L'actuTHD

Internet des objets en Tunisie: Entre lobbying et entraves législatives à l’innovation

L’internet des objets en Tunisie : Entre jeux de lobbying et les entraves législatives à l’innovation

Cela ne fait pas plus de deux mois que le ministère des Tic a mis en place un Think Tank pour porter un soin particulier aux startups tunisiennes. Et c’est dans ce cadre que le ministère a choisi de miser sur 5 secteurs, la fintech, l’éducation numérique, le Gaming, l’écosystème et ce qu’on retient le plus c’est le secteur des Internet des Objets. Les discussions autour de ce sujet n’ont pas cessé de faire surface sur la scène technologique nationale ces dernières années.

L’internet des objets en Tunisie : Entre jeux de lobbying et les entraves législatives à l’innovationCela ne fait pas plus de deux mois que le ministère des Tic a mis en place un Think Tank pour porter un soin particulier aux startups tunisiennes. Et c’est dans ce cadre que le ministère a choisi de miser sur 5 secteurs, la fintech, l’éducation numérique, le Gaming, l’écosystème et ce qu’on retient le plus c’est le secteur des Internet des Objets. Les discussions autour de ce sujet n’ont pas cessé de faire surface sur la scène technologique nationale ces dernières années. C’est pourquoi l’instance Nationale des Télécommunications (INT) a choisi d’initier la discussion autour de la régulation de cette nouvelle technologie en organisant mercredi 27 avril à Tunis un workshop dédié à l’IoT avec la participation des partenaires espagnols et italiens de l’instance. «Notre objectif est de lever les points litigieux et être à l’écoute des différentes parties prenantes pour préparer un cadre propice à l’innovation» a insisté, Hichem Besbes, le président de l’instance dans son mot d’ouverture.

Le ministre des TIC Noomene Fehri a été lui aussi insistant sur la stratégie de son équipe ministérielle pour le développement technologique en Tunisie. Dans son allocution d’ouverture, il a démontré comment la réflexion autour de la régulation de l’internet des objets s’inscrit dans les 4 piliers fondateurs de la stratégie de son cabinet. De l’ambition de connecter tous les ménages tunisiens à Internet, à celle de transformer les écoles en écoles numériques, au développement des services numériques de l’administration, les internets des objets (IoT pour Internet of Things) seront toujours au centre des débats pour les intégrer et développer des services autour. Le 4éme pilier de sa stratégie c’est ce qu’il a appelé la constitution numérique, ou plus spécifiquement le code du numérique où l’ambition reste de pousser l’innovation et lui donner le cadre favorable. 

Ainsi, c’est dans cette optique que le workshop a été guidé. Sana Amri de l’INT a présenté l’état des lieux du secteur de l’IoT en Tunisie en faisant allusion aux principaux challenges qui se posent. Aujourd’hui, les opérateurs tunisiens commercialisent des abonnements data en M2M, qui sont utilisés pour les produits de gestion de flotte par exemple. Pour ces abonnements, Ooredoo Tunisie s’accapare de la part de lion avec 62% de parts de marché, suivi par Tunisie Télécom avec 34% et Orange par 4%.

Si cela peut être considéré comme un signe prometteur pour le développement du secteur en Tunisie, les challenges qui doivent être adressés à cet égard ne manquent pas d’après la représentante de l’INT. 

L’internet des objets en Tunisie : Entre jeux de lobbying et les entraves législatives à l’innovation

Les différentes applications de l’IoT varient d’un secteur à l’autre. Il est remarquable que les constructeurs de voitures commercialisent de plus en plus des voitures qu’on peut suivre à distance, de la consommation de carburant, à la possibilité de faire un suivi et un reporting direct auprès du mécanicien en cas de panne. Un des domaines qui évolue rapidement aussi c’est les applications médicales où plutôt celles orientés bien être. Ces dernières vont des bracelets connectés qui suivent la qualité de sommeil aux les glucomètres connectés qui envoient au médecin traitant des rapports de suivi pour lui permettre de veiller sur ces patients au quotidien. Le secteur de l’énergie présente aussi un champ d’application riche en possibilités. Des compteurs intelligents qui permettent au client final de suivre sa consommation, et qui permettent aussi au distributeur d’optimiser ses ressources et ainsi prévoir les pics de consommation et mieux gérer sa production.  

Dans les différents cas cités ci haut, l’architecture global d’un service IoT peut toujours se résumer en trois couches complémentaires. D’abord, il y’a le hardware, c’est l’objet en question, qu’il soit occupé de capteurs ou de caméra, ce dernier doit se connecter à Internet pour transmettre les informations qu’il a collecté. Et c’est à travers une deuxième couche de connectivité que cet objet va retrouver une application logicielle où il y’aura le traitement et l’analyse de donnée. 

C’est à ce niveau que l’objet en question deviendra «intelligent» et accomplira la tâche pour laquelle il a été conçu. Bien évidemment, c’est à ces trois niveaux que les défis règlementaires se présentent. De la protection des données personnelles, à la gestion du spectre, jusqu’aux détails des règlementations des objets électroniques. Le workshop de l’INT a adressé donc ces questions aux partenaires européens du régulateur pour donner leurs retours d’expérience à ce sujet. La réponse des intervenants invités n’a pas manqué de questions ouvertes, ceci pour dire qu’il n y’a pas de grille finale d’actions à entreprendre que la Tunisie peut adopter. La conclusion est simple, nous devons chercher notre propre chemin et adresser nos problèmes au cas par cas. 

Et c’est là où Chiheb Rebai, Deputy CEO de SACEM Smart, trouve aujourd’hui un blocage pour passer à une plus grande échelle avec son projet pilote de déploiement d’un réseau smart grid lancé en partenariat avec la Steg dans la zone industrielle Charguia 2. SACEM Smart est une société tunisienne spécialisée dans l’automatisation de la distribution électronique et la gestion de l’énergie renouvelable. La société dispose de clients en Afrique, en Europe et en Moyen orient. Ce blocage se résume, donc, dans l’interdiction par la loi tunisienne d’utiliser les fréquences 2.4 Ghz et 5 Ghz pour les usages outdoor. En effet, le problème de gestion de spectre pour l’IoT est l’un des plus compliqués, puisque les technologies développées à l’international reposent déjà sur des bandes de fréquences bien spécifiques. Et ainsi le choix d’allocution d’une fréquence ou une autre risque d’être influencée par des jeux de lobbying. Ainsi, si l’objectif est de promouvoir l’innovation tunisienne et lui donner le terrain favorable, pourquoi interdire l’usage d’une fréquence aux dépens d’une autre ? 

Le débat aura une suite le samedi prochain pour creuser plus ces détails techniques, en espérant que les innovateurs tunisiens puissent réussir à trouver en Tunisie un cadre favorable pour se lancer et expérimenter avant de commercialiser à l’international. 

 Marwen Dhemaied

Facebook Comments

Plus Populaires

To Top