Cette phrase magique est sortie de la bouche d’une jeune fille voilée que la rédaction de Tunisiehautdebit.com a rencontrée le mardi 24 mai. Le lieu ? Le siège d’Ennahdha. Nous nous sommes en effet rendu dans les bureaux de ce parti politique pour une interview qui aurait dû se dérouler il y a un mois. Passons. A l’accueil, cette fille qui s’est présentée à nous comme une simple salariée de l’opérateur historique, est venue demander, et avec insistance, la rencontre d’un représentant d’Ennahdha.
A l’accueil, un monsieur d’un certain âge s’est affiché avec beaucoup de patience et de courtoisie. Un cadre d’Ennahdha a fini par descendre et discuter avec la jeune fille. Dans la salle d’attente, la demoiselle a commencé par présenter l’action sociale du syndicat PTT et les raisons de ces grèves. Photocopie des PV de réunions en mains, la jeune demoiselle a entamé son plaidoyer par l’affaire des 63 contractuels aux ‘salaires mirobolants’.
Si, en gros, la jeune demoiselle est restée fidèle aux enchainements des évènements, elle a par contre fait fausse route dans les raisons du blocage. Adoptant un discours purement syndicaliste, accusateur envers la direction et loin de la réalité du terrain, cette demoiselle a fini par lâcher au représentant d’Ennahdha : «Je compte sur votre soutien pour faire réussir notre mouvement».
Nous nous sommes permis de rectifier quelques détails, par rapport aux faits. Contrariée par cette intervention, la jeune fille a affiché une attitude plutôt agressive.
«Vous ne pensez pas qu’avec tous ces mouvements, vous êtes en train de bloquer la situation, de piéger les clients et de conduire Tunisie Telecom à la faillite ?» Lui avons-nous demandé la question.
Dépitée, la jeune demoiselle a répondu agressivement : «Oui, nous voulons que Tunisie Telecom fasse faillite et qu’elle soit nettoyée». Une réaction épidermique que nous n’avons pas pris au sérieux.
Après 5 minutes, la jeune demoiselle a demandé à s’éloigner avec le représentant d’Ennahdha vers un lieu moins exposé, nous avons tenu tout de même à lui réitérer la question: «Vous n’étiez pas sérieuse en nous disant cela tout à l’heure. N’est-ce pas ?». «Si, si. Je suis sérieuse», nous rétorque-t-elle sans la moindre hésitation.
Le syndicat PTT cherche-t-il à faire alliance avec Ennahdha pour pousser Tunisie Telecom vers la faillite, afin de la nettoyer des résidus de l’ancien régime ?
Nous avons contacté M. Mongi Ben Mbarek, secrétaire général du syndicat PTT pour avoir une réponse officielle sur ce sujet : «Nous n’avons envoyé aucune personne au parti Ennahdha. On ne contacte jamais les partis politiques pour les rallier à notre cause, c’est plutôt eux qui viennent vers nous. Et puis de tels propos sont inadmissibles ! Ca ne m’étonnerait pas que cette fille soit une émissaire dont le but est de salir notre mouvement».
A la fin de son entretien avec le représentant d’Ennahdha qui l’a accompagnée jusqu’à la porte de sortie, la jeune fille a réitéré sa demande de soutien au mouvement du syndicat et l’a invité à consulter leur page facebook «Tunisie Telecom propre».
Le moment de notre rendez-vous est venu. Nous avons rencontré M. Ridha Saidi du bureau politique d’Ennahdha. On s’est convenus de retarder l’interview d’une semaine supplémentaire. Le temps que le parti puisse finir les derniers détails de leur programme électoral. Nous avons alors demandé à M. Saidi s’il y a des relations entre Ennahdha et l’UGTT (lire notre article : Sfax : Le parti Ennahdha chez l’UGTT soutien les grèves de Tunisie Telecom).
Notre interlocuteur s’est étonné de tels faits dont il n’était pas au courant. C’est pourquoi M. Saidi a préféré s’abstenir de tout commentaire. «De toutes les façons, Ennahdha a été catégorique sur le sujet», nous déclare-t-il. «On respecte toutes les revendications syndicales. Mais la situation (économique, ndlr) du pays ne peut supporter pour longtemps de telles actions. C’est l’heure du travail pour bâtir une Tunisie meilleure. On y arrivera pas avec toutes ces grèves».
Welid Naffati
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