Le développement des applications mobiles fait partie de l’un des principaux métiers prisés par les ingénieurs tunisiens IT à l’étranger. Plusieurs projets conçus et développés par des Tunisiens sont apparus sur le marché applicatif. Parmi ces projets, l’application Dipla.
Fruit d’une collaboration entre deux alumni de l’Insat, Slaheddine Ben Zina et Moez Khorchani, cette application mobile consiste en un réseau social de proximité, proposant des échanges d’informations sous forme de textes et médias à un groupe d’utilisateurs délimité par leurs distances. En effet, et bien que reprenant le concept d’un réseau social classique, à savoir les publications, les commentaires, les réactions ou encore le nombre de vues, Dipla se distingue par le fait que les publications ne peuvent être consultées que si elles ont été créées dans le rayon paramétré, qui peut varier de quelques mètres à cinq kilomètres. De même, les utilisateurs ont le choix d’anonymiser les publications. Le résultat est un flux de publications se situant dans le même bâtiment, le même quartier ou encore la même ville.
Actuellement en phase bêta, l’application présente plusieurs atouts. L’anonymité est garantie, contrairement à la quasi-majorité des réseaux sociaux sur le marché, ce qui pourrait inciter plus de gens à utiliser les services de l’application. De plus, l’application présente l’avantage d’être dynamique, avec un contenu qui change à chaque déplacement selon la nature de l’endroit actuel. Enfin, cette application, qui mise plutôt sur les réseaux de proximité, constitue une évolution logique de la démocratisation de l’usage du mobile sur un marché encore mal exploité, tant sur le plan humain que commercial. Restreindre les vues et les publications à un périmètre réduit peut redonner une deuxième vie aux espaces informels que sont les quartiers et booster ainsi les échanges humains. La vision offerte par une telle application pourrait, d’ailleurs, constituer un boost pour d’autres projets et applications qui impacteraient encore plus les utilisateurs appartenant à un même périmètre géographique réduit, tels que les petits commerces, les services à domiciles ou encore les aides fournies. La récente pandémie de Covid-19 a montré les limites actuelles et les difficultés auxquelles sont livrés les différents acteurs locaux, et cette application peut constituer un levier de développement pour ceux-ci.
Les cas d’utilisation d’une telle application semblent nombreux. Profitant de l’anonymisation des personnes, on peut en effet alerter sur tout évènement dans le quartier, ou toute nuisance sonore au sein d’une bibliothèque, ou encore d’alerter sur la présence d’une voiture qui pourrait gêner le stationnement d’une autre. Ceci, tout en préservant l’anonymité de la personne ayant posté cette information. Il est possible à titre d’exemple, de n’accéder qu’à un contenu relatif à une université, ou à un marché, ou une bibliothèque ou tout type d’endroit, à condition de s’y trouver, et de consulter ou poster les messages. Un service de modération est également implémenté, permettant de signaler une publication ou de bloquer une personne même si elle est anonyme.
Quid des interactions directes entre membres ? Elles sont possibles uniquement via commentaire, et non en tant que messagerie ou réaction (J’aime). En effet, la philosophie même de l’application n’est pas basée sur les échanges privés mais plutôt publics.
Dipla offre une vision très originale d’un réseau social, en se focalisant, non pas sur les communautés comme le font les géants actuels du web (Facebook, Twitter, Linkedin, etc.) mais plutôt sur la zone géographique, allant du voisinage à proximité jusqu’au territoire d’une ville en passant par les quartiers. Cette application présente certains atouts qui peuvent être utiles, tout en conservant l’anonymat au choix.
Seif Eddine Akkari