Le gouvernement tunisien accorde de l’importance à la cybercriminalité, en témoigne l’intervention du nouveau ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, lors de sa première intervention au sein de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC).
Le gouvernement tunisien accorde de l’importance à la cybercriminalité, en témoigne l’intervention du nouveau ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, lors de sa première intervention au sein de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC).
En effet, le tout nouveau ministre désigné a annoncé la création de l’Agence Technique pour les Télécommunications. Une agence qui sera spécialisée dans la lutte contre les crimes sur Internet. Le projet ne date pas d’hier. Il est le fruit de discussions gouvernementales depuis décembre 2012. Cette agence devrait compléter le travail d’une unité fraîchement créée au sein de la Police Scientifique, qui a pour mission de combattre la criminalité en ligne.
Cette annonce a été assez mal reçue par les internautes, qui ont exprimé leur crainte quant à un retour d’Ammar 404. Une annonce qui a fait remonter des mauvais souvenirs où l’ancien régime traquait ses dissidents via le contrôle distant du matériel de l’Agence Tunisienne d’Internet. Avec la crise de confiance entre les Tunisiens et le gouvernement, ces craintes sont, donc, justifiées.
Mais loin des manigances politiciennes, la création d’une telle agence est plus que normale, voire même à saluer. Elle est tant attendue par tous les professionnels du secteur, en raison de la prolifération des dépassements, des menaces de morts et des vols sur la Toile. Notamment sur Facebook.
D’autant plus qu’aujourd’hui, la justice tunisienne continue à envoyer des réquisitions à l’ATI et l’Agence Nationale de Sécurité Informatique (ANSI) sur des affaires pour lesquelles elles ne sont pas forcément habilitées à y répondre. Cette agence de cyber criminalité pourra, donc, être le vis-à-vis du tribunal pour toutes les affaires relatives à la criminalité sur Internet.
Encore faut-il que cette agence n’agisse que sur ordre du juge d’instruction. Son travail, sa composition et les dossiers qui lui sont délégués doivent être totalement transparents. Une pratique étrangère à un ministère aussi opaque que le ministère de l’Intérieur tunisien. Deuxième danger : la dépendance de l’appareil judiciaire à l’exécutif. Avec la polémique actuelle autour de la création de la haute autorité indépendante de la magistrature et qui renforcerait la main mise d’Ennahdha sur la justice, il y a de fortes probabilités que cette agence devienne un appareil de répression cybernétique, mais sous un couvert légal.
Seif Eddine Akkari