Bien que la date des élections risque d’être retardée, le parti démocrate progressiste (PDP) a déjà lancé sa campagne électorale en dévoilant son programme politique pour la constituante. Il est disponible sur ce lien. Dans cet article, nous allons tenter de présenter la partie du programme concernant le secteur des TIC. Nous essayerons d’en faire de même avec les autres partis, au fur et à mesure qu’ils dévoileront leur programme.
D’après le programme du PDP, le parti de Maya Jribi mise sur la recherche et le développement (R&D) grâce aux SICAR, BFPME et autres fonds publics.
Les sociétés privées se verront ainsi octroyer des avantages fiscaux sur les gains dégagés de leur activité commerciale, à conditions d’être réinvestis dans la R&D. Avec mention spéciale des opérateurs télécoms qui sont ainsi appelés à créer encore plus des services à valeur ajoutée. Quant aux entreprises publiques, c’est plutôt l’Etat qui en débloquera le budget nécessaire.
Jusque là, ce que propose le PDP ne diffère guère des actions déjà entreprises par l’ex-ministère des technologies de la communication avant le 14 janvier, notamment sur la question des budgets R&D des opérateurs télécoms. Ces derniers étaient déjà obligés par le régime de Zaba à allouer 0,5% de leur budget annuel pour cette tâche.
Mais là où on notera une différence, c’est la proposition d’une concertation nationale entre les différentes écoles et universités avec les chefs d’entreprises. Le but ? La mise à jour, périodique et ponctuelle, du programme d’étude enseigné dans nos facultés.
L’outsourcing fait partie intégrante du programme du PDP. Le parti de Maya Jribi demande ainsi à ce que les organismes publics et privés aient recours à l’externalisation et ce par «la mise en œuvres des outils des mécanismes d’incitations, d’encouragement et de subventions».
«Ce système de subvention est à éviter car il y a risque de dérives financières», averti un membre du consortium Get’IT, société regroupant des entrepreneurs tunisiens spécialisée dans l’outsourcing. «Imaginons qu’une boite de développement Web va créer et gérer un site Internet pour le compte d’une société privée. Imaginons aussi que le montant de la subvention s’élève jusqu’à 5 milles dinars. La société privée pourra convenir avec la boite de développement à ce qu’elle lui gonfle la facture. La concurrence sera malsaine».
«Par contre, faire un dégrèvement fiscal à chaque fois que l’entreprise fait externaliser un service, ça, ça sera très bénéfique», tempère-t-il.
Dernier point du programme électoral du PDP se rattachant au TIC : «Ciblage des opérateurs mondiaux, en vue d’implanter des centres de services et des centres de recherches et développement en Tunisie». Bien qu’elle soit bonne dans le fond, cette idée ne fera qu’augmenter notre dépendance technologique aux pays développés. En effet, miser plus sur les centres de services offshores, comme les hotlines des SAV, n’aura pas le même poids qu’un centre R&D duquel éclora, grâce à des compétences tunisienne, les innovations technologiques. Grâce à ces centres de recherche et de développement, la Tunisie passera du statut de simple consommateur à des vrais producteurs technologiques.
Au final, on regrettera l’absence de “programme clair” à propos de l’épine dorsale de tout pays développé : l’Internet. On aurait aimé à ce que le PDP se déclare favorable à l’inscription de l’accès à l’haut débit comme un droit fondamental dans la constitution comme en Finlande.
On aurait également apprécié que le PDP prenne une position claire sur la Neutralité du Net. D’après son programme, le PDP a misé sur la valeur ajoutée technologique. Or, cette valeur ajoutée a besoin d’Internet et… de beaucoup de débit. On se demandera alors si cette valeur ajoutée a la chance de se développer quand on a des opérateurs réseau qui tentent par tout les moyens à limiter la consommation effrénée de débits.
Quelle est la position du PDP par rapport à l’Open Data, de l’Open source et du respect des droits intellectuels ? Et quid de la censure ?
Welid Naffati
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