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Tunisie : les points négatifs du programme du PDP

122, est le nombre de points autour duquel s’oriente le programme électoral du Parti Démocratique Progressiste (PDP). Un programme qui se veut innovateur, original et surtout complet dans tous les domaines. La grande originalité contenue dans ce programme réside dans la proposition du parti à améliorer le «e-government». Ce concept consiste à rendre les services publics beaucoup plus accessibles et beaucoup plus simples en utilisant le Net.

Le PDP propose également l’installation d’un état civil biométrique. Utile pour répertorier les citoyens. On peut ainsi émettre les documents civils tels que les passeports ou les cartes d’identité en ligne. Ou encore étendre le système de paiement des factures. Ceci permettra aux citoyens et à l’administration tunisienne un gain considérable en temps, argent et surtout en qualité de service.

Le projet est ambitieux certes, mais nécessite beaucoup d’efforts de la part de l’Etat. On serait satisfait, néanmoins, de le voir s’accomplir sur le terrain car il changerait vraiment le visage du pays.

Conscients du rôle des Technologies de l’Information et de Communication (TIC) comme instrument de modernisation de l’économie et de son essor, et surtout comme secteur particulièrement efficace à créer de l’emploi, le PDP ne lésine plus sur les solutions apportées pour ce secteur.

En effet, le programme du parti de Maya Jribi inclut surtout le lancement de projets nationaux ayant pour but de gouverner électroniquement toute sorte d’entreprises et d’administrations étatiques ou privées, ou de promouvoir le commerce électronique, marché en phase de naissance dans notre pays. On remarque aussi l’intérêt que porte le PDP sur les services à forte valeur ajoutée. C’est ainsi qu’il préconise la mise en place des programmes de recherche et de développement (R&D) axés, justement, sur ce type de services. Les exemples proposés sont le web banking, la TV mobile et les applications Smartphones.

Malgré des points certes ambitieux, il n’en demeure pas moins vrai que ce programme se trouve amputé de beaucoup d’idées élémentaires. Il reste donc en-deçà des attentes de la communauté technophile tunisienne.

L’une de ces idées est l’instauration de quelques droits concernant l’accès à la technologie, citant l’exemple le plus simple et le plus abordable : le droit à l’accès internet haut débit pour chaque citoyen.

L’idée n’est pas nouvelle en soi puisqu’elle a été l’objet de nombreux débats dans plusieurs pays. Le 1er pays ayant déclaré ce droit a été l’Estonie, en 2004, suivie de la Finlande, en 2010. Ce beau pays scandinave oblige les fournisseurs d’accès Internet (FAI) à assurer à chaque Finlandais une connexion de 1Mb/s. Si dans un pays où l’immense désert glacial peut entraver la desserte de la connexion aux habitants éloignés des villes, la Tunisie ne peut-elle en faire de même, surtout avec un climat plus clément que nos amis scandinaves ? D’autant plus que l’Espagne, un pays avec qui on partage beaucoup de points communs, compte déclarer, prochainement, l’accès à l’Internet haut débit comme un droit constitutionnel.

Le PDP a donc superbement ignoré dans son programme ce point. Les férus de technologies en Tunisie en prennent acte !

Deuxième déception, mais plus grande encore, est l’absence totale de toute mention se rapportant à la censure. La fameuse censure d’internet qui a été l’un des éléments déclencheurs de la révolte générale en janvier 2011. Le Ammar 404 continue de rôder et par voie légale avec l’affaire de censure des sites pornographiques. Cause défendue par certains avocats qui se posent à tort en « protecteurs des mœurs et de l’enfance », profitant de l’ignorance d’une large frange de la population.

Cette affaire a fortement indigné la communauté internet, qui voit en cette opération les prémices d’un retour en force de la censure, et surtout un gaspillage énorme de ressources financières qui serviraient bien à autre chose qu’à masquer inutilement quelques sites.

L’absence de la question de la censure dans le programme électoral du PDP a donc profondément déçu les internautes tunisiens, qui voient en cet oubli une négligence totale des partis sur ce sujet qui pèse lourd sur le cœur des Tunisiens. Plus grave encore : les partis politique, le PDP inclus, semblent tolérer cette pratique et parfaitement s’y accommoder.

A quelques semaines des élections du 23 octobre, les partis politiques continuent donc à rester fidèles à eux-mêmes : idées et programmes sclérosés d’un autre temps. Pendant qu’aux Etats Unis le Data est devenu plus précieux que l’Or (les connexions à très large bande et le stockage des données dans des énormes Data Center), chez nous, les partis politiques continuent encore à afficher, non sans fierté, un programme qui reflète clairement leur ignorance en matière de TIC.

Seif Eddine Akkari

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