«Qu’ils dégagent. C’est ca, ou ça sera la grève générale», a clamé un des salariés de Tunisie Telecom lors d’un sit-in organisé le samedi 12 février au siège du secrétariat d’Etat des Technologies de la communication au centre ville de Tunis. «Avec notre âme, avec notre sang, on te défendra (Tunisie) télécom», crie la foule en arborant des pancartes demandant le départ des opportunistes de Tunisie Telecom.
Mais qui sont ces opportunistes ? Nous leur avons posé la question. «Ceux sont les envoyés de l’ancien régime. Ils étaient là pour défendre les intérêts des Trabelsi et fragiliser l’entreprise. Ils voulaient dévaloriser Tunisie Telecom pour qu’ils puissent la racheter pour des miettes», répond une employée de la direction centrale de l’opérateur historique.
«A l’échelle nationale, il y a un code du travail qui s’applique», rappelle Haissem Weslati, cadre chez TT. «Tunisie Telecom ne peut recruter que par voie de concours. Qu’elles soient titulaires ou contractuelles, les nouvelles recrues doivent avoir un contrat répondant au règlement interne de l’entreprise. Or, ces contractuels n’ont pas été recrutés par voie de concours nationale. Pire encore, ils ont des salaires et des primes qui ne répondent pas à la grille salariale de l’entreprise».
En 2006, Tunisie Telecom a fait l’objet d’une privatisation partielle avec l’entrée dans son capital à hauteur de 35% du consortium formé par DIG (Dubai Investment Group) et TECOM, filiale de Dubai Holding, consortium aujourd’hui dénommé EIT (Emirates International Telecommunications (Tunisia) FZ – LLC).
«Il y a des personnes qui ont été recrutés par EIT et qui ont des salaires élevés», intervient une employée de la direction générale. «On nous les a présentées comme étant des compétences manquantes à l’entreprise. Et pourtant, ce n’est pas les têtes qui manquent chez Tunisie Telecom. Pis encore : ces mêmes ‘’compétences’’ font ponctuellement, pour ne pas dire tout le temps, appel à des cabinets de conseil payés au prix fort pour appliquer leurs préconisations. On finit par se demander s’ils ne sont pas là uniquement pour pomper encore plus l’argent de cette entreprise publique».
«Beaucoup d’entre eux sont des serviteurs du clan Trabelsi», intervient un autre salarié de l’entreprise. «Savez-vous que Tunisie Telecom loue beaucoup d’immeubles à la famille de Leila Trabelsi et ses proches ? La dernière des dernières : le centre de la hotline qui devait être installé à la Kasbah sur un terrain dont Tunisie Telecom est propriétaire. Finalement, il a fallu que Belhassen Trabelsi bâtisse un immeuble à la Charguia pour que ses serviteurs se précipitent pour le louer et y mettent le centre de service clients !».
Les mêmes revendications ont été évoquées par un autre groupe de salariés de Tunisie Telecom durant ce sit-in. «Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir profiter et surfer sur la vague de la révolution des martyrs à des fins purement salariales ?», les avons-nous interrogés. «Nous n’avons pas demandé une augmentation. Nous voulons stopper l’hémorragie des dépenses inutiles. Tout cet argent n’est-il pas plus utile à nos régions et aux personnes en nécessité ?».
Si on devait donc résumer les propositions des salariés de TT lors de cette manif, ça serait: Nombre de pays étrangers ont décidé de geler les avoirs du clan des Trabelsi et autres compères sur leur sol. Il est temps que nous commencions à balayer devant notre porte ! Il faut remettre à plat les appels d’offres publics douteux et autres salaires/contrats indus afin de “détrabelsiser” notre économie.
Ecoutez le témoignage de quelques salariés de Tunisie Telecom lors de la manif au micro de Maliss
Welid Naffati
Laissez votre commentaire sur le forum