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Elissa: Le fiasco commercial de Tunisie Telecom

En publicité, Tunisie Telecom a casqué la bagatelle de «15 millions de dinars pour l’agence Karoui&Karoui et puis 19 millions de dinars pour Bienvu». Ce sont là les chiffres qu’a dévoilés un reportage diffusé sur la télévision nationale au sujet de Tunisie Telecom.

De nouvelles révélations ont éclaté au sujet des dossiers de corruption chez Tunisie Telecom. C’était lors d’un reportage diffusé dans l’émission “Investigation” sur la télévision nationale 1, le mardi 31 mai à 19h.

M. Mohsen Ennahdi, responsable de la coopération internationale chez Tunisie Telecom, a ainsi déclaré dans le reportage que «sur les 3,056 millions de dinars, c’est-à-dire le prix de vente des 35% du capital de Tunisie Telecom, aucune trace n’a été trouvée de cette somme dans le rapport d’activité de la banque centrale de la Tunisie (BCT) de 2006 à 2009». Et pourtant, «la BCT a mentionné que le versement de cette somme était prévu pour 2006».

M. Ennahdi a également noté une dissonance entre le rapport du Fond monétaire international (FMI) et celui de la BCT. En effet et d’après ce responsable de Tunisie Telecom, «le FMI a rapporté que EIT a versé à l’Etat tunisien 915 milliers de dinars en 2006 et 365 milliers de dinars en 2007. Et depuis… rien ! On se demande donc où est passé le reste de la somme», déclare-t-il au journaliste.

EIT a voulu quitter TT à deux reprises

M. Mohsen Ennahdi a par la suite évoqué les frictions qui ont eu lieu entre EIT et l’Etat tunisien. Les Emiratis ont été en effet irrités par les promesses non tenues du gouvernement, notamment sur l’achat des 16% restants du capital de Tunisie Telecom en 2008. «D’ailleurs les Emiratis ont voulu à deux reprises revendre leurs parts et sortir du capital de Tunisie Telecom : en 2007 et en 2008. Mais à chaque fois, l’Etat intervient et trouve un arrangement. Et c’est là qu’on apprend qu’en 2008, les Emiratis rentrent dans le capital de Carthago Airlines de Belhassen Trabelsi et deviennent actionnaires à 33%».

Un autre dossier “chaud” a été évoqué dans le reportage, celui de l’agence de communication et de publicité “Bienvu”. «Après que Tunisie Telecom ait casqué 15 millions de dinars à l’agence Karoui&Karoui durant 3 ans, c’est l’agence d’une proche de Leila Trabelsi qui a raflé le marché», explique M. Abdel Raouf Rabaoui, cadre commercial chez l’opérateur historique. «Elle a obligé Tunisie Telecom à lui signer un contrat d’exclusivité sur 3 ans pour la maudite somme de 19 millions de dinars. Le pire dans cette histoire est qu’elle a touché cette somme en avance en 2009 sur un contrat qui devait couvrir la période 2010, 2011 et 2012».

Elissa, vendue à perte

M. Rabaoui a par la suite parlé du MVNO Elissa : «Cette marque jeune a été gérée et commercialisée par la société “Districom” (société d’un proche du président Ben Ali, ndlr) tout en utilisant le réseau téléphonique mobile de Tunisie Telecom. Et pourtant, c’est Tunisie Telecom qui a tout payé».

C’est ainsi que ce cadre commercial nous apprend que l’opérateur historique a dû «passer par Hannibal Leasing, société créée par une autre proche de Leila Trabelsi, pour pouvoir financer l’achat de 24 voitures pour les unités mobiles d’Elissa. Le comble de l’ironie pour un opérateur qui fait 1,400 millions de dinars de chiffre d’affaire annuel», fait-il remarquer ironiquement.

M. Rabaoui a alors expliqué que toutes les opérations marketing étaient supportées par Tunisie Telecom, même l’achat des cartes de recharges ou des cartes SIM. En contrepartie, «Districom se chargeait du recrutement des vendeurs».

«Districom touchait 16 dinars de commission sur chaque carte SIM vendue. A un certain moment, nous nous sommes aperçus que beaucoup de SIM Elissa ont été vendues mais délaissées par leurs propriétaires. Après vérification, les directeurs se sont rendus compte qu’au lieu de changer une SIM ou de faire la recharge, Districom proposait l’achat d’une nouvelle ligne (à 2 dinars la SIM, avec 4 dinars de bonus inclus, ndlr). Pourquoi ? Parce que c’est plus rentable pour eux».

200 milles cartes de recharge, mais zéro vente

M. Rabaoui a également parlé du fiasco commercial de Elissa : «Au départ, Tunisie Telecom avait commandé 200 milles cartes de recharge de 5 dinars estampillées Elissa. 40 milles ont été mis sur le marché mais personne ne les a achetées. Pour camoufler ce résultat catastrophique, les directeurs de TT ont alors remplacé les cartes de recharge Elissa par celles classiques de Tunisie Telecom. Au jour d’aujourd’hui, nous avons encore 160 milles cartes de recharge de 5 dinars inutilisées dans nos dépôts».

A la fin du reportage, c’est un autre dossier qui a été abordé : celui des centres d’appels de Tunisie Telecom. Une figure syndicale de Tunisie Telecom déclare : «Nous avions nos deux hotlines au Bardo et à la Kasbah, dans des locaux propriétaires de Tunisie Telecom. Mais un directeur a délocalisé le centre d’appels dans un bâtiment loué à 98 mille dinars par mois avec un bus de transport du personnel loué à une société privée à 380 dinars par jour».

Visiblement, le dossier TT est loin d’être clos !

W.N

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