Comme cirque, nous ne pouvons trouver mieux que la politique. La politique qui anime désormais tous nos réseaux sociaux, et qui est devenue le pain courant des Tunisiens Facebookers et Tweetos. En effet, pas une journée ne passe sans apporter son lot de buzz, voire de bourdes de nos chers élus ou non élus, bourdes exploitées à merveille par les internautes. Un peu à la façon de David Letterman, THD vous propose le Top 5 des buzz politiques de cette semaine.
Number Five : Meherziya Laâbidi VS Samia Abbou
En voilà 2 fortes femmes. La première, vice-présidente de l’Assemblée Nationale Constituante, membre du parti majoritaire au pouvoir Ennahdha, souvent sujette aux “scandales” à propos de sa nationalité ou de son salaire ; la 2ème, membre du parti allié au pouvoir, le Congrès Pour la République (CPR) et réputée pour sa position d’électron libre, n’ayant pas une vraie tendance et accusant tout et rien. Lors de la séance du mercredi 21 novembre, suite à une énième interruption de Mme Abbou qui voulait prendre la parole directement sans en avoir l’autorisation, Mme Laâbidi a violemment remis la première à sa place. Une remise à l’ordre jugée insolite par la plupart des internautes, qui ont été nombreux à partager cette vidéo.
Number Four : Sihem Badi, la philosophe
Notre ministre des femmes et de la famille, ironiquement dénommée Ibn Battouta des temps modernes (en raison de ses déplacements incessants pour tous les évènements mondiaux), ne cesse de défrayer la chronique à chaque apparition ou déclaration. Après les “Buvez l’eau de mer”, les photos prises avec les tableaux du dictateur déchu qu’elle avait trouvés au fond des placards de son ministère, voilà qu’elle éblouit d’une phrase digne d’une thèse philosophique. En effet, en visite à la bande de Gaza pour soutenir les Palestiniens, elle a déclaré que les Tunisiens doivent “interagir avec une interaction interactive”, et qu’ils doivent être “interactifs” (نحبو نتفاعلو تفاعل فعلي, لازم نكونو فاعلين). Des déclarations dont seule notre chère ministre connaît le secret.
Number Three : Noureddine Bhiri, accusé malgré lui
La 3ème place de ce Top 5 revient au ministre de la justice, Noureddine Bhiri. Il n’a rien fait, et c’est exactement cette passivité qu’un grand nombre de Facebookers lui reprochent, surtout après la mort de 2 salafistes suite à une grève de la faim, ce qui constitue une première historique. L’absentéisme de M. Bhiri quant à cette affaire, qui s’additionne à d’autres bourdes commises par le pouvoir judiciaire, a fini par exaspérer tout le monde, salafistes, nahdhaouis, progressistes et communistes, qui ont été, fait rare, quasi unanimes dans leur appel à la démission du ministre de la justice.
Le Parti Wafa, la Ligue de Protection de la Révolution et la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme appellent à la démission du ministre
Number Two : Lobna Jeribi, flagrant délit de fraude
Voter pour quelqu’un d’autre, voilà un problème qui avait fait couler beaucoup d’encre auparavant. Ces dépassements, commis par des députés à l’ANC, avaient été constatés quand on avait remarqué que le nombre de voix était largement supérieur au nombre des députés présents. Suite au scandale que cette découverte avait engendré, on a cru que ce genre de pratique serait révolu, avec l’application de l’article 94 du Règlement intérieur, qui stipule que “le vote est personnel”. Lobna Jribi n’a donc pas le droit de voter à la place d’un autre élu. Seulement voilà, la députée d’Ettakattol, Lobna Jeribi, a réitéré cette action, en votant pour 2 autres députés, Jalel Bouzid et Noureddine Mrabti. Ce dernier était d’ailleurs en visite à la prison de Mornaguia.
La nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre et beaucoup d’internautes ont été indignés, voire choqués, de cet agissement, surtout venant de Mme Jeribi, réputée sympathisante des actions en faveur de l’Open Government. Mme Jeribi a d’ailleurs réagi dans la foulée, en essayant, d’abord d’expliquer son agissement, puis, devant les pressions reçues de toute part, de présenter ses excuses sur sa page Facebook. Des excuses qui n’ont pas été acceptées, à en juger par les commentaires relatifs, qui insistent sur le fait que c’est une fraude, et non une erreur, comme l’a prétendue la députée d’Ettakattol.
Lobna Jeribi présentant ses excuses sur sa page Facebook
Number One : Abdel Wahab Maâtar, le gourou de l’emploi
La palme de ce classement revient, sans aucune surprise, à sa majesté Abdel Wahab Maâtar. Déjà hissé au rang des célébrités de ce gouvernement grâce à ses déclarations insolites, comme celle où il énonce que le “ministère de l’Emploi n’est pas chargé de l’emploi”, ou celle où il déclare que “les emplois sont disponibles en Libye, il faut juste que les Tunisiens aient le sens de l’aventure”. Cette fois-ci, il s’agit d’une déclaration en provenance directe d’une autre planète. Il a en effet déclaré que les Tunisiens diplômés seront prioritaires dans le recrutement pour la récolte des olives. On a d’abord cru que c’était juste un encouragement pour les chômeurs, mais non, il s’est avéré que le sieur Maâtar comptait vraiment sur la récolte des olives comme plan de réduction du chômage.
Exemple des moqueries des internautes à propos de la déclaration de Abdel Wahab Maâtar (Page أقوال مدبلجة)
Du jamais vu pour les chômeurs, et les jeunes étudiants, qui ont exprimé leur moquerie et leurs sarcasmes vis à vis de cette annonce surprenante. La cueillette des olives est devenue le sujet courant des Facebookers et Tweetos, certains parlent d’un certain “Stage de 1 an en cueillette des olives” pour avoir un CV solide, d’autres font un amalgame entre la cueillette et M. Lotfi Zitoun (Vu que Zitoun veut dire olive en arabe). Une énième déclaration rocambolesque qui est le sujet des railleries de la sphère depuis mardi, et qui a pour mérite de propulser M. Abdel Wahab Maâtar à la tête de ce Top 5 des Buzz des politiciens sur Facebook.
Seif Eddine Akkari