Dans ce nouvel épisode de DigiClub powered by Topnet, nous avons invité Nizar Karkeni, professeur universitaire et membre de la communauté Open Source en Tunisie.
Le sujet de l’émission : l’open source et les logiciels libres en Tunisie. Pourquoi un évènement tel que le Freedom Software Day (SFD) – qui vient de fêter sa 10ème année- n’est pas du tout connu en Tunisie et pourquoi est-il boudé par les médias ? Pourquoi la Tunisie, et surtout l’Etat tunisien, semble bouder les logiciels libres ? Mais surtout, pourquoi le projet de Mesh Sayada (le premier réseau wifi communautaire à Monastir) a-t-il été tué dans l’oeuf ?
Logiciels libres Vs Open Source :
Il existe une communauté de logiciels libres et une autre pour l’open source. La seule différence c’est que la communauté de logiciels libres s’intéresse surtout à l’aspect éthique du logiciel tandis que la communauté de l’open source s’intéresse plus au coté technique, selon M. Karkeni.
« Aujourd’hui, on parle de communauté FLOS free ». La réalité du terrain montre, d’après notre invité, que les sociétés qui n’appartiennent à aucune des communautés citées, notamment les géants de l’internet (les GAFA, Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft…) ne respectent pas la vie privée, d’où les scandales liés à la fuite ou vol des données.
Un logiciel libre se définit par quatre libertés :
1/ On utilise le programme comme on veut
2/ On peut faire des copies et les distribuer
3/ On prend ce programme et on le développe selon ses besoins
4/ Ou peut voir comment il est écrit et comment il est fait
« Le logiciel libre possède également un aspect éthique. L’utilisateur lambda peut l’utiliser sans avoir peur que ses données personnelles soient volées », d’après Nizar Karkeni.
Parmi les logiciels libres très connus, nous citons Firefox, Chrome ou encore Audacity.
Mais comment les développeurs de ces logiciels gagnent-ils de l’argent ?
Il s’agit d’un business model spécial (SSLL : société de services en logiciel libre). Le logiciel est libre mais l’utilisation de ses services est payante (comme la formation, le développement de certaines améliorations, l’assistance…).
Quelle est l’utilité de ces logiciels ?
Le logiciel libre est là pour fixer des standards. Presque tous les serveurs au monde, qu’on utilise tous les jours pour se connecter sur les réseaux sociaux ou autres, se sont des serveurs qui font tourner des logiciels libres.
Les grandes sociétés, comme Microsoft, se tournent de plus en plus vers le Business Model SSLL, par ce qu’elles savent que leur modèle de vente de licences est voué à disparaitre, d’après les estimations de notre invité.
Quid de la Tunisie ?
« En Tunisie, depuis 2008, notre communauté essaye de présenter les logiciels libres au grand public. A l’époque, la communauté était composée de volontaires et d’étudiants. Entre 2008 et 2012, on a sillonné la Tunisie du nord au sud, ciblant en priorité les universités. On a aussi essayé de sensibiliser le gouvernement tunisien, mais on n’a pas réussi à devenir un lobby influent. En fait, on a constaté qu’il n’existe pas de stratégie gouvernementale pour adopter le concept », a précisé M. Karkeni.
« Entre 2013 et 2014, M. Mongi Marzouk, ministre des TICs à l’époque, nous a invité, et il était sensible aux logiciels libres mais on n’a pas compris pourquoi il n’a pas réussi à mettre le concept en place », a-t-il conclu.
Vous pouvez écouter ou télécharger l’intégralité de l’interview de cet épisode de DigiClub powered by Topnet sur le soundcloud de THD.tn.
Zeyneb Dridi