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Dégroupage, qualité de connexion et prix de la bande passante dans le collimateur de l’INT

Fraîchement nommé à la tête de l’instance nationale des télécommunications (INT), Kamal Saadaoui nous a ouvert ses portes aux premiers jours de sa prise de fonction. La rédaction de THD a posé ses questions au PDG qui va rester pendant 6 mois en poste à l’INT. Interview

THD : Quels sont les dossiers chauds qui vous attendent à l’INT ?

Kamal Saadaoui : Il y en a 5. Le premier est l’offre technique et tarifaire d’interconnexion entre les opérateurs pour l’année 2011. L’instance doit l’étudier et la valider dans les plus brefs délais : les prix d’interconnexion vont normalement être révisés à la baisse. La deuxième concerne l’Internet. Nous devons en effet réviser les prix de vente en gros de la bande passante aux fournisseurs d’accès Internet pour éliminer les incongruités. Arrivent par la suite la qualité de la connexion Internet et la mise en place de la base d’un écosystème sain des télécommunications en Tunisie.

Les internautes tunisiens se plaignent beaucoup de la qualité de leur connexion Internet. Quel rôle peut jouer le régulateur sur ce point ?

Nous allons faire appel à des sociétés de mesure qui vont relever des données relatives à la connexion des 5 FAI dans plusieurs points de la république, voire même dans chaque quartier pour les grandes villes. Ces données mesureront la qualité de service de bout en bout et les rapports vont nous permettre de connaître le maillon faible. On pourra ainsi contacter les parties responsables pour corriger le problème. C’est là l’intérêt d’avoir un seul vis-à-vis, notamment du côté du client. Et ceci peut se faire grâce au dégroupage et au Bitstream.

Lors d’un récent point de presse, M. Sami Zaoui, secrétaire d’Etat chargé des TIC, a insisté sur le renforcement du rôle du régulateur après sa marginalisation en faveur d’une centralisation des décisions au pouvoir exécutif, laissant ainsi la porte ouverte aux dérives en tous genres. Que comptez-vous faire sur ce point ?

A moyen et long terme, l’INT compte faire une étude sur les défaillances du cadre réglementaire actuel qui ont contribué à sa marginalisation, afin de proposer les améliorations adéquates, selon les meilleures pratiques internationales. Actuellement, l’INT a déjà envoyé un signal fort aux opérateurs en consolidant son rôle de régulateur neutre et indépendant. Conformément à ses obligations définies dans les textes actuels. Il serait utile de signaler que l’INT a, pour le moment, un rôle consultatif sur certains dossiers tels que l’attribution des licences.

Topnet a été rachetée par Tunisie Telecom. Planet est devenue une filiale d’Orange. Quid des autres fournisseurs d’accès ?

Il y a trois hypothèses :

soit ne rien faire et les laisser combattre pour leur survie financière,

soit encourager les opérateurs actuels à les racheter,

soit leur donner le droit au dégroupage et devenir ainsi des opérateurs alternatifs internet grâce à la commercialisation des services de VoD et de téléphonie illimitée.

Pourtant, un problème se pose. L’Etat tunisien s’est engagé envers Orange à ne pas donner de nouvelle licence pour la téléphonie fixe à d’autres acteurs avant 2013. Il faudra donc, et de toutes les façons, étudier toutes les possibilités pour sauver les ‘’petits fournisseurs’’ en envisageant le meilleur scenario. Celui qui ne risque de léser aucune partie.

Mais ce qui est le plus urgent maintenant afin de limiter les pertes de ces ‘’petits fournisseurs Internet’’, c’est de revisiter la grille tarifaire de vente de Tunisie Telecom pour sa bande passante.

Il faut savoir que plus un fournisseur internet achète de bande passante auprès de TT via l’ATI, plus le prix unitaire chute. De ce fait, plus un FAI dispose d’un grand nombre d’abonnés, moins chère sera sa facture à la fin du mois et vice versa.

Ainsi, à cause de cette grille, on a pu noter des dérives de certains FAI : ils ont recours au bridage de la bande passante pour limiter la consommation de leurs abonnés et réduire ainsi leur dépense. C’est pourquoi, certains de ces ‘’petits FAI’’ vendent maintenant à perte leur abonnement ADSL : ils réduisent leur prix pour s’aligner sur celui des grands FAI, tout en achetant plus cher que ces derniers leur bande passante.

Propos receuillis par Welid Naffati

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