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Ce «capharnaüm» appelé le fixe de Tunisie Telecom (2/3)

Ce «capharnaüm» appelée le fixe de Tunisie Telecom (2/3)Avec une activité aussi déficitaire, le fixe de Tunisie Telecom doit bénéficier de toute l’attention des acteurs du marché, du gouvernement et surtout de l’Instance Nationale de Télécommunication (INT). C’est la pérennité de tout un secteur qui en dépend. Et pour cause, avec les besoins croissants en débit et la variété des services sur le Web, la 3G ne peut assurer, à elle seule, cette demande.

C’est la raison pour laquelle le haut débit mobile ne doit pas substituer le fixe et devenir l’accès Internet de référence (lire notre article : Un expert international en TIC déclare : «Je suis très très pessimiste pour la Tunisie»). Or, en Tunisie, tous les indicateurs sont en train de montrer une migration des clients de la téléphonie fixe vers la 3G. Ce dangereux déclin du fixe impactera, tôt ou tard, tout le secteur des télécommunications en Tunisie.

Orange perdante à cause… des pertes de TT sur le fixe

Avec l’obtention de sa licence en 2009, Orange s’est engagé auprès de l’Etat tunisien à lancer ses offres fixes une année max après son lancement commercial en 2010. Bien que la filiale de France Telecom en Tunisie ait eu le choix d’installer son propre réseau fixe, Orange a préféré utiliser le réseau de Tunisie Telecom. Après tout, pourquoi s’hasarder à dépenser des millions de dinars à fibrer toute la Tunisie, et perdre des années à les faire installer, quand le réseau fixe de l’opérateur historique dessert la majeure partie de la population et est à peine exploité ?

Grâce à la technologie du dégroupage, Orange pouvait donc lancer ses propres offres fixes en se basant sur le réseau fixe de Tunisie Telecom. Seulement voilà, plus d’une année après la date butoir, Orange Tunisie se trouve toujours bloqué et ne peut lancer ses offres fixes. Le nouvel entrant n’a pas alors mâché ses mots et a accusé son concurrent d’abus de position dominante.

L’INT aura beau intervenir pour obliger TT à appliquer la décision d’ouverture de sa boucle locale, en vain ! TT finira par contester cette décision devant le tribunal administratif de Tunis en renvoyant ainsi son application aux calendes grecques.

Grâce à ces audits, le temps a donc fini par donner raison à Tunisie Telecom qui n’a pas arrêté de crier sur tous les toits que son fixe est déficitaire et qu’il est urgent de rééquilibrer la redevance avant l’ouverture de sa boucle locale à la concurrence. Entre temps chez Orange, les voyants financiers tardent à passer au vert. Et puis on le sait tous, ce n’est pas le GSM ou la 3G qui fera vivre un troisième entrant sur un marché mobile sursaturé (plus de 100% de pénétration en 2010).

L’Etat dans une situation embarrassante

Si Orange s’est engagé envers l’Etat à lancer ses services sur le fixe en 2011, l’Etat s’est engagé, en contre partie, à n’accorder aucune nouvelle licence du fixe avant 2013. Mais l’année 2012 touche presque à sa fin et Tunisiana vient d’avoir le droit d’exploiter ce type de réseau à partir de janvier 2013. Un calendrier qui met l’actuel gouvernement dans une situation très inconfortable. Une situation héritée de l’ancien régime.

Juste avant la chute de Ben Ali, il y avait une réelle volonté politique d’affaiblir Tunisie Telecom afin de vendre les parts de l’Etat aux Trabelsi, gendres du président déchu en fuite en Arabie Saoudite depuis janvier 2011. Le signe le plus flagrant de cette politique : le document d’introduction en bourse de Tunisie Telecom qui décrit noir sur blanc, avec des données à l’appui, que TT est une entreprise financièrement fragile. Un document peu valorisant pour une société qui s’apprête à être cotée en bourse. Il était donc clair que cette introduction en bourse visait plutôt à fragiliser encore plus l’opérateur historique. Surtout que juste avant la publication, Tunisie Telecom avait décidé de hausser le prix de la redevance du fixe des abonnements grand public de 2,66 dinars/mois à 6 dinars/mois, en un seul coup.

Bien que ce rééquilibrage ait été necessaire, le timing d’une telle décision ainsi que le montant choisi ont été interprétés en fin 2010 comme une volonté de vouloir casser Tunisie Telecom au bénéfice de la concurrence. Une erreur de communication… ou Tunisie Telecom a fini par céder, à l’époque, aux pressions du palais de Carthage ? Difficile de le dire.

A l’approche de la date du 1 er janvier 2013, peut-on affirmer que nous allons droit vers une vraie catastrophe dans le secteur des TIC en Tunisie et dont les répercussions économiques vont plomber davantage l’économie du pays déjà en berne ? Pas vraiment. A suivre.

Welid Naffati

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