de haute qualité. Il n’est pas trop tard, pour la Tunisie d’intégrer pleinement ce marché en pleine expansion, à condition, bien sûr, de profiter de la notoriété existante de notre pays, notamment en matière d’expertise et d’infrastructures. Moins de lamentations, plus de travail et de prospection, seraient le mot d’ordre pour transformer la Tunisie en acteur majeur sur le plan régional et continental.

Vous pouvez écouter l’émission en intégralité sur ce lien.

Seif Eddine Akkari

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