Le mois de Ramadan est le mois de la télévision par excellence. C’est durant ce mois que les chaines télé font le maximum de recettes publicitaires grâce au boom d’audience qu’elles connaissent dès la rupture du jeune jusqu’à des heures très tardives de la nuit. Durant ce mois-là, quelques agences de médiamétrie tentent, non seulement de classer les chaines par audiences, elles analysent également le comportement du téléspectateur devant son téléviseur (la publicité qu’ils ont retenue le plus ou encore les émissions qui ont le plus cartonné par région, etc.).
Le mois de Ramadan est le mois de la télévision par excellence. C’est durant ce mois que les chaines télé font le maximum de recettes publicitaires grâce au boom d’audience qu’elles connaissent dès la rupture du jeune jusqu’à des heures très tardives de la nuit. Durant ce mois-là, quelques agences de médiamétrie tentent, non seulement de classer les chaines par audiences, elles analysent également le comportement du téléspectateur devant son téléviseur (la publicité qu’ils ont retenue le plus ou encore les émissions qui ont le plus cartonné par région, etc.). Pourtant, beaucoup de Tunisiens ont délaissé leur téléviseurs pour adopter un nouveau support pour regarder la télé : le Net. Et c’est l’analyse des statistiques de streamingHD.tn qui a tendance à le prouver.
La plateforme www.streaminghd.tn est un portail qui a été lancé dans le cadre d’un projet pilote par THD.tn en collaboration avec Attouniseya Internet (ex Agence Tunisienne d’Internet, ATI). Mise en production en février 2014, cette plateforme s’est fixée deux objectifs : inciter les Tunisiens à consommer la bande passante locale au lieu de celle internationale et puis avoir des statistiques fiables sur les Tunisiens qui regardent la télé en direct sur le Web.
Pourquoi est-il si important de consommer la bande passante locale ? Parce qu’avec la qualité de service et la e-réputation du pays (lire cet article), tout le monde a tendance à choisir les Data Centers internationaux (en France, USA, etc.). Pourtant ce ne sont pas les Data Centers qui manquent ici en Tunisie. Résultat : pratiquement tout le contenu numérique national est hébergé ailleurs poussant les cyber-compatriotes à consommer de la bande passante internationale à leur insu. D’ailleurs, Tunisie Telecom ne cesse d’en acheter d’avantage, en devise et au prix fort.
Un vrai challenge de qualité pour le réseau Internet national
Or cette politique d’achat a, qu’on le veuille ou pas, une répercussion directe sur le prix des abonnements Internet et des hébergements Web en Tunisie. «Pour qu’on paye moins cher notre Internet, il faut qu’il y ait un rapport de 1 contre 1.5 ou 1.8 au maximum entre le peering entrant et sortant. C’est avec un tel rapport qu’on peut demander un partage des frais d’interconnexion avec le réseau mondial. Or, nous sommes là dans un rapport de 1 contre 6 carrément. C’est pour vous dire combien nous dépensons en devises pour rester connectés à Internet», avait justement déclaré Mohamed Garbouj, DG de Meninx Technologies, lors du salon Africloud à Tunis en février dernier (rappelez-vous).
Bien que l’ATI ne cesse de multiplier les efforts pour retenir le maximum du trafic en local grâce notamment au caching local de quelques services de Google comme Youtube (lire notre article), malheureusement, ceci s’avère très insuffisant avec cette fuite du contenu tunisien à l’étranger et l’hésitation du gouvernement à lancer son Cloud National (lire notre article). La solution qu’a trouvée THD.tn et pour laquelle l’ATI apporte son soutien, c’est de réduire le rapport entre le trafic entrant et sortant en lançant un des services connus pour être grand consommateur de bande passante : le Streaming en ligne.
Réticence des chaines TV à passer par le Web
Mais pourquoi se limiter au streaming live des chaines nationales tunisiennes ? Car nous avons noté une certaine réticence de la part des chaines tunisiennes pour le Net. Pendant qu’ailleurs les télévisions tentent d’exploiter l’interactivité du Net pour avoir plus d’audience et gagner, grâce à leur service digital, plus d’argent, en Tunisie, par contre, nos télés ont tendance à le fuir. Les raisons sont multiples et elles vont d’une méconnaissance profonde du monde du Web à l’absence d’une stratégie digitale de la chaine, en passant par la complexité technique du procédé. C’est ce que nous avons pu relever pendant nos négociations avec les chaines tunisiennes afin d’avoir leur accord pour diffuser leur signal sur www.streaminghd.tn.
Avec 4 chaines seulement au départ (Telvza TV, Al Hiwar Ettounsi, Tounesna TV et Nessma) la plateforme a connu des tentatives de hacking de la part des autres sites de streaming pour récupérer le signal source. C’est alors qu’on a découvert tout un écosystème basé sur le streaming sur le Net tunisien.
Un éco-système basé sur le streaming en cachette
Plusieurs dizaines de sites (parfois hébergés chez Blogspot ou SFR), exploite le streaming pour gagner de l’argent grâce aux Google Adsens et autres services de publicité en ligne. Mais la vraie surprise était du côté de certaines personnes qui vendent le signal émanant depuis leur récepteur à ces plateformes contre quelques centaines de dinars par an.
En découvrant cela, nous avons alors compris qu’il n’était pas du tout nécessaire de «coder» le signal vidéo de streamingHD.tn. Nous avons même poussé l’expérience plus loin en rajoutant le code «embed» pour incorporer le lecteur gratuitement sur n’importe quel site. Une seule restriction a été, toutefois, imposée : le flux ne pourra fonctionner ailleurs que sur ce lecteur.
Grâce à cette politique, le trafic a littéralement explosé. Nous étions rapidement contraint de basculer sur un port de 1 Gb/s qui a vite saturé durant les pics d’audience de la série Harim El Soltan sur Nessma. Après le rajout d’Aljanoubeya et puis Hannibal TV, nous étudions actuellement notre passage sur un port de 10 Gb/s pour engloutir tout ce trafic qui ne cesse d’augmenter avec l’arrivée de nouvelles chaines. Du côté des statistiques, le nombre des personnes qui regardent le flux vidéo de streamingHD (que ce soit directement sur streamingHD.tn ou sur les autres sites qui ont incorporé son lecteur) a augmenté significativement. En moyenne, streamingHD.tn comptabilise entre 20 et 25 mille personnes par jour qui regardent son bouquet de chaines Télé.
En soirée, ce sont les Tunisiens en Tunisie qui consomment le plus le streaming Live
Et ce sont les Tunisiens qui occupent la première place du classement des pays qui se connectent sur StreamingHD.tn, suivis par la France et l’Allemagne qui se fait, par moment, talonner par l’Algérie. On pourrait alors croire que ce sont les Tunisiens dans leur bureau en Tunisie qui regardent le flux streaming des chaines nationales. Pourtant, en analysant les données de la tranche horaire 20h-minuit, on trouve toujours la Tunisie au top des pays qui se connecte le plus à StreamingHD.tn. C’est la preuve indéniable que même avec une télé à proximité, des milliers d’Internautes tunisiens préfèrent passer par leur PC pour regarder nos chaines Télé sur le Net.
Jawhara FM TV et First TV débarquent sur StreamingHD.tn
Le bouquet de StreamingHD.tn s’enrichira dans les prochains jour avec deux nouvelles chaines : Jawhara FM TV (qui affiche pour le moment la Webcam Studio de la radio en attendant le lancement effectif de la chaine) et puis First TV (ex TWT) qui retourne dans le paysage médiatique tunisien après une absence de plus d’une année. First TV émettra dès le premier jour du Ramadan.
Après ces premiers résultats de l’expérience StreamingHD.tn, on s’est interrogé sur les raisons qui pousseraient les Tunisiens à consommer la télé en ligne, qu’elle soit en streaming Live ou VOD. C’est pourquoi nous lançons en partenariat avec Disycs un questionnaire en ligne sur le rapport qu’a l’internaute tunisien avec la télévision sur le Web. Pour y participer, veuillez cliquer sur ce lien.
Welid Naffati
A lire également :
Peut-on prévoir un avenir prometteur pour le Cloud en Tunisie avec des tuyaux vides ?
L’ATI augmente le caching de google et la bande passante avec l’Algérie
Stratégie e-Gov et économie numérique en Tunisie : ça rame encore