Dans un précédent article publié sur nos colonnes, les opérateurs télécoms ont démenti l’argument de l’opérateur français Free qui a essayé de faire porter le chapeau de la hausse des prix des appels roaming de ses clients en Tunisie aux opérateurs tunisiens. On a d’ailleurs noté que Free a tout fait pour éviter de parler du terme «roaming» dans sa communication avec ses clients. Le service de communication de Free a, en effet, utilisé l’expression «appels depuis et vers la Tunisie», laissant planer le doute même sur la tarification de la communication depuis une ligne Free en France, vers les réseaux mobiles/fixes tunisiens.
Dans un précédent article publié sur nos colonnes, les opérateurs télécoms ont démenti l’argument de l’opérateur français Free qui a essayé de faire porter le chapeau de la hausse des prix des appels roaming de ses clients en Tunisie aux opérateurs tunisiens. On a d’ailleurs noté que Free a tout fait pour éviter de parler du terme «roaming» dans sa communication avec ses clients. Le service de communication de Free a, en effet, utilisé l’expression «appels depuis et vers la Tunisie», laissant planer le doute même sur la tarification de la communication depuis une ligne Free en France, vers les réseaux mobiles/fixes tunisiens.
C’est après vérification auprès l’opérateur Free lui même que nous avons eu la confirmation que cette hausse ne touche que le roaming et non les appels internationaux. Paradoxalement, les autres opérateurs n’ont annoncé aucun changement de tarification pour 2015 comme l’a fait Free.
Après la publication de notre article, le département presse de Free a essayé de joindre, sans succès, la rédaction de THD.tn par téléphone au lieu de prendre contact avec nous par mail. Mais juste avant les fêtes de fin d’année, un article paru sur Zdnet.fr contredit les opérateurs tunisiens. Sans mentionner sa source, l’auteur de l’article affirme : «Selon nos informations, ce sont bien les opérateurs tunisiens qui sont responsables de cette hausse généralisée. Tunisie Telecom, Ooredoo et Orange Tunisie n’ont pas augmenté leurs tarifs de gros mais ont dénoncé en bloc leurs contrats “IOT Discount” qui permettent d’appliquer des remises substantielles sur les tarifs standards, via des négociations de gré à gré entre tel opérateur tunisien et tel acteur français.
Sans ces remises IOT, Free Mobile est donc obligé d’appliquer les tarifs standards qui sont trois à neuf fois plus élevés que les prix discount. Ce sont ces tarifs standards qui remplacent les précédents».
Pourtant, les autres opérateurs, notamment Orange France (qui a sa propre filiale en Tunisie), n’ont pas annoncé ou révisé leur tarifs roaming en Tunisie. Pourquoi est-ce Free seulement qui est sorti de son silence pour dénoncer cette «suppression de cette remise» ?
Toujours d’après l’auteur de l’article, «Une source proche du dossier évoque ainsi une entente voire une injonction venant de l’Etat tunisien. La raison en est simple : avec des revenus touristiques en chute libre, les revenus liés au roaming ont fondu comme neige au soleil. La Tunisie cherche de nouvelles sources de revenus et compte sur ces augmentations pour compenser ses pertes».
Le gouvernement tunisien a-t-il vraiment demandé aux opérateurs tunisiens de supprimer les rabais dans le but de limiter les pertes des entrées en devise ? Nous avons contacté le cabinet du Taoufik Jelassi, ministère des TIC, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, pour nous confirmer les propos de notre confrère français. Et voilà sa réponse :
Suite à la publication de l’article sur Zdnet.fr, le ministère des Technologies de l’Information et de la Communication, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, infirme catégorique les informations concernant ‘une entente voire une injonction venant de l’Etat tunisien’ au sujet du changement des tarifs du roaming appliqués aux opérateurs français en Tunisie
L’Etat tunisien est, en effet, appelé à respecter les termes des licences accordés aux trois opérateurs Tunisie Telecom, Ooredoo (ex-Tunisiana) et Orange Tunisie. En aucun cas, l’Etat tunisien ne peut intervenir sur ce type de contrats ou encore moins sur le processus de négociations entre les opérateurs tunisiens et leurs homologues étrangers sur les appels/connexions Data en roaming. Et ces licences stipulent clairement la non intervention de l’Etat, même via l’organe de régulation, sur ce type de négociations qui se font de grès à grès entre les opérateurs.
L’article stipule également que les ‘revenus touristiques (sont) en chute libre’. Nous avons contacté le ministère du Tourisme tunisien pour vérifier si vraiment les revenus touristiques sont en chute libre. «Jusqu’au 20 décembre 2014, et par rapport à la même période en 2013, les entrées touristiques en Tunisie ont affiché une baisse 2,8%. Ce qui est plus qu’honorable pour une période très trouble par laquelle est passée la Tunisie courant 2014».
En d’autres termes, les entrées touristiques en 2014 n’étaient pas en chute libre comme le prétend l’article. L’Office National du Tourisme (ONT), affirme même que contrairement aux entrées touristiques, les recettes touristiques, ont carrément augmenté par rapport à 2013. En clair : les caisses de l’Etat ont gagné plus d’argent du secteur touristique qu’en 2013.
Alors pourquoi Free est le seul opérateur français à contester ouvertement cette supposée hausse des prix de roaming en Tunisie ?
La réponse est dans le contrat spécifique de roaming qui lie Free à… ooredoo, anciennement appelé Tunisiana. Devant le silence religieux de ooredoo Tunisie et devant le refus de ses différents services de nous répondre, la rédaction de THD a dû passer par le ministère de tutelle et le régulateur pour mieux comprendre les vrais raisons qui se cachent derrière l’acharnement de Free sur ce sujet du roaming.
D’après des sources concordantes et en signant son contrat de roaming avec Ooredoo (ex-Tunisiana), Free a obtenu une remise exceptionnelle de bienvenue sur les tarifs de roaming. Et «dans ce même contrat, il a été clairement stipulé que cette remise prend fin le 31 décembre 2014», nous affirment nos sources.
En termes plus clairs, et en se basant sur les éléments de réponse que nous avons entre les mains, l’opérateur français Free tente de faire une opération de forcing via ses clients et puis les médias en France pour intimider Ooredoo Tunisie pour qu’il prolonge cette remise en 2015. Et force est de constater que Free tente aussi de faire embarquer ses concurrents en France dans cette guéguerre pour forcer les opérateurs tunisiens à accorder des remises à leurs homologues français.
Comme quoi, le troublion des opérateurs télécoms en France, Free, est prêt à tout pour sauver ses gains, quitte à lancer des accusations qui touchent à l’image de tout un pays.
Welid Naffati
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