Nul ne peut nier l’importance des données informatiques, que ce soit au niveau personnel ou professionnel. Entre les e-mails, les bases de données des clients ou la gestion des stocks, une entreprise est confrontée, de plus en plus, à une grande quantité d’informations numériques qu’elle doit préserver de toute tentative de vol ou de risque de destruction.
D’après les statistiques, 80 % des entreprises ayant perdu leurs données informatiques font faillite dans les 12 mois qui suivent. Or, les menaces ne se limitent pas seulement aux seules actions de piratage, mais également aux catastrophes naturelles.
Si les efforts des opérateurs (tels que Tunisie Telecom) et des éditeurs de solutions cloud ont réussi à sécuriser davantage les données des entreprises grâce à l’externalisation (comme le Cloud Computing par exemple), ces dernières courent toujours des risques. Et pour cause : «Trois niveaux de menaces peuvent faire perdre à une entreprise ses données», nous explique Samy Chapoutot, promoteur du projet Meninx Technologies. «Il y a tout d’abord les risques cataclysmiques tels que les tremblements de terre, inondations et autres catastrophes naturelles. Ensuite viennent les défaillances d’infrastructures, les risques sociaux (comme les grèves ou les actes de vandalisme) et finalement les erreurs humaines. C’est la raison pour laquelle les grandes banques exigent que leurs données soient sauvegardées dans une deuxième plateforme éloignée de 60 kilomètres au minimum du premier Data Center pour répondre aux normes internationales “Bale2″».
C’est d’ailleurs l’une des raisons d’être de Meninx Technologies. A quelques kilomètres de Sousse, soit à une centaine de kilomètres de tous les Data Centers tunisois, ce jeune chef d’entreprise de 42 ans, a édifié un Data Center aux normes internationales sur une surface de 250 m2, extensible jusqu’à 1000 m2. Ce nouvel acteur de l’hébergement compte lancer son activité commerciale durant le premier trimestre 2013.
«Depuis le déclin du Frame Relay en Tunisie, les différents acteurs du marché ont perdu l’expérience de la salle blanche», explique le DG de Meninx Technologies qui a flairé depuis 2003 le potentiel d’un business basé, justement sur la salle blanche (communément appelé Data Center).
Portant son projet à cœur, Samy Chapoutot réussira à lever les fonds nécessaires grâce à Meninx Holding, un groupement actif dans l’immobilier, le commerce, l’industrie et les services financiers et qui gère des participations dans les plus importants établissements financiers de la place. «Meninx Technologies est 100% tunisien. Du financement jusqu’à la main d’œuvre qui a mis sur pied tout le Data Center en passant par les ingénieurs qui ont fait l’étude», s’enorgueillit-il.
Et pour réussir son projet, cette nouvelle Startup n’a pas lésiné sur les moyens : système de détection d’intrusion, contrôle d’accès biométrique, vidéo surveillance 24h/24, filtrage de l’air pour détecter un début d’incendie, un groupe d’eau glacée incluant le free-cooling, deux faisceaux d’alimentation distincts de la STEG, groupe électrogène pouvant tenir tout l’édifice sous courant électrique durant une semaine, deux liaisons de fibre optique en IPMPLS de Tunisie Telecom (etc.). Bref, soit plus de 8 millions de dinars d’investissement et trois ans de travail acharné.
Mais cet ancien élève du collège Sadiki, ne compte pas s’arrêter là. Ne voulant rien laisser au hasard, 4 autres liaisons en IPMPLS avec les deux autres opérateurs de la place sont en cours de raccordement. Soit autant de garanties pour la disponibilité des serveurs et ce, quelles que soient les conditions.
Or, avec la multiplication des liaisons internationales entre la Tunisie et l’étranger (Sea-Me-We-4, Hannibal et Keltra) et des opérateurs qui les exploitent (Orange pour le premier, Tunisie Telecom pour les deux derniers et prochainement Tunisiana via une nouvelle fibre entre l’Italie et la Tunisie), Meninx Technologies vise désormais à faire du pays des Jasmins un hub régional des télécoms afin d’offrir au tissu économique national une infrastructure capable de nourrir les ambitions du pays.
Welid Naffati
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