Avec l’émergence de la 6G prévue à l’horizon 2030, la connectivité par satellite s’impose comme un élément clé de cette nouvelle génération de réseaux. Parmi les grands acteurs de cette industrie, Eutelsat et OneWeb jouent un rôle essentiel en développant des solutions basées sur des satellites en orbite basse (LEO – Low Earth Orbit). Ces satellites offrent une connectivité plus performante et réduisent la latence par rapport aux satellites géostationnaires traditionnels, ce qui ouvre la voie à une couverture réseau plus homogène et à une complémentarité accrue avec les infrastructures terrestres.
La 6G se distingue par son approche hybride combinant les réseaux terrestres et satellitaires pour une connectivité continue sur les smartphones (voir cet épisode de DigiClub). Cependant, face aux défis rencontrés par la 5G, notamment en termes de déploiement et d’adoption, une question clé se pose : quels seront les véritables changements apportés par la 6G ? Nous avons interrogé Eutelsat/OneWeb, acteur majeur européen dans les connexions satellitaires geo stationnaires et Non Geo stationnaires, en mage du Mobile World Congress 2025 à Barcelone. A noter qu’on n’a pas pu rencontrer en Live les responsables d’Eutelsat/OneWeb au Salon malgré nos moult tentatives. Mais le service Presse a accepté de répondre à nos questions envoyé par email :
THD : Avec l’arrivée prévue de la 6G en 2030, la connectivité par satellite sera clairement un élément clé. Quel sera le principal défi pour la 6G, sachant que la 5G peine encore à décoller ? Sera-ce la compatibilité des téléphones ou la compatibilité des satellites LEO pour les prendre en charge ?
Eutelsat/OneWeb : La demande de connectivité terrestre supplémentaire ralentissant, les opérateurs de réseaux mobiles sont moins enclins à évoluer vers une nouvelle technologie. Il est donc probable que la 6G soit une évolution de la 5G, sans changements fondamentaux, mais avec des optimisations pour des cas d’usage spécifiques. Des réseaux non terrestres seront déployés dans les prochaines années, basés sur la spécification 5G-NTN. Là encore, je ne m’attends pas à un changement radical avec l’arrivée de la 6G, mais plutôt à un fonctionnement plus optimisé. Je m’attends donc à ce que la 6G-NTN s’inscrive dans la continuité de la 5G-NTN, et les problèmes de compatibilité devraient être minimes.
Existe-t-il des risques d’interférences entre les satellites et les réseaux mobiles terrestres sur la 5G ?
La 5G non terrestre (5G-NTN) peut être déployée sur différentes bandes. Certaines sont réservées à l’usage satellitaire, évitant ainsi tout risque d’interférence dans les deux sens. En revanche, certains déploiements sont envisagés sur les mêmes bandes déjà utilisées par les réseaux terrestres. Dans ce cas, l’opérateur mobile doit configurer son réseau de manière à réserver certaines fréquences « libres » pour l’usage satellitaire, faute de quoi le signal terrestre interférerait avec le signal satellite (généralement beaucoup plus faible). Cette coexistence est plus aisée dans les grands pays comme les États-Unis et l’Australie, mais problématique en Europe.
Faut-il créer des entités tierces pour servir d’intermédiaires entre les opérateurs de satellites comme Eutelsat/OneWeb et les opérateurs de télécommunications lors de la négociation des contrats (notamment d’itinérance nationale et internationale) ? Ou ces contrats devraient-ils être gérés directement entre les opérateurs de télécommunications et les opérateurs de satellites ?
Aujourd’hui, opérateurs de satellites et opérateurs de télécommunications dialoguent directement afin d’organiser des démonstrations et de définir la feuille de route des futurs services. Les opérateurs de satellites comme Eutelsat sont habitués à ce type de services « B2B2C », où un opérateur de télécommunications peut combiner le service satellite avec des services terrestres supplémentaires pour créer une offre unique destinée à ses clients. Des tiers pourraient également envisager de fédérer les opérateurs de télécommunications d’une région donnée et de pré-packager des solutions intégrées.
Walid Naffati
