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Sihem Ben Sedrine: «Beji Caid Essebsi a dit oui, la police politique dit non»

«Si on ne nous donne pas l’autorisation pour diffuser Radio Kalima (sur la bande FM, ndlr), nous passerons aux moyens forts et allons mener une campagne de dénonciation sur les médias étrangers», lance Sihem Ben Sedrine sur un ton menaçant aux journalistes qui ont assisté à la conférence de presse d’urgence au local de Radio Kalima le samedi 7 mai dernier.

Le statut urgent de la conférence s’explique par l’attaque pirate qui a ciblé le site de Radio Kalima la veille, tard le soir. «Nous avons subi un DDOS (une attaque informatique qui inonde le serveur de requêtes afin de le saturer et de le mettre hors service, ndlr) pendant une heure entière qui nous a privés d’accéder au serveur et de le remettre en marche», déplore le webmaster du site de Radio Kalima.

«Cette attaque pirate qui a rendu le serveur injoignable, a coïncidé avec la sortie d’une rumeur sur facebook selon laquelle Radio Kalima annonçait un cout d’Etat militaire en Tunisie», surenchérit Mme Ben Sedrine, et accuse solennellement la police politique de Ben Ali d’être derrière cette manœuvre afin de la déstabiliser et décrédibiliser sa radio.

Radio Kalima et la bande FM

Cette conférence de presse était également l’occasion pour Sihem Ben Sedrine de clamer son droit à obtenir une licence de diffusion de sa radio sur la bande FM et non seulement sur Internet. «Nous avons déposé notre demande au Premier ministère. Nous avons eu des contacts directs avec Beji Caid Essebsi (BCE), le premier ministre, qui a soutenu la légitimité d’existence de Radio Kalima sur les fréquences hertziennes».

L’ONT a annoncé récemment qu’il était en cours d’étude d’un plan de redistribution des fréquences afin de pouvoir satisfaire la 40 aine de demandes en attente chez le ministère (Lire : Une quarantaine de chaines de radio/télé en attente de lancement en Tunisie), Pensez-vous que votre demande soit juste en attende de ce plan ? Lui avons-nous demandé. A cette question Sihem Ben Sedrine répond : «BCE a demandé au secrétaire d’Etat chargé des TIC, Adel Gaaloul, de voir en urgence quelles sont les fréquences encore disponibles. Il y en a deux : une pour nous et l’autre pour Radio 6.

Le Premier ministre a alors contacté l’Instance Nationale Indépendante pour l’Information et la communication (INIIC) pour avoir son feu vert et signer l’autorisation. Depuis trois semaines, la demande de BCE est restée au statu quo malgré les multiples relances. L’INIIC ne fait que reporter la décision. On dirait que l’instance tente de gagner du temps avec l’approche des élections et laisser uniquement les médias qui étaient avant Pro-Ben Ali dans la course».

Un co-administrateur de la radio a nuancé par la suite les propos de Mme Ben Sedrine : «Il faut avouer que la majorité de la commission est pour qu’on nous donne la licence». Sihem Ben Sedrine a alors clairement épinglé le président de l’INIIC, M. Kamal Laadibi, en affirmant qu’il est en train de «subir des pressions et des lobbyings qui l’obligent à ajourner à chaque fois sa décision».

Les financements de Radio Kalima

Que répondez-vous aux personnes qui s’interrogent sur les financements de la radio ? «Notre radio était financée jusque-là par des institutions mondiales et depuis peu par des hommes d’affaires tunisiens. Nous sommes prédisposés à publier l’audit de notre compte sur le site Web de Radio Kalima. Mais je ne comprends pas pourquoi on nous pose à nous cette question. Pourquoi on n’en fait pas de même pour les autres radio FM privées (Mosaique FM, Shems FM, Express FM et Jawhara FM, ndlr)». Grâce à la publicité non ? Lui avons-nous demandé. «Soit. Mais à leur début, comment ont-elles été financées ?», rétorque-t-elle avec vivacité.

W.N

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