La rédaction de THD a reçu une lettre ouverte d’une personne qui se dit «révoltée par la mauvaise foi du syndicat des PTT». Nous publions ci-dessous le contenu de sa lettre.
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A voir la globalité des revendications du syndicat des PTT, tout se rapporte directement ou indirectement à la relation de l’opérateur historique avec son partenaire émirati. A croire que les syndicalistes n’ont toujours pas accepté les fiançailles. Pire : ils refusent même de se projeter dans un futur mariage de Tunisie Telecom avec l’investisseur.
Dans la lignée de la révolution et avec l’art d’être plus royaliste que le roi, (appelé plus communément sous le nom d’ «al roukoubala el thawra»), le syndicat «patriote», trouve que le partenaire s’immisce trop dans la gestion de l’entreprise. L’absurdité atteint son point culminant quand ce même syndicat accuse la gestion de EIT dans TT «d’atteinte à la souveraineté de l’Etat» (sic !).
Il faudrait rappeler qu’en vertu de l’accord conclu avec l’Etat tunisien, le partenaire émirati EIT avait obtenu le droit : à la gestion des affaires commerciales et marketing, au contrôle de gestion, à la supervision des affaires financières ainsi qu’à la gestion d’une partie de la direction générale (via le poste de DGA).
Ce sont là des acquis chèrement payés par EIT dans l’acte d’achat. Ces acquis non remboursables, ont été bénéfiques pour l’opérateur, ses salariés, ses clients et même la Tunisie entière. Il suffit de voir l’amélioration des services de l’entreprise. Faut-il rappeler que l’opérateur historique constitue l’épine dorsale des télécommunications dans notre pays ?
Mais il faut préciser un détail. Cette ouverture du capital n’est en rien un désengagement de l’Etat tunisien de Tunisie Telecom. Via le poste de président du conseil (et également PDG de la société), l’Etat garde en effet un pouvoir décisionnel sur l’ensemble de l’activité de l’entreprise, y compris pour éviter la corruption dans les marchés de gré à gré dénoncés par le syndicat.
«Floussna, flouss el châab » (notre argent, l’argent du peuple). Scandait le syndicat en parlant des salaires «mirobolants» versés aux directeurs de TT. Faut-il rappeler que la plupart de ces contractuels sont avant tout DES TUNISIENS ? Pour ceux-là, personne du syndicat ‘’patriote’’ n’a pensé à leur argent. Un syndicat ‘’patriote’’ dont la définition du pauvre peuple se limiterait vraisemblablement aux clous rouillés de Tunisie Telecom. C’est à dire ces titulaires payés souvent dans les 1000 dinars par mois. Bref, un bon «mesmar fi hit» (clou dans un mur, maxime populaire pour dire source de revenus stable et garantie).
Mais ces cadres sont-ils réellement trop payés ? Si on compare le poids de leur masse salariale par rapport aux 3,05 milliards de dinars versés par EIT pour l’acquisition des 35% de l’entreprise, la somme serait certainement dérisoire. D’autant plus qu’EIT peine encore à avoir un ROI (retour sur investissement) respectable suite à cet investissement.
Il faut savoir que ces recrutements sont là pour aider à atteindre des objectifs financiers. Et ce ne sont pas forcément des objectifs qui cachent des malversions du clan mafieux de Ben Ali.
Cette privatisation partielle a été une aubaine pour la Tunisie. La vente de ces 35% a en effet permis à l’Etat tunisien de rembourser une partie de ses dettes extérieures. Quant à Tunisie Telecom, l’opérateur a pu bénéficier d’une modernisation de ses protocoles de travail via des investissements matériels importants.
Et contrairement à ce que le syndicat laisse entendre, les salariés n’ont pas été lésés par cette privatisation partielle. Ils ont en effet gardé un statut étatique et donc une garantie contre un éventuel plan social visant à les licencier afin de réduire la masse salariale.
Mais celui qui a réellement tiré profit de cette privatisation est le client. L’agressivité commerciale de TT a en effet haussé le niveau des services de l’entreprise, au bénéfice du citoyen tunisien.
Contrairement à ce qu’avance le syndicat qui accuse les Emiratis d’être la cause de la perte de parts de marché de Tunisie Telecom, EIT n’a qu’un seul but : celui d’avoir un retour sur investissement tout en prenant en considération le volet social de TT. Bref, avoir la plus grande part de clients pour gonfler les caisses de la société et augmenter donc ses dividendes.
Et pire, les revendications du syndicat et de ses supporters cachent parfois un jeu pervers. En effet, beaucoup d’entre eux cherchent, soit à prendre la place du directeur qu’on cherche à dégager, soit à faire pression sur la direction pour qu’on recrute un proche. Sans parler de ceux qui tirent profit de cette situation de ‘’bateau sans capitaine’’ pour se rouler les pouces dans les bureaux ou s’absenter pour s’occuper des affaires lucratives qu’ils gèrent en parallèle.
Pour résumer : pendant que Tunisie Telecom tente de se débarrasser des démons de son passé, force est de constater que la majorité des salariés de TT ont encore la nostalgie de l’époque PTT et sa politique de «arja’a ghodwa» (reviens demain).
Signé : “Une personne qui connait trop bien les dessous cachés de TT”
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