Le bullying et le harcèlement ont pris une plus grande ampleur de par l’utilisation massive des réseaux sociaux. S’en protéger demeure une tâche difficile surtout que les victimes ont tendance à cacher leur malheur.
Le dernier scandale, en date, a éclaté mercredi 8 juillet 2020. La toile tunisienne a partagé des captures d’écrans de messages sexuels explicites qui auraient été envoyés via la messagerie privée de Facebook a de nombreuses jeunes filles, en majorité mineures, par « l’influenceur », Seif Eddine Ben Ammar connu sous le pseudonyme Hor Cujet.
Des activistes de la société civile ont dénoncé le créateur de contenu l’accusant de harcèlement, viol et homophobie. Les soupçons qui pèsent contre le jeune homme ne sont pas encore confirmés mais les réactions dénonciatrices sont déjà là.
Le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif), ayant collaboré avec le créateur de contenu, a été le premier à réagir en retirant les vidéos réalisées avec Seif Eddine Ben Ammar dans le cadre des activités de sensibilisation du Credif.
Les présumées victimes se sont, elles, contentées de dénoncer le jeune homme sur des groupes Facebook spécialisés tels que #EnaZeda et de lancer une pétition en ligne dans une tentative de bloquer ses plateformes. Porter plainte, on en est encore loin en Tunisie. Le harcèlement est une affaire qui reste très difficile à prouver juridiquement et les victimes ont souvent peur que la situation ne se retourne contre elles.
Il existe pourtant en Tunisie un organisme spécialisé dans la défense des victimes de harcèlement : Access Now. L’ONG a lancé depuis 2013 une help line dédiée pour dénoncer les campagnes de harcèlement dirigées en particulier contre les activistes de la société civile, les journalistes blogueures et les défenseurs des droits de l’Homme et à entreprendre les procédures nécessaires auprès de Facebook ,notamment, pour le blocage ou la récupération d’un compte en cas de piratage.
Emna Sayadi, Mena advocacy lead chez l’ONG Access Now, a indiqué, dans le 121e épisode de DigiClub powered by Topnet, que Access Now entreprenait, quand elle est sollicitée, des investigations approfondies avant d’intervenir auprès de Facebook pour, entre autres, bloquer le compte impliqué dans des actes de harcèlement ou récupérer des profils bloqués à tort.
Elle a annoncé, également, que l’ONG travaillait avec d’autres associations et organisations sur un projet de sensibilisation qui permettrait, entre autres, à expliquer, via vidéo, les procédures à engager par les victimes.
Elle est, par ailleurs, revenue, dans ce contexte, sur l’affaire connue sous le nom de « L’opération Carthage » et la suspension massive de plusieurs comptes Facebook de journalistes et influenceurs tunisiens, entre autres
L’interview au complet est disponible sur SoundCloud.
Nadya Jennene