Dans ce 125e épisode de DigiClub powered by Topnet, Kerim Bouzouita, docteur en anthropologie, nous livre les secrets pour gagner facilement des élections grâce à Facebook. Sa nouvelle étude analyse l’impact de la publicité politique en ligne sur les électeurs.
Pour parler de cette étude, Kerim Bouzouita a évoqué un cas pratique : celle de deux agences (Archimed et U-Reputation) suspectées d’ingérence dans les élections tunisiennes de 2019.
La première a créé plusieurs pages (Facebook, Instagram…) sur des sujets généraux pour attirer les abonnés en ciblant différentes tranches d’âges d’internautes. Par la suite, ces dizaines, voire centaines de pages ont publié des articles sur des sujets politiques variés et créé un environnement spécifique et émotionnel pour orienter les électeurs. « Il suffit de peu de manipulation sur le peu de citoyens qui votent et en obtient la majorité », a indiqué le spécialiste.
« De son coté, la deuxième agence U-Reputation qui a créé également des pages sur des réseaux sociaux, s’en est prise cette fois aux adversaires d’un candidat en particulier pour convaincre les internautes de ne pas aller voter. On peut également orienter d’avantage la conscience des gens en ayant recours également aux sites d’informations et même de faux sites et portails de Factcheking . C’est ce qui passé aux Etats-Unis où on a utilisé tous les moyens pour influencer les électeurs à travers des agences de communication proposant des services de e-trolling, de e-reputation etc. », a ajouté Bouzouita.
Selon-lui, même Facebook a sa part de responsabilité dans ces campagnes de propagande et de manipulation généralisées. La publicité étant monétisée en centaines de millions de dollars. « Facebook propose son algorithme à ces sociétés, à travers la publicité sponsorisée qui détourne la publicité politique, notamment en Tunisie ou en Angleterre comme la campagne menée par une famille américaine pour influencer les britanniques et pousser vers le fameux Brexit etc. »
Notre invité est, par ailleurs, revenu sur le scandale de Cambridge Analytica, société de publication stratégique combinant des outils d’exploration et d’analyse de données à une stratégie qui fonctionne selon des modèles psychologiques développés à partir de données issues du Big-Data.
« Le problème est que l’ensemble de ces données concernant la vie privée des Tunisiens sont stockées sur des serveurs d’autres pays et utilisées à plusieurs fins. Les gens partagent, likent ou commentent des publications, sans se rendre compte que des algorithmes analysent en temps réel leur comportement et les étudient sous tous les angles et ce, en l’absence de réaction du gouvernement. » a déploré Kerim Bouzouita.
L’interview au complet est disponible sur SoundCloud.
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Yosra Nouar