La Chine a annoncé l’ouverture d’une enquête sur la cybersécurité de Micron Technology, éminent fabricant américain de puces mémoire ; un épisode de plus dans la guerre technologique opposant la Chine et les États-Unis. Depuis 2018, les deux puissances se livrent une guerre commerciale ; une guerre technologique dont la première phase fut la signature du décret anti-espionnage par l’ancien président américain, Donald Trump.
D’après un communiqué publié le 31 mars 2023 par l’Administration chinoise du cyberespace (CAC), l’organisme de surveillance sera en charge d’examiner les produits vendus par Micron dans le pays ; une mesure visant à « assurer la sécurité des chaînes d’approvisionnement des infrastructures d’information clés, à prévenir les risques de cybersécurité causés par des problèmes cachés au niveau des produits et à maintenir la sécurité nationale », explique la CAC.
Réagissant à cette annonce, Micron a, de son côté, déclaré à la chaîne d’information amérciaine CNN qu’elle avait eu connaissance de cet examen. « Nous sommes en communication avec la CAC et nous coopérons pleinement. Les expéditions de produits, l’ingénierie, la fabrication, les ventes et les autres fonctions de Micron fonctionnent normalement. »
Les actions de Micron ont observé, suite à l’annonce du gouvernement chinois, une chute de 4,4 % à Wall Street ; la plus forte baisse enregistrée par la compagnie américaine depuis plus de trois mois. Une perte importante sachant que le géant américain réalise plus de 10 % de son chiffre d’affaires en Chine.
La même semaine, le Japon, allié des États-Unis, a annoncé des restrictions sur les exportations d’équipements de fabrication de puces avancées vers des pays tels que la Chine ; des dispositions similaires à celles adoptées, précédemment, par les États-Unis et, son allié, les Pays-Bas. En février dernier, la Hollande a mis en place de nouvelles restrictions sur les ventes des semi-conducteurs à l’étranger invoquant la nécessité de protéger la sécurité nationale et en octobre, les États-Unis ont, eux, interdit aux entreprises chinoises d’acquérir des puces avancées et des équipements de fabrication de puces sans licence.
La Chine a, en réponse, vivement critiqué les restrictions imposées aux exportations de produits technologiques, déclarant qu’elle s’opposait fermement à de telles mesures.
Depuis le début du conflit, en 2018, les États-Unis ont déployé plusieurs mesures contre leur adversaire, la Chine, notamment le boycott d’un des leaders du marché des équipements de réseaux, Huawei. De 2019 à 2021, l’entreprise chinoise avait été inscrite sur la « liste noire » du Département du commerce américain et ses pays alliés, membres du « Five Eyes » (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni) ; une action interdisant toute entreprise nationale des pays cités de collaborer avec Huawei, sauf obtention préalable d’une licence. Le boycott avait perduré avec la décision de priver les appareils Huawei des services Google, entreprise américaine ; une distanciation que le Vietnam et l’Inde ont également adopté. Une distanciation commerciale et technologique qui se maintient jusqu’à ce jour.
Plus tôt au mois de mars 2023, le Congrès américain recevait Shou Zi Chew, PDG de ByteDance, maison mère de l’application TikTok, lors d’une session dédiée à l’interdiction du réseau social chinois aux États-Unis ; une problématique qui a été soulevée notamment au Royaume-Uni et en Australie.
Ces restrictions n’ont pas été sans conséquences sur la Chine. Confrontée à des défis économiques de plus en plus importants depuis le début du conflit technologique, Pékin cherche, de son côté, à attirer les investissements étrangers afin de stimuler le marché de l’emploi national ; le nouveau premier ministre Li Qiang promet ainsi de « fournir un environnement et des services de qualité » aux potentiels futurs investisseurs internationaux.
Meriem Choukaïr