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Moncef Marzouki : «Je suis contre la privatisation totale de Tunisiana et d’Orange Tunisie»

«Il est impossible de bâtir quelque chose de solide sur une base pourrie, même dans le secteur des télécoms», nous a déclaré Dr. Moncef Marzouki, président du Congrès pour la république (alias Mottamar). C’était dans le cadre de l’interview réalisée par Malissonline.com et thd.tn afin que les partis politiques et listes indépendantes présentent leur programme TIC pour la constituante.

Fidèle à son principe de «la punition avant la réconciliation», le docteur Marzouki a insisté sur la nécessité d’isoler et de punir tous ceux et celles qui ont pillé le secteur des télécoms en Tunisie.

Mais peut-on dans ce cas considérer la nationalisation partielle des deux opérateurs mobiles privés Tunisiana et Orange Tunisie, comme une solution efficace pour nettoyer le système de la corruption ? «Soyons clairs sur une chose. Ce n’était pas une vraie privatisation puisqu’il n’y avait pas de transparence», explique-t-il. «La privatisation a débuté sur des pratiques infâmes, qui ont contribué à l’enrichissement de quelques personnes sur le dos du peuple. De ce fait, et pour l’intérêt général, l’Etat doit rester actionnaire dans le capital de Tunisiana et Orange Tunisie. Du moins pour le moment».

Anéantir Ammar 404 à jamais

Concernant le fameux sujet de la censure, le Docteur Marzouki a été clair sur ce point. «En plus d’être une pratique d’un autre âge, la censure est un faux débat. Le véritable danger d’internet, n’est pas dans l’accès aux sites à contenu inapproprié, mais dans la possibilité d’espionner la vie privée des gens. Le futur ministère des TIC devra travailler activement pour garantir la protection de la vie privée des internautes».

«Le monde arabe a raté la révolution industrielle du XIXème siècle. La révolution technologique est une occasion pour combler un retard qui n’a que trop duré, et qui placera notre pays à la hauteur de la Norvège ou la Suède», dira-t-il à propos des bienfaits des technologies de communication pour l’économie.

Mais cette révolution, comment la réaliser ? Dr Marzouki nous répond alors que «c’est surtout avec la libération des TIC, qui va encadrer voire même guider la démocratie. Les TIC doivent être aussi utilisées dans plusieurs domaines, notamment le milieu hospitalier. Je suis médecin. Savez-vous que jusqu’au jour d’aujourd’hui on ne peut pas recenser les médicaments en stock dans les hôpitaux ?».

«Je ne suis ni informaticien ni technicien»

Bien qu’il se déclare «ni technicien ni informaticien», le président du parti aux lunettes vertes et rouges, soulignera tout de même que les bases de la démocratie politique et sociale passent par la démocratisation des technologies de communication dans le quotidien du Tunisien.

D’autant plus que les TIC sont aussi une solution très efficace pour améliorer un système éducatif trop traditionnel et qui ne profite pas de cette poussée technologique.

M. Marzouki se dit en effet scandalisé de voir des enfants porter quotidiennement des cartables de 30 kg sur le dos, alors qu’un simple ordinateur fourni par l’école suffit aux cours. «Il est désormais grand temps de démocratiser l’utilisation des TIC de manière plus accrue dans tous les domaines, c’est pour cela que nous proposerons tout un ministère qui se chargera de promouvoir ce secteur. Via la création dans toutes les régions en Tunisie des technopoles».

Open Government et Opensource

«Le CPR est à 100% d’accord avec le concept de l’Open Government», nous déclarera-t-il par la suite. Car c’est dans la «transparence totale qu’on peut garantir l’éthique politique», dixit Dr Marzouki.

Un gouvernement transparent, mais aussi une constitution transparente. «Les Tunisiens auront la possibilité de participer à la rédaction de la constitution du pays en mettant à leur disposition le brouillon de cette constitution sur Internet».

Concernant l’utilisation des logiciels libres. Dr. Moncef Marzouki déclare qu’il est à 100% pour les logiciels Opensource. «L’utilisation de ces logiciels est très bénéfique, car ils permettront de réduire la dépendance de l’Etat envers les grosses compagnies technologiques, soutenues par les puissances étrangères». Rappelons que le CPR était le 1er parti à appeler à l’utilisation exclusive de ce genre de logiciels dans les administrations et les services publics (lire notre article).

Seif Eddine Akkari

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