Le câble Hannibal qui relie la Tunisie à l’Italie a été rétabli lundi 9 septembre en fin d’après-midi. Une sensible amélioration de la qualité de navigation a été ressentie par les internautes tunisiens le soir même. Contacté par nos soins, la direction de Tunisie Telecom confirme le rétablissement de la liaison et promet une nouvelle augmentation de la bande passante internationale pour la fin de ce mois de septembre…
Le câble Hannibal qui relie la Tunisie à l’Italie a été rétabli lundi 9 septembre en fin d’après-midi. Une sensible amélioration de la qualité de navigation a été ressentie par les internautes tunisiens le soir même.
Contactée par nos soins, la direction de Tunisie Telecom confirme le rétablissement de la liaison et promet une nouvelle augmentation de la bande passante internationale pour la fin de ce mois de septembre. Rappelons que la bande passante actuelle de la Tunisie est de 82,5 Gb/s dont 15 Gb/s sont retenus quotidiennement en local grâce aux serveurs de caching Youtube que l’Agence Tunisienne d’Internet a mis en place pour retenir le maximum de trafic et décongestionner, ainsi, les liaisons internationales. Toujours d’après la direction de Tunisie Telecom, cette capacité globale sera portée à partir d’octobre prochain à 90 GB/s.
D’ailleurs, d’après les statistiques quotidiennes du TunIXP, le point d’échange national géré par l’ATI, les serveurs ont enregistré hier 9 septembre un pic de trafic la soirée même du rétablissement du câble : 73 Gb/s. Or, depuis la coupure de la liaison le vendredi 30 août dernier en soirée, ce débit avait chuté à 65 Gbs/s environ.
Evolution du trafic durant la journée du 9 septembre 2013 (Source TunIXP)
Mais ce qui choquera dans ses graphes, c’est le grand déséquilibre entre le trafic entrant (ce que nous consommons pour consulter le contenu de sites étrangers comme Facebook, Youtube, etc.) et sortant (le contenu national consulté par les IP étrangères).
Evolution du trafic durant la semaine du 03-09 septembre (Source TunIXP)
Durant le mois d’aout, par exemple, 15 Gb/s seulement ont été consommés en bande passante internationale sortante. La raison ? Un manque grave de contenu numérique local. Les opérateurs et FAI ne proposent pas, en effet, une qualité optimale de SAV, notamment pour les sites de grand trafic.
Résultat : seulement quelques «petits» sites sont hébergés en Tunisie, pendant que les portails tunisiens qui génèrent le plus de trafic passent à l’étranger cherchant un SAV de qualité et un prix abordable. Sans parler de la sortie de devises que cela génère (achat de bande passante internationale plus chère, et paiement des serveurs en euros ou en dollars, etc.).
Cette fuite vers d’autres Data Centers internationaux n’est pas sans risque, surtout à la lumière de ce qui se passe dans le pays. Et pour cause : la Tunisie est en train de s’approcher dangereusement de la faillite après plusieurs mois de mauvaise gestion de la part d’un gouvernement dominé par les islamistes d’Ennahdha (chute vertigineuse des réserves en devises, retard inexpliqué de la 2ème tranche du prêt de la FMI, demande de la Tunisie d’une aide financière urgente –pour ne pas dire don- auprès de l’Union Européenne, incapacité de payer les salaires des fonctionnaires dans deux mois, grand déficit du budget, grand déficit de la balance commerciale, etc.). Et la situation ne va pas s’améliorer de sitôt avec la crise politique que nous vivons actuellement. Pire : si elle se prolonge, le pays plongera dans le chaos.
De ce fait, toutes les entreprises hébergeant leurs sites à l’étranger auront, tôt ou tard, des difficultés à payer leurs serveurs en devise. Sauf moyens subterfuges pour contourner le blocage de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), on ne s’étonnera pas de voir dans les prochains mois plusieurs sites tunisiens mis hors ligne pour cause de non-paiement.
Welid Naffati
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