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Huawei Tunisia Talent Day : de l’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail TIC

La contribution des technologies de l’information et de la communication dans la croissance économique est indéniable. Cela s’explique, notamment, par la rapidité avec laquelle les technologies évoluent et transforment l’environnement dans lequel nous vivons, contrairement aux projets d’infrastructures par exemple qui nécessitent des années de mise en place.

Cette contribution ne peut, cependant, se faire sans des ressources humaines fiables, efficaces et aux compétences confirmées. L’adoption des nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle nécessite, en effet, des talents qui – avec la bonne formation – peuvent, d’abord comprendre ces innovations et ruptures technologiques pour ensuite les décliner à bon escient, en sortir des opportunités et les décliner en investissements rentables.

C’est sur cette contribution du numérique dans la dynamisation de la machine économique que l’ambassadeur de la Chine, Zhang Jianguo, a axé son intervention lors du Huawei Tunisia Talent Day organisé mardi par l’antenne tunisienne de l’équipementier Huawei Technologies avec la participation du ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, Mohamed Fadhel Kraiem, le directeur général de Huawei Tunisie, Lin Xingshuo, le vice-président en charge des relations publiques pour la région Méditerranée au bureau régional de Huawei Northern Africa, Adnane Ben Halima, de Moez Kamoun, PwC Tunisia Partner, ainsi que des dirigeants des trois opérateurs ; Tunisie Telecom, Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie.

Notant que l’économie numérique est en train de prendre racine sur le continent africain, Zhang Jianguo a évoqué quelques opportunités qui s’offrent grâce à la transformation digitale qui se répand sur le Globe : de la gestion intelligente des gouvernements à la résolution de différents problèmes sociaux.

Il a souligné, dans ce sens, le rôle indispensable des talents dans la mise en œuvre de ces stratégies intelligentes.

Le ministre des Tics, Mohamed Fadhel Kraiem, a, lui, rejoint l’avis du diplomate chinois, assurant que le Talent Day de Huawei embrassait un des axes les plus importants de la stratégie de digitalisation que le ministère avait élaborée pour faire de la Tunisie une « terre du numérique ».

Cet axe concerne, en l’occurrence, le développement des compétences et des jeunes talents pour se « préparer à l’évolution et rupture des technologies ». Fadhel Kraiem a avancé que le ministère des Tics devrait, tout comme les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, se pencher sur une dynamisation de la montée en compétences des jeunes talents tunisiens pour ainsi atteindre les objectifs des programmes mis en œuvre par l’Etat afin de rendre la Tunisie un hub technologique capable d’attirer les porteurs de projets et les plus grands investisseurs.

Le ministre des Tics n’a pas manqué de saluer les efforts de l’équipementier qui continue sur sa lancée pour consolider l’évolution des formations dispensées aux jeunes ingénieurs tunisiens, entre autres. A l’occasion de son Talent Day, Huawei a, en effet, présenté une rétrospective des programmes mis en place avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les universités et écoles d’ingénieurs : le partenariat « ICT Academy » et le programme Seeds for the future, entre autres.

Le premier consiste en une formation dispensée à l’endroit des enseignants qui se chargent ensuite d’inculquer les savoirs acquis à leurs étudiants. Ceux-ci bénéficient ainsi de formations certifiantes qui leur ouvriront les portes des grands recruteurs partenaires de Huawei mais aussi de l’équipementier lui-même en devenant prioritaires dans le processus d’embauche.

Seeds for the future est, lui, un programme complet qui englobe à la fois la formation technique mais aussi le développement des soft skills et ce à travers une immersion dans le monde de l’entreprise qu’est Huawei et ses locaux en Chine. Ce programme international est, notons-le, dédié aux élites des écoles d’ingénieurs de plusieurs pays.

Le Tunisia Talent Day n’a pas, également, été marqué par un évènement majeur : la sortie du livre blanc élaboré en collaboration entre Huawei et le cabinet d’étude et de conseil international, PricewaterhouseCoopers (PwC). Une étude minutieuse et une analyse approfondie des besoins des entreprises actives dans le domaine des Tics en termes de ressources humaines, de la réalité du marché de l’emploi et les qualifications des compétences disponibles.

Il en ressort que le gap est grand entre l’offre et la demande et ce tant quantitativement que qualitativement. Dans ses résultats clés, cette étude note que « le nombre de diplômés en TIC du secteur public a  fortement diminué depuis 2010, passant de plus de 15000 diplômés en 2010 à moins de 5500 en 2019, tandis que les diplômés du secteur privé ont augmenté, passant de 433 diplômés en 2010 à près de 1 500 diplômés en 2019. Ces chiffres reflètent la présence florissante et grandissante des universités privées dans l’écosystème académique en Tunisie ».

« Pour la partie offre, le manque de ressources nécessaires à la formation et de programmes de perfectionnement des enseignants représentent les contraintes les plus restrictives qui affectent l’efficacité du processus de développement des compétences au sein des universités ».

Il a été démontré, également que «  le système d’enseignement supérieur tunisien ne cible pas encore certaines compétences de plus en plus demandées telles que l’IA et les compétences liées à la gestion et l’analyse des données. Un volume horaire important reste alloué à des compétences qui ne sont pas ou plus nécessaires sur le marché du travail » qui lui, a contrario est « est en phase avec les tendances mondiales en termes d’emplois émergents tels que la science des données et l’IoT. Les emplois liés à la conception et au développement de systèmes informatiques ont également été classés parmi les premiers parmi les recruteurs tunisiens en TIC, compte tenu de leur importance pour la transformation numérique ».

Selon la même étude, « bien que le secteur des TIC en Tunisie offre la meilleure grille salariale du marché du travail, les recruteurs rencontrent encore de nombreuses difficultés pour pourvoir les postes vacants liés aux TIC » et sont souvent « confrontés à des défis différents lors du recrutement mais aussi la fidélisation de leurs talents TIC. Le phénomène de fuite des cerveaux revient comme le problème le plus saillant. 16% des recruteurs ont du mal à faire face au turn-over en raison de la fuite des cerveaux. Cette affirmation a été confirmée par les résultats de l’enquête menée auprès des étudiants, où 93% des étudiants TIC interrogés sont intéressés à travailler à l’étranger ».

L’étude au complet ainsi que les recommandation de PwC sont disponibles ici.

Nadya Jennene 

 

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