«Il est grand temps de passer à l’IPv6. Sinon, on deviendra une sorte d’îlot plus ou moins isolé du reste du monde», a affirmé Adiel Akplogan, président de l’Afrinic, lors du Workshop sur l’IPv6 qui s’est déroulé le vendredi 26 avril, à Tunis. Et ce monde-là, c’est celui d’Internet. Actuellement, les réseaux parlent dans un langage commun. Celui des adresses IPv4. Cette chaîne numérique de 12 chiffres maximum (exemple : 193.146.81.20) qui identifie chaque machine (et donc chaque personne) connectée au réseau mondial.
«Il est grand temps de passer à l’IPv6. Sinon, on deviendra une sorte d’îlot plus ou moins isolé du reste du monde», a affirmé Adiel Akplogan, président de l’Afrinic, lors du Workshop sur l’IPv6 qui s’est déroulé le vendredi 26 avril, à Tunis. Et ce monde-là, c’est celui d’Internet. Actuellement, les réseaux parlent dans un langage commun. Celui des adresses IPv4. Cette chaîne numérique de 12 chiffres maximum (exemple : 193.146.81.20) qui identifie chaque machine (et donc chaque personne) connectée au réseau mondial.
Mais d’ici la fin de cette année, beaucoup de pays commenceront à parler un «autre langage». Celui des adresses IPv6. Ces dernières sont composées de 32 caractères, en chiffres et en lettres (exemple : 2001:db8:0:85a3:0:0:ac1f:8001). Cette forme d’IP permet de connecter des milliards et des milliards de machines à Internet. Celle en v4, par contre, ne permet de connecter que 4 milliards de personnes.
La 3G, le mal qu’on voyait venir
Or, avec l’explosion des Smartphones, de tablettes et tout autre périphérique «intelligent», ainsi que le déploiement à grande échelle de la 3G, ces IPv4 ont vite été exploitées. Depuis une année, le monde est officiellement en pénurie d’adresses IPv4.
Cette saturation a pour conséquence que vous pourriez, un jour, attendre votre tour pour vous connecter jusqu’à ce qu’une adresse se libère. C’est donc la pérennité de l’Internet et de toute l’économie mondiale qui est en jeu.
«Etant un registre, nous avons prêté une attention particulière aux spécificités de chaque région dans les ressources en IP», explique M. Akplogan au début du Workshop «L’Afrinic a commencé par proposer des formations gratuites dans la gestions des ressources IP, comme c’est le cas pour la Tunisie aujourd’hui. Les règles et politiques de gestion des IP doivent se faire au niveau de l’opérateur et FAI. D’autant plus que l’Internet est devenu mobile. Demain, ça sera les objets qui seront directement connectés (la fameuse technologie Machine To Machine, ndlr). Donc la compréhension et la gestion des ressources d’Internet sont devenues une nécessité. Aujourd’hui, il n’y plus de ressources en IPv4. Et malgré ça, l’Afrinic a pu en sauvegarder quelques 8 millions. Ce qui permet la transition en toute quiétude vers l’IPv6. Encore faut-il commencer la migration maintenant».
Payer plus cher pour se connecter à Internet
«Les autres régions, par contre, sont bien connectées en IPv6. Il y aura un jour où ils trouveront des difficultés à se connecter à notre région (africaine, ndlr). Vu l’incompatibilité des deux réseaux, les autres pays pourraient nous demander des frais», poursuit-il.
En termes plus clairs, et en prenant le cas de la Tunisie, il est possible que nous payons plus chère notre connexion pour qu’on puisse passer sur le réseau international, si on ne se décide pas à basculer vers l’IPv6.
Alain Aina de l’Afrinic, lors du Workshop sur l’IPv6 à Tunis
«On n’arrête pas de défendre le schéma de formation d’un parti multi-acteurs pour parler de la bonne gouvernance d’Internet. Mais ce que j’ai remarqué, ce que nous faisons, c’est justement parler. On n’arrête pas de se réunir, de discuter et de débattre sur les problèmes. Mais après ? Rien. Quand est-ce qu’on va se décider, enfin, à agir ?», s’est demandé Alain Aina, formateur chez l’Afrinic, en interpellant les invités du panel. «Je pense que notre approche de l’Internet doit changer», conclut-il en insinuant que cette ouverture à tous les acteurs du Net, dont la société civile, n’est que de façade. En gros, c’est une question d’image, ni plus ni moins.
Clash entre l’Afrinic et l’ICANN
Cette intervention a visiblement irrité au plus haut point le représentant de l’ICANN dans ce Workshop, Tijani Ben Jemaa, qui s’est lancé dans une diatribe contre la proposition de M. Aina au point d’utiliser le tutoiement. «Je ne suis pas d’accord avec toi. Pourquoi veux-tu revoir ce modèle ? S’il te plait, ne le demande plus». Carrément !
Dans une tentative de calmer les esprits et de recadrer la discussion, le modérateur du Workshop, Kamal Saadaoui, PDG de l’Instance Nationale des Télécommunications, a demandé à M. Ben Jemaa son avis sur le travail qu’a entrepris l’ATI dans le déploiement de l’IPv6 depuis au moins 5 ans. «Oui, l’ATI est déjà prête au passage au tout IPv6. Mais sans l’engagement des opérateurs et des fournisseurs d’accès Internet, ça sera insuffisant», répond-il. «Je ne comprends pas pourquoi ils (les opérateurs et les FAI, ndlr) s’éternisent à déployer l’IPv6 sur leur infrastructure. Un jour, ça sera trop tard».
Trop tard parce qu’ils devront, eux-mêmes, non seulement mettre à jour leur infrastructure à la vitesse grand-V (avec des risques de pannes), mais également rappeler tous les modems de leurs clients pour les changer par de nouveaux compatibles avec l’IPv6 : soit des coûts énormes difficiles à supporter sur une courte période.
Et c’est là que Tunisie Telecom a pris la parole pour se défendre et jeter la responsabilité sur les fournisseurs d’accès. A suivre.
Welid Naffati
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