Le ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, Mohamed Fadhel Kraiem, est intervenu, mardi 12 mai, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour défendre le projet de loi n°15/2020 relatif à l’accord de prêt conclu le 30 janvier 2020 entre la République tunisienne et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) sur le financement du programme d’e-Gouvernance et l’accompagnement de la transformation numérique des services administratifs. Après un débat avec les députés, le texte de loi a été adopté par les députés avec 92 voix pour, 9 contre, et 31 abstentions.
Durant le débat, le ministre des TIC a communiqué des informations et statistiques fort intéressantes. C’est ainsi que nous avons appris que ce prêt servirait, entre autres, à financer le raccordement de 2000 écoles primaires et secondaires à Internet. “Nous comptons en Tunisie 6500 écoles. Beaucoup d’entre elles sont déjà connectées à Internet grâce au prêt de la Banque africaine de développement (BAD) et ça été fait sur plusieurs étapes. Ce nouveau prêt qu’on espère voter aujourd’hui va permettre de raccorder 2000 écoles supplémentaires et ce dans le cadre du projet Edunet10”, a déclaré Mohamed Fadhel Kraiem rappelant l’importance de l’éducation numérique pour un Etat qui souhaite basculer ses services et administration au tout digital.
90% des zones blanches éradiquées
Sur ce dernier point, il a noté non sans satisfaction l’évolution positive du raccordement des administrations au très haut débit. “Dans le cadre du RNIA2, nous avons investi 30 millions de dinars pour raccorder 533 administrations au très haut débit avec leur ministères de tutelles et leurs centraux informatiques respectifs. Nous sommes maintenant passés à la phase RNIA3 pour raccorder plus de 600 délégations et sous-délégations”.
Par la même occasion il a fait remarquer les efforts de l’Etat tunisien à éradiquer les zones blanches : “Dès 2017, l’Etat tunisien a commencé à couvrir les zones blanche via le haut débit. Aujourd’hui, nous en avons éradiqué environ 90% de ces zones ; 163 000 citoyens, 132 établissements scolaires et 49 centres de santé de base sont désormais connectés en haut débit”.
Répondant aux critiques des députés sur la qualité de la couverture Internet mobile, le ministre des TIC – qui, rappelons-le, était l’ancien PDG du groupe Tunisie Telecom – a déclaré : “Il reste encore des choses à améliorer, certes, mais il faut se comparer aux autres pays de notre région pour se rendre compte que nous sommes bien meilleurs. Le taux de couverture de la 3G/4G dans les pays arabes est de 91% en moyenne et 79% en Afrique. En Tunisie, nous sommes à 95%.”
Plus de 93% des allocations ont été versées sur le Wallet mobile à la demande des bénéficiaires
Revenant sur le paiement des allocations sociales en réponse à la pandémie Covid-19, le ministre des TIC a expliqué les motifs ayant poussé son ministère et le gouvernement à s’engager sur un décaissement via le téléphone mobile.
“Au départ, il était naturel de passer par la Poste tunisienne pour verser/encaisser les mandats, surtout pour les familles en difficulté ayant le carnet jaune. Quand nous avons donné le coup d’envoi pour le déboursement de ces mandats le 2 avril, il n’y avait pas de problème de congestion. Mais nous étions surpris du nouveau flux de personnes au lendemain de l’annonce.
Nous avons alors mis en place la plateforme en ligne 1017 (lire notre article Les retraités appelés à vérifier par SMS la date de versement de leurs pensions, ndlr) pour que les gens puissent connaitre la date exacte de l’encaissement de leur allocations et éviter les déplacements inutiles.
Nous avons par la suite lancé le code USSD 1021 qui permet aux propriétaires du carnet jaune de s’inscrire pour le Wallet Digital mobile et choisir l’endroit et moyen d’encaissement de l’allocation du mois de mai (lire notre article Tunisie – Allocations sociales: mise à jour des DABs pour accepter le retrait sans carte, ndlr). Sur 360 000 carnets jaune, plus que 93% sont passés par ce wallet pour encaisser le mandat”.
Le ministre des TIC a souligné que la volonté avait suffit pour faire avancer les projets de digitalisation bloquées depuis des années : “C’est durant cette crise qu’on a pu réaliser l’importance de la digitalisation. On a réalisé aussi l’importance du travail collaboratif entre toutes les parties prenantes. Je peux vous dire que pour le Wallet digital nous sommes arrivés à créer de la synergie entre neuf parties prenantes dont la Poste, la SMT, les banques et les ministères. Mais nous nous sommes beaucoup heurté à la bureaucratie. Et j’espère mesdames et messieurs les députés que vous allez nous aider à surmonter cette bureaucratie grâce aux réformes”.
Walid Naffati