«Le trafic Internet national (qui ne passe pas par les câbles sous-marins, ndlr) est de 2,3 Gb/s. Soit environ 5% de ce que nous consommons sur la liaison internationale», a affirmé Mongi Marzoug, ministre des Technologies de l’information et de la Communication à l’occasion de l’ouverture des travaux de l’Internet Governance Forum (IGF) national, le mardi 4 septembre à la Technopôle El Ghazala.
«S’il y a un tel déséquilibre entre le trafic entrant et sortant, ce n’est pas à cause de la capacité des liaisons. C’est plutôt à cause de notre aptitude à mettre en place un cadre idoine à l’utilisation d’un Internet libre, équitable, sain et sécurisé. Ceci implique, de facto, notre besoin d’approfondir l’utilisation des principes de la gouvernance d’Internet et de ses ressources».
C’est par ses paroles que le ministre des TIC a défendu devant les invités et les journalistes la raison d’être d’une entité tunisienne qui se penchera sur la gouvernance d’Internet. Son but : élaborer un plan national pour développer l’Internet en proposant, entre autre, au gouvernement des projets de loi dans le but de mieux réguler le secteur.
C’est la raison pour laquelle le ministère a tenu à ce que cet IGF soit représentatif de tous les acteurs du marché de l’Internet, des entreprises, de l’Etat, mais par-dessus tout, de la société civile. Malgré l’annonce faite depuis plusieurs semaines, l’événement a, malheureusement, fait un flop. Trop peu de représentants d’associations, d’universitaires, de juristes ou encore d’activistes des droits de l’Homme ont répondu présents à l’appel. Trop peu ou plutôt… pas du tout !
Une mauvaise surprise à laquelle le ministère ne s’attendait pas. Et pour cause, était stipulée dans le programme l’élection, le jour même, du bureau national de l’IGF via les candidatures déposées directement par les participants à ce séminaire. Or, en absence d’un panel représentatif de la société civile, ce bureau risque d’être déséquilibré avec une prédominance des cadres des ministères et/ou des sociétés commerciales.
Le représentant de Google en Tunisie, Khaled Koubaa, est alors intervenu pour demander à Ridha Gallouz, chargé de mission au ministère des TIC et président de la séance d’ouverture, de reporter à une date ultérieure la nomination de ce bureau. Une demande à laquelle M. Gallouz a répondu favorablement. Mais pour ne pas accuser de retard, le représentant du ministère a décidé, avec la bénédiction des présents, la création d’un bureau constitutif dont le rôle est de préparer un appel à candidature. Il se chargera de le diffuser sur les médias nationaux pour inciter la société civile à faire partie de cet IGF national. Un délai de 4 mois a été accordé à ce bureau provisoire pour accomplir cette tâche.
Nafaâ El Arbi, un des juristes présents au séminaire, est alors intervenu pointant le vide juridique qui entoure cet IGF : «Doit-elle avoir la forme d’une association, d’une société ou d’une instance ? Elle ne peut être une entité fantôme !». Une question qui, d’après le juriste, doit être résolue, si possible, avant même l’élection du bureau constitutif. Ce point a été également défendu bec et ongles par un représentant du ministère de l’Intérieur.
«Et quid du financement ?», s’élève une autre voix parmi les présents. «Cette entité doit être complètement indépendante de l’exécutif et de toute autre partie qui pourra influencer sa neutralité». Un débat s’est alors déclenché dans la salle sur l’entité qui devra héberger et soutenir financièrement l’IGF national.
Les discussions stériles se sont inlassablement prolongées jusqu’au début de l’après midi. Visiblement énervé, M. Guellouz est sorti de son silence pour rappeler aux participants que le bureau constitutif n’a même pas encore été élu et voilà qu’on suscite plus de problèmes que de solutions. «Nous sommes en train de tourner dans un cercle vide», s’écrie-t-il. «On ne peut parler du cadre juridique de l’IGF sans lancer une consultation à ce sujet. Et c’est l’une des tâches du bureau qu’on doit élire maintenant. Avançons s’il vous plaît !».
Faouzi Zaghbib, ancien membre de l’UTICA et actuellement à la tête d’une SS2i, a pris la parole et dans un esprit de consensus a déclaré : «Enclenchons le processus (d’élection, ndlr) et accordons à ce bureau notre confiance pour créer le cadre idoine au travail de l’IGF tunisien».
Les présents ont alors procédé au recueil des noms des bénévoles qui vont former le bureau constitutif. A la fin des travaux, 9 noms ont été retenus : Ridha Galloul, Dhouha Bayarassou, Marouen Hamza, Nabil Jemli, Anouar Jandoubi, Mostapha Ben Jemâa, Amin Achour, Faouzi Zaghbib et Mehdi Frini.
Ce groupe de volontaires se chargera de mettre en place, durant 4 mois maximum, les conditions favorables à la tenue d’une assemblée au cours de laquelle le bureau de l’IGF Tunisien sera constitué. Il assurera durant cette période les travaux de coordination. Quant au travail de secrétariat il sera assuré par le ministère des Technologies de l’information et de la communication. A noter que ces volontaires n’auront pas le droit de se présenter à l’élection du prochain IGF Tunisien.
Welid Naffati