Dans les années 1950, quand Abraham Maslow a publié sa pyramide des besoins, le monde, encore sous le choc de la Seconde Guerre mondiale, était en pleine reconstruction. Aujourd’hui, avec l’arrivée de la quatrième révolution industrielle et l’afflux des technologies, le paysage économique s’est totalement transformé. Comment les besoins humains se dessinent-il donc dans l’ère du tout numérique ? Le Digital Society Index 2019, s’est penché sur la question et a publié récemment un rapport visant à comprendre mieux les besoins des individus dans ce nouveau monde économique basé sur le numérique.
Elaboré en collaboration avec Oxford Economics et sur la base d’une enquête réalisée auprès de 43 000 personnes dans 24 pays, le Digital Society Index 2019 souligne d’abord l’effondrement de la confiance en l’utilisation des nouvelles technologies. Un effondrement qui s’explique, entre autres, par la mauvaise utilisation des données personnelles et la polarisation des réseaux sociaux autour de la désinformation.
Outre l’utilisation abusive de données à caractère personnel, il existe d’autres causes à l’effondrement de la confiance des utilisateurs dans l’industrie de la technologie. Les Anglais, par exemple, estiment que les entreprises technologiques ne payent pas suffisamment d’impôts, selon Digital Society Index. Les Indiens pensent, eux, que l’automatisation aura un impact négatif sur le marché de l’emploi.
Pour mieux comprendre cette nouvelle tendance, le Digital Society Index a composé un nouveau modèle des besoins humains inspiré de la pyramide de Maslow.
A la base de cette nouvelle pyramide figurent les besoins de base. Ces besoins sont axés justement sur la confiance, en plus de l’accès à l’infrastructure numérique. Digital Society Index indique, dans ce sens, que seulement 49% de la population mondiale pensent que leurs besoins de base sont satisfaits.
Viennent ensuite les besoins psychologiques. Le rapport affirme qu’en dépit du fait que les technologies numériques peuvent contribuer à renforcer le sentiment de bien-être chez les utilisateurs, seulement 38% de la population mondiale indiquent que ce besoin est satisfait.
Du côté des besoins d’auto-accomplissement, le Digital Society Index avance que les individus sondés assurent avoir une bonne éducation numérique et les compétences requises pour travailler, ce qui est rassurant face à la montée des inquiétudes suscitées par l’automatisation et l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché de l’emploi. Toutefois, seulement 45% de la population mondiale se disent satisfaits à ce niveau.
Le rapport ajoute, enfin, un autre niveau de besoins : les besoins sociétaux, ce qui correspond à la vision des gens vis à vis de l’apport des nouvelles technologies et leur impact sur la création d’emploi et la résolution de certaines problématiques sociétales. Il en ressort que seuls 49% de la population mondiale croient en le rôle que peut jouer le numérique pour rendre la vie communautaire meilleure.
Nadya Jennene
