Les internautes tunisiens sont remontés contre leurs fournisseurs d’accès Internet. Ils les accusent de pratiquer un bridage tacite de la connexion. Leur connexion souffre en effet d’un ralentissement inexpliqué du téléchargement, surtout le soir.
Mais la tension entre les abonnés et les FAI est montée d’un cran ces dernières semaines. Après la levée totale de la censure sur le Net tunisien en fin de janvier dernier, les ralentissements de la navigation sont devenus encore plus manifestes. Probablement à cause d’un bridage plus strict de la connexion de la part des FAI suite à l’explosion de leur consommation de la bande passante.
Pourtant, en contactant leur FAI, les abonnés tunisiens reçoivent des explications contradictoires. Certaines hotlines imputent la responsabilité à Tunisie Telecom. D’autres accusent carrément l’ATI de vouloir limiter le débit comme nouvelle forme de censure de l’information.
«Tout d’abord, je tiens à repréciser que nous n’étions pas chargés de la censure. Après la chute de Ben Ali, nous avons clairement affirmé que c’étaient des agents du ministère de l’Intérieur sous les commandes de Abdelwahab Abdallah (bras droit de Ben Ali, ndlr) qui avaient cette tâche-là», répond un responsable technique de l’ATI. «Concernant la bande passante, nous affirmons que l’ATI ne pratique aucune limitation sur la bande passante internationale. Cette dernière n’est d’ailleurs exploitée qu’à 75%».
Notre source rajoute par la suite que la consommation est facturée au fil de l’eau. En d’autres termes, plus le FAI demande de débit, plus l’ATI lui en donnera. Quant au paiement, «il se fait après la consommation», nous dit-il. Notre interlocuteur affirme également que l’ATI anticipe continuellement les demandes. En collaboration avec Tunisie Telecom, l’agence augmente la vitesse de connexion internationale de sorte de garder une marge de 50% environ entre la capacité totale et la consommation réelle des internautes.
Notre interprétation : l’ATI n’a pas intérêt à brider le débit puisque chaque méga bit est payé par le fournisseur de la connexion Internet.
M. Kamal Saadaoui, ex PDG de l’ATI devenu maintenant PDG de l’Instance Nationale des Télécommunication (INT), affirme pour sa part que «la Tunisie ne consomme actuellement que 38 Gb/s sur les 50 Gb/s disponibles».
Peut-on alors affirmer alors que ce sont bien nos fournisseurs d’accès qui brident la connexion ? A cette question, l’ex PDG de l’ATI tempère : «Il est clair que quelques fournisseurs d’Internet pratiquent un bridage pour limiter les coûts. Mais il faut se mettre en tête que plusieurs éléments peuvent dégrader une connexion. Allant de la ligne du client jusqu’à la liaison internationale en passant par les équipements de Tunisie Telecom».
Cette réponse s’est faite lors d’une récente interview qu’a accordée le nouveau PDG de l’INT, M. Kamal Saadaouià THD. Parmi les points évoqués, M. Saadaoui a parlé de son plan d’action pour améliorer la qualité de la connexion Internet en Tunisie. Nous y reviendrons prochainement.
Welid Naffati
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