Malgré ses allures de grand bazar de l’informatique et non d’un salon de l’informatique et de la bureautique, la 26ème édition du SIB IT 2012 nous a révélé, quand même, une petite surprise. Winsoft Tunisie, un des exposants du salon, a en effet présenté le premier logiciel de calligraphie arabe traditionnelle. Un produit dont on peut s’enorgueillir puisqu’il a été développé par une équipe de jeunes Tunisiens.
Appelé eMashq, ce logiciel transforme l’écriture classique arabe en l’une des 8 calligraphies arabes traditionnelles. Mieux encore : «Dans chaque typo, on peut choisir la graduation de longueur de chaque lettre, leurs espacement et jonction ainsi que la forme graphique de la dernière lettre qui compose le mot», nous explique Mos’ab Hsis, ingénieur responsable des caractères d’écriture arabe traditionnelle chez Winsoft Tunisie. «Tenez par exemple. Le mot ‘Fatma’ peut s’écrire de 132 façons différentes dans l’une des calligraphies proposées par le logiciel. Cette richesse visuelle peut aider énormément le travail des agences de création graphique».
C’est d’ailleurs ces agences qui sont les plus ciblées par ce logiciel, puisque eMashq peut exporter l’image en format vectoriel (.svg). Un format nécessaire aux infographistes pour pouvoir l’exploiter dans leurs créations.
Mais faut-il avoir ce logiciel sur sa machine pour pouvoir l’utiliser ? «Non, tout se fait en ligne sur le site eMashq.com», nous répond cet ingénieur diplômé de l’ENSI en 2009. Il nous précisera par la suite qu’un moteur spécial pour ce logiciel a été développé par des équipes d’ingénieurs de Winsoft International.
Winsoft est en effet une entreprise basée à Grenoble, en France, et dont le fondateur est Kamal Gaddas. Un Tunisien qui s’est expatrié dans l’Hexagone depuis l’âge de 18 ans. Il a fondé en 2002 une filiale de sa société en Tunisie pour y déléguer quelques travaux de développement pour le compte de son entreprise française. «Mais c’est Winsoft Tunisie qui s’est chargé du développement de l’algorithme de eMashq», nous précise M. Hsis.
«Nous travaillons sur ce projet depuis 2009», déclare pour sa part Sihem Gaddes, l’Executive Manager de Winsoft Tunisie. «Une équipe de 4 développeurs et un designer ont travaillé dur pour le réaliser. Cette équipe chapeautée par Fedi Bel Kacem, a collaboré avec un calligraphe iraquien vivant en Iran : Ali AlBaghdadi qui s’est spécialement installé en Tunisie durant une année pour nous aider à mettre en place les bases du projet. Il continue toujours de collaborer avec nous à distance».
Mais pourquoi un calligraphe iraquien et non un Tunisien ? Tout en insistant sur le respect que porte l’entreprise aux compétences tunisiennes, Mme Gaddes nous a alors expliqué que les calligraphes du Moyen-Orient sont beaucoup plus imprégnés des normes de la calligraphie arabe.
Deux applications gratuites sur iOS, destinées essentiellement à l’iPad, ont été par ailleurs produites par eMashq pour apprendre à écrire grâce au toucher de l’écran, deux des anciennes calligraphies arabes.
Mais quid de eMashq.com ? Le service est-il gratuit aussi ? «L’exportation en .png est gratuite. Mais ce service sera accessible au grand public à partir de janvier 2013», nous répond Mos’ab Hsis. «Pour l’exportation en format vectoriel, il est par contre payant pour les professionnels. Il existe différentes formules d’abonnement : une journée à 10 DT HT, les 3 jours à 25 DT HT, un mois à 99 DT HT et enfin l’année à 699 DT HT. Il y a actuellement une promo spéciale SIB : les deux mois à 99 DT HT».
D’après Mme Gaddas, le fondateur de Winsoft International, Kamal Gaddas, et qui est l’initiateur du projet eMashq, a fait de la réussite de ce logiciel une affaire personnelle. Il aurait même déclaré : «Si un jour je viens en Tunisie et que je vois des panneaux écrits en arabe dans les bonnes normes, là je dirais que j’ai réussi».
La direction de Winsoft espère que son logiciel eMashq deviendra un succès au Moyen Orient et en Tunisie. «Là nous pourrions renforcer l’équipe de développeurs et designers avec de jeunes diplômés tunisiens», affirme l’Exécutive Manager.
Welid Naffati