Le samedi 15 juin 2013 sera une journée mémorable pour les Internautes en Tunisie. Il sera, probablement, un jour de commémoration annuel. Et pour cause : l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) a procédé à l’ouverture des portes de son sous-sol et a dévoilé le matériel de censure qu’utilisait Ben Ali. Plusieurs journalistes et pirates venus des 4 coins du monde sont venus découvrir ce qu’on appelait le fameux Ammar 404.
Le samedi 15 juin 2013 sera une journée mémorable pour les Internautes en Tunisie. Il sera, probablement, un jour de commémoration annuel. Et pour cause : l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) a procédé à l’ouverture des portes de son sous-sol et a dévoilé le matériel de censure qu’utilisait Ben Ali. Plusieurs journalistes et pirates venus des 4 coins du monde sont venus découvrir ce qu’on appelait le fameux Ammar 404.
Dans le cadre des préparatifs du Freedom Online Conference qui s’organise les 17 et 18 juin à Tunis, l’ATI a rebaptisé son siège technique -qui se trouve à El Menzah- en 404 Lab. Une 60 aine de personnes ont répondu présentes à l’invitation, dont la moitié est venue d’autres horizons et à leurs frais, s’il vous plait !
Au sous-sol du 404 Lab, les pirates tentent de faire tomber le système de censure (crédit photo : FO Tunis)
En début de cette journée “portes ouvertes”, Moez Chakchouk, PDG de l’ATI, a salué les invités étrangers de la Tunisie et a remercié toute la communauté tunisienne qui a soutenu l’agence jusqu’au bout dans son combat contre la censure. «C’est un jour mémorable pour la Tunisie et je vois qu’il y a beaucoup de hackers cachés derrière», s’est-il adressé à la foule sur un ton plutôt taquineur. Décontracté et pétillant d’énergie, il a tenu à ce que tout le monde soit à son aise dans l’ancienne citadelle de la censure.
Si on n’est pas là pour le piratage du matériel de censure (remis en fonctionnement ce jour-là en réseau local pour le Workshop ‘Hack For Freedom’) et même si on ne comprend rien dans les techniques de censure, on peut quand même discuter, boire et manger dans le jardin. «On doit travailler ensemble pour que notre lutte contre la censure soit efficace», a conclu Moez Chackchouk.
Ian Schuler, l’un des fondateurs de New Rights Group, un collectif d’hackers qui militent contre la censure sur Internet, a affirmé que leur présence dans cet événement est plus qu’importante pour un pays comme la Tunisie où la liberté acquise reste encore fragile. Même si la moitié de ces hackers venus à l’événement sont Tunisiens, beaucoup d‘entre eux sont de pays comme la France, les Etats-Unis, le Canada ou encore les Pays-Bas. Ces hackers sont-ils venus suite à une annonce ou sur invitations ? «Ce sont des gens qu’on connait et qui ont déjà collaboré dans des projets précédents comme le projet TOR», a répondu M. Schuler. Une communauté de bénévoles qui aident, donc, les internautes de pays où le contrôle du Net les exposent à des dangers et ce, en installant des serveurs proxy. Comme celui que vient d’installer l’ATI. Pas question, donc, qu’un “agent” s’infiltre dans le groupe.
Une performance de Rap improvisée dédiée à Weld El 15
Et pour un pré-évènement, la journée a été assez chargée. En plus du Hack4Freedom, plusieurs workshops se sont déroulés en parallèle dans la salle des conférences de l’ATI. A l’instar de l’atelier ‘Deflect’ ou de ‘Microproxies’. Lors de ce dernier, les hackers se sont réunis pour discuter de la conception et du développement d’une application. Elle aura la tâche d’outrepasser le blocage imposé par un gouvernement en passant par différents relais qui ne sont pas forcement des proxy. Comment ? En injectant, par exemple, un script dans le code source d’un site pour qu’on puisse télécharger le contenu du site censuré via ce serveur.
Ambiance du Hack4Freedom, au sous-sol du 404 Lab
Une journée riche donc en initiatives de tout genre, avec en point de mire la découverte du matériel de censure de Ben Ali. Quelques figures militantes pour la liberté d’expression sur le Net, comme Slim Amamou ou Azyz Amami, ainsi que des rappeurs comme Klay BBJ ont également été de la partie. Slim Amamou s’est même prêté au jeu de se laisser photographier avec la pancarte 404 Lab, au même endroit où, 3 ans plutôt, il a dénoncé la censure de Ben Ali.
A gauche, Slim Amamou en 2010 sous Ben Ali dénonçant la censure. A droite, Slim Amamou revient au même endroit avec un message différent (cliquez pour agrandir)
Plus que des Workshops et des débats, l’ATI a cherché, en effet, à rassembler tout le monde dans le seul et unique but que représente la défense des Libertés sur Internet. Quelle que soit sa forme. Même avec une séance de Rap improvisée dédiée à Weld El 15, un rappeur qui vient d’être condamné à deux ans de prison à cause d’une chanson qui s’attaque à la violence policière en Tunisie.
Ali Achour
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