La disparité entre la Tunisie et la France en matière d’entrepreneuriat est révélatrice de deux écosystèmes très différents. En Tunisie, une étude d’Innovi souligne que l’environnement entrepreneurial est freiné par des obstacles administratifs lourds et un accès limité au financement, rendant difficile l’essor des startups (lire notre article : Tunisie : L’écosystème Startups fragilisé par les barrières administratives et les financements insuffisants). Ce manque de soutien structurel et financier limite les entrepreneurs tunisiens dans leurs ambitions, contrairement à la France, où des initiatives comme Business France et la French Tech simplifient considérablement la création et la croissance des startups grâce à un accompagnement et des subventions plus accessibles (lire : L’Internationalisation de la Tech Française avec Business France).
Pourtant, en France, il reste encore quelques obstacles à l’égalité des chances de réussite quand on est une femme. L’entrepreneuriat féminin, en effet, rencontre encore des obstacles spécifiques. Selon le Baromètre Bold by Veuve Clicquot 2023, malgré la hausse du nombre de femmes créant des entreprises, l’accès au financement reste une barrière de taille. Seulement 9 % des financements en capital-risque sont alloués à des entreprises fondées par des femmes, ce qui limite leur capacité de croissance. Un autre rapport de la Direction Générale des Entreprises corrobore ces constats, précisant que les entrepreneuses continuent de rencontrer des difficultés pour accéder aux prêts bancaires et aux investissements, et sont souvent sous-représentées dans les réseaux d’influence (voir ce lien).
Ce constat était d’autant plus flagrant lors de notre couverture du Salon VivaTech 2024 qui s’est déroulé en mai dernier à Paris. C’est la raison pour laquelle un collectif des startuppeuses appelé FemTech essaye de changer la donne en défendant la place des femmes auprès des investisseurs, notamment dans les évènements hightech. FemTech a aussi pour vocation de créer des solutions technologiques pour répondre aux besoins des femmes.
La technologie au service des femmes grâce à la Femtech
La Femtech est sans aucun doute l’une des tendances les plus originales qui ont marqué ce salon. Ce collectif 100% féminin, désigne l’ensemble des technologies, produits et services innovants dédiés à la santé des femmes : fertilité, contraception, cycles menstruels, bien-être sexuel, ménopause, etc.
« La Femtech est une industrie au même titre que la fintech qui représente 50 milliards dans le monde aujourd’hui. On accompagne 140 startups qui œuvrent pour la santé des femmes. Leurs spécificités sont que celles-ci sont à l’orée de trois sujets : L’innovation, la santé et l’impact social et aucun autre incubateur ne propose les trois en même temps. Ces startups peuvent ainsi se rencontrer et partager sur les thématiques qui leurs sont propres. Elles ont aussi l’opportunité de se faire connaitre dans l’écosystème du marketing et rencontrer des industriels, financeurs,…» a souligné Juliette Moreau, présidente de l’initiative Femtech France.
Parmi les startups qui ont attiré notre attention, on pouvait citer « Namida », qui est capable de détecter des cancers grâce aux larmes ; « Gapianne », première plateforme digitale française qui accompagne les femmes de manière personnalisée afin de trouver des solutions pour leur santé intime qui propose des soins et des dispositifs médicaux ou encore « Gynger », une messagerie gynécologique destinée aux femmes constituée d’une équipe de soins de 13 professionnels de santé pluridisciplinaire qui répond en temps réel à toutes les utilisatrices pour les aiguiller dans leur parcours de soins et répondre à leurs préoccupations.
Nous avions même rencontré une startup spécialisée dans les troubles du plancher pelvien. Baptisée « Perifit », cette startup propose ainsi une sonde périnéale connectée à une application mobile qu’on insère dans le vagin et qui à travers des mouvements, permettent de jouer à des jeux vidéo ! « On commercialise depuis 2028 une sonde de rééducation pour le périnée avec comme objectif de mettre la technologie au service des femmes. L’objectif est de créer des produits qui vont avoir un vrai impact sur la santé et le bien-être féminins et de remettre sur la scène des conversations et de sujets qui ont longtemps été tabous comme des troubles du périnée qui occasionnent des fuites urinaires, descentes d’organes, … » a précisé Lisa, Directrice commerciale chez Perifit.
Taher Mestiri, l’histoire d’un entrepreneur incompris en Tunisie…
Dans la seconde partie du Podcast spécial Salon VivaTech 2024, nous avons eu l’occasion d’interviewer Taher Mestiri, entrepreneur tunisien fort d’une carrière de 25 ans dans le secteur de l’IT. Il a souligné à ce sujet : « Mon aventure a commencé en 2010 en Tunisie en créant Tunandroid, la première communauté de développeurs Android. J’ai ensuite ramené Google en Tunisie et on a travaillé sur certains projets, j’ai aussi initié la carte technologique internationale auprès de trois ministres de différents gouvernements […]. J’ai également travaillé sur le dossier Paypal qui n’a pas abouti (Il a même voyagé par ses propres moyens pour rencontrer les responsables Paypal et les convaincre malgré les restrictions…). Au début, les négociations étaient bien parties entre Paypal et la banque centrale mais malheureusement, tout a capoté suite à la nomination d’un nouveau ministre et l’apparition d’une nouvelle gouvernance…C’est dommage car ce dispositif de paiement en ligne aurait pu booster l’économie du pays à l’international. Depuis 7 années, rien n’a changé alors que les Tunisiens continuent de vendre leurs produits à des intermédiaires qui les revendent 10 fois le prix. Cela est révoltant ! ».
Taher Mestiri est aujourd’hui l’un des trois cofondateurs de l’entreprise SEABEX, entreprise spécialisée dans la Green Tech qu’on ne présente plus puisque celle-ci a été placée dans le top 10 des entreprises et les startups les plus prometteuses par le World Economic Forum.
Pour écouter l’intégralité du Podcast, cliquez sur ce lien (Partie 1) et ce lien (Partie 2).
Skander B.